Le chef de la diplomatie américaine Antony Blinken a rencontré mercredi à Riyad des ministres des pays du Golfe et leur a assuré le soutien des Etats-Unis, sur fond d’alliances changeantes dans la région depuis le rapprochement de l’Iran et l’Arabie saoudite.

Le secrétaire d’Etat américain Antony Blinken a participé mercredi à une réunion des ministres des Affaires étrangères des pays membres du Conseil de coopération du Golfe (CCG), dont le secrétariat général est à Riyad. Au deuxième jour de sa visite dans le royaume wahhabite, M. Blinken a déclaré que les Etats-Unis restent " pleinement investis dans le partenariat " avec les pays du Golfe. Peu avant, il avait rencontré le chef de la diplomatie saoudienne, Fayçal ben Farhane.

A l’issue de leur discussion, le Département d’Etat américain a indiqué que Washington et Riyad avaient décidé " de continuer leurs efforts ensemble pour lutter contre le terrorisme, soutenir les efforts pour obtenir une paix durable au Yémen et promouvoir la stabilité, la sécurité (…) dans la région. "

Mais aussi de " poursuivre leur solide coopération et de mettre fin aux combats au Soudan ", où l’Arabie saoudite et les Etats-Unis jouent un rôle de premier plan sur les négociations entre les deux généraux en guerre, au point mort après l’échec d’une énième trêve.

M. Blinken a rencontré dans la nuit de mardi à mercredi Mohammed ben Salmane, le prince héritier et dirigeant de facto de l’Arabie saoudite, au palais royal à Jeddah, sur la mer Rouge.

Les responsables américains considèrent qu’ils doivent continuer à nouer des liens forts avec leur allié dont le rôle sur la scène internationale se fait de plus en plus marquant.

Washington cherche aussi à maintenir sa présence dans l’arène diplomatique régionale, notamment en participant au CCG.

Jeudi, toujours à Riyad, M. Blinken coprésidera avec M. Farhane une réunion de la coalition des pays luttant contre le groupe Daech (Etat islamique-EI), créée en 2014 et qui regroupe des dizaines de pays.

L’Iran et Assad

La visite du secrétaire d’Etat américain dans le royaume, près d’un an après celle du président Joe Biden qui avait connu un succès mitigé, intervient à un moment clé dans la région avec un jeu d’alliances changeantes, dont le rapprochement historique entre l’Arabie saoudite et deux ennemis des Etats-Unis, l’Iran et la Syrie.

Hasard du calendrier? L’Iran a rouvert mardi son ambassade en Arabie saoudite, après une rupture de sept ans, à peu près au moment où le chef de la diplomatie américaine foulait le sol saoudien.

Et le président syrien, Bachar al-Assad, se trouvait à Riyad il y a trois semaines environ pour sa réconciliation avec la Ligue arabe.

Si Washington s’est dit opposé à cette réintégration, les responsables américains n’ont pu qu’en prendre acte.

Antony Blinken a assisté à une réunion avec des femmes saoudiennes influentes au centre culturel et artistique Fenaa Alawwal à Riyad.

L’autre grande problématique, c’est l’espoir que caressent les Etats-Unis d’une normalisation des relations entre Israël et l’Arabie saoudite, encore impensable il y a quelques années et qui constituerait un nouveau bouleversement dans la région.

Le secrétaire d’Etat américain a abordé le sujet lors de son entretien avec le prince héritier saoudien. Tous deux ont convenu de " poursuivre le dialogue " à cet égard, a indiqué le responsable américain.

La veille de son départ pour le royaume, M. Blinken avait affirmé, dans un discours devant le lobby pro-Israël AIPAC à Washington, que son pays avait " un vrai intérêt de sécurité nationale à promouvoir une normalisation entre Israël et l’Arabie saoudite ".

Ces dernières années, les Emirats arabes unis, Bahreïn et le Maroc ont normalisé leurs relations avec Israël, rompant avec des décennies de consensus arabe conditionnant l’établissement de relations avec Israël à la résolution de la question palestinienne.

Roger Barake, avec AFP