Les bureaux de vote turcs ont ouvert une nouvelle fois dimanche 28 mai, dans le cadre du second tour des élections présidentielles. En jeu: la continuité au risque d’une dérive autoritaire avec Recep Tayyip Erdogan, ou le retour à une " démocratie apaisée " avec Kemal Kiliçdaroglu.

La Turquie retourne aux urnes dimanche pour clore ou prolonger l’ère Erdogan qui entamera, en cas de victoire, un nouveau mandat de cinq ans après vingt années de pouvoir.

Recep Tayyip Erdogan, au pouvoir depuis vingt ans, aborde ce second tour inédit de l’élection présidentielle en position de favori, face au social-démocrate Kemal Kiliçdaroglu.

Les bureaux de vote ont ouvert à 08H00 locales (05H00 GMT) avec des files d’attente déjà formées devant leurs portes, ont constaté les journalistes de l’AFP qui ont également noté dans les bureaux où ils se trouvaient une présence importante de scrutateurs, supérieure à celle du premier tour.

Deux visions du pays, de la société et de la gouvernance s’offrent aux 60 millions d’électeurs de Turquie (la diaspora a déjà voté) appelés aux urnes.

Des partisans du candidat de l’opposition Kemal Kiliçdaroglu lors d’un meeting électoral samedi à Istanbul.

Les 49,5% de voix que M. Erdogan, ancien maire d’Istanbul et musulman dévot, a recueillies au premier tour le 14 mai ont témoigné du large soutien que lui accorde, malgré l’inflation, une majorité conservatrice.

Y compris dans les zones dévastées par le séisme du 6 février qui a fait au moins 50.000 morts et trois millions de déplacés.

Face à lui, Kemal Kiliçdaroglu, avec 45% de suffrages au premier tour, fait figure d’outsider: malgré le soutien réitéré du HDP pro-kurde, il est crédité dans les sondages de cinq points de retard sur le chef de l’Etat qui bénéficie déjà d’une majorité au parlement issue des législatives du 14 mai.

Faute d’accès aux grands médias et surtout aux chaînes de télévision officielles, dédiées à la campagne du président, il a bataillé sur Twitter quand ses partisans tentaient de remobiliser les électeurs par du porte-à-porte dans les grandes villes.

En jeu, les 8,3 millions d’inscrits qui ne se sont pas déplacés le 14 mai – malgré un taux de participation de 87%.

La date de ce second tour intervient cependant dix ans jour pour jour après le début des grandes manifestations de " Gezi " qui, d’Istanbul, se sont répandues dans tout le pays. Première vague de contestation anti-Erdogan, elles avaient été sévèrement réprimées.

Le premier tour s’était déroulé de manière " compétitive " mais " limitée " du fait de " l’avantage injustifié " accordé par les médias officiels, avait estimé la mission conjointe de l’OSCE et du Conseil de l’Europe.

A moins d’une surprise, les résultats sont attendus dès dimanche dans la soirée, et seront scrutés par les alliés de la Turquie, en particulier au sein de l’Otan.

Malo Pinatel, avec AFP