Le réchauffement des relations irano-saoudiennes n’est pas sans conséquence sur le déroulement du Hajj, le grand pèlerinage musulman à la Mecque. Tandis que celui-ci bat son plein, le reflux des tensions trouve un écho dans une fraternité retrouvée.

A La Mecque, dans l’ouest de l’Arabie saoudite, les Iraniens venus accomplir le grand pèlerinage annuel musulman affichent fièrement leur appartenance, affirmant être très bien accueillis depuis la réconciliation entre Ryad et Téhéran.

L’Arabie saoudite sunnite et l’Iran chiite ont rétabli leurs liens diplomatiques en mars dernier, après sept ans de rupture, dans le cadre d’un accord conclu en Chine. Le rapprochement a été scellé par la réouverture il y a trois semaines de l’ambassade iranienne dans le royaume.

La monarchie du Golfe avait rompu ses relations avec la République islamique en 2016, après l’attaque de missions diplomatiques saoudiennes par des manifestants iraniens, qui protestaient contre l’exécution par Ryad d’un influent religieux chiite.

Cette année-là, les Iraniens n’avaient pas pu entreprendre le grand pèlerinage annuel, le hajj, faute d’un accord entre les deux pays.

(Photo AFP)

Les portes de la Mecque leur ont été ouvertes l’année suivante pour le hajj, mais pas pour la omra, le petit pèlerinage qui peut être réalisé tout au long de l’année. Des responsables des deux pays ont affirmé récemment que des discussions étaient en cours pour la omra.

Les deux puissances du Moyen-Orient se sont souvent opposées par le passé au sujet du pèlerinage, Téhéran accusant Ryad de " maltraiter les pèlerins iraniens " tandis que l’Arabie lui reprochait de " politiser le hajj ".

Les tensions ont atteint leur paroxysme après une gigantesque bousculade en 2015 à Mina, près de La Mecque, qui a fait 2.300 morts parmi lesquels 464 Iraniens, la pire tragédie de l’histoire du hajj.

En 1987, une manifestation interdite de pèlerins iraniens à La Mecque avait été violemment réprimée par les forces de l’ordre saoudiennes: 402 personnes avaient été tuées, parmi lesquelles 275 Iraniens.

Selon les médias iraniens, plus de 86.000 pèlerins de la République islamique incluant 300 octogénaires participent cette année au hajj, le premier sans limitation de nombre ou d’âge depuis la pandémie du Covid-19.

Malo Pinatel, avec AFP