Le patron de Wagner, Evguéni Prigojine, a assuré lundi dans un message audio, deux jours après sa rébellion avortée, qu’il voulait sauver son organisation, non s’emparer du pouvoir, et que sa tentative a mis en lumière les " graves problèmes de sécurité " en Russie.

Dans son premier message audio publié après l’abandon de sa révolte, Prigojine n’a pas révélé où il se trouvait, alors que l’accord conclu samedi soir avec le Kremlin par l’entremise du président bélarusse Alexandre Loukachenko prévoit qu’il s’exile au Bélarus.

" Le but de la marche était de ne pas permettre la destruction du groupe Wagner et tenir pour responsable ceux qui par leurs actions non professionnelles ont commis un nombre considérable d’erreur au cours de l’opération militaire spéciale " en Ukraine, a-t-il déclaré dans ce message de 11 minutes.

Selon lui, la marche de ses hommes vers Moscou a " mis en lumière de graves problèmes de sécurité dans le pays ", ceux-ci ayant pu s’emparer sans grande résistance du QG de l’armée à Rostov-sur-le-Don et de plusieurs autres sites militaires, couvrant 780 kilomètres avant de s’arrêter " à peine à plus de 200 km de Moscou ".

Si le patron de Wagner n’est pas allé plus loin, c’est qu’il ne voulait pas " verser de sang russe " ni " renverser le pouvoir ". Il a aussi assuré avoir eu le soutien des civils rencontrés lors de son épopée.

Il a répété que Wagner avait abattu des appareils de l’armée de l’air russe, ce que Moscou n’a pas confirmé. Des blogueurs militaires ont évoqué six hélicoptères et un avion de transport détruits.

Prigojine accuse depuis des mois le ministre de la Défense Sergueï Choïgou et le chef d’état-major Valeri Guérasimov d’être incompétents et d’avoir envoyé au sacrifice des dizaines de milliers de soldats.

Selon lui, le ministère de la Défense a essayé de démanteler Wagner en l’absorbant, puis a bombardé l’un de ses camps, faisant trente morts. Une accusation qu’avait démentie l’armée russe.

Le groupe Wagner a par ailleurs assuré que son siège à Saint-Pétersbourg fonctionnait " normalement ", tandis que le ministre des Affaires étrangères Sergueï Lavrov relevait que les paramilitaires allaient continuer leurs opérations au Mali et en Centrafrique.

L’organisation a aussi repris son recrutement dans certaines régions de Russie, selon l’agence TASS.

Prigojine, un homme d’affaires qui fut un allié de Poutine chargé de remplir nombre des basses oeuvres de Moscou, a mis fin à sa rébellion samedi soir, en échange d’une immunité promise par le Kremlin pour lui et ses hommes.

Mais lundi, les agences de presse russes ont toutes annoncé que l’enquête criminelle le visant pour " appel à la mutinerie armée " était toujours en cours.

Si le coup de force a pris fin aussi soudainement qu’il a débuté, cette crise représente le plus grand défi auquel Vladimir Poutine a été confronté depuis son arrivée au pouvoir fin 1999.

Roger Barake, avec AFP