Deux policiers ont été tués samedi dans une attaque contre un poste de police dans la province du Sistan-Baloutchistan, dans le sud-est de l’Iran, revendiquée par un groupe jihadiste. Cette région, l’une des plus pauvres d’Iran, est régulièrement secouée par des violences en lien avec des trafiquants de drogue et des groupes rebelles opposés à la République Islamique.

Deux policiers iraniens ont été tués dans une attaque contre un poste de police de Zahedan, la capitale de la province du Sistan-Baloutchistan, a indiqué la télévision d’Etat, citant le chef adjoint des services de sécurité de la province, Alireza Marhamati.

Les assaillants, dont l’identité n’a pas été révélée, ont utilisé des grenades pour faire sauter les portes du poste et un échange de tirs s’en est suivi, a déclaré M. Marhamati.

L’agence locale Tasnim, citant le chef de la police provinciale, a ensuite donné un bilan de deux policiers tués " après une résistance acharnée " contre les assaillants.

Les " quatre terroristes " impliqués dans l’attaque ont été abattus dans les affrontements, selon un communiqué des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique, publié par l’agence de presse Irna.

Le groupe jihadiste Jaïsh al-Adl (" Armée de la Justice " en arabe) a revendiqué l’attaque dans un court communiqué diffusé sur son site.

Le groupe a accusé le commissariat ciblé d’être " l’un des principaux responsables de la tragédie du vendredi sanglant ", en allusion à des violences survenues en septembre.

La ville de Zahedan avait à l’époque été le théâtre de plusieurs jours de violences meurtrières déclenchées après le viol présumé d’une adolescente imputé à un policier.

Plusieurs membres des forces de sécurité, dont le chef provincial des Renseignements des Gardiens de la Révolution, figuraient parmi les dizaines de personnes tuées dans ces violences.

Jaïsh al-Adl a été formé en 2012 par d’anciens membres d’une organisation sunnite radicale qui avait mené une rébellion sanglante dans la région jusqu’en 2010.

Le groupe est notamment connu pour avoir revendiqué l’enlèvement de 12 policiers et soldats iraniens dans la même province en octobre 2018.

Une province marginalisée et instable

Le Sistan-Baloutchistan, l’une des plus pauvres régions d’Iran, abrite majoritairement la minorité ethnique baloutche, qui adhère à l’islam sunnite plutôt qu’à la branche chiite prédominante en Iran.

La région, située près de la frontière avec le Pakistan et l’Afghanistan, est également le théâtre d’affrontements récurrents entre d’un côté les forces de l’ordre, et de l’autre des trafiquants de drogue, rebelles de la minorité baloutche et groupes sunnites radicaux.

En mai, cinq gardes-frontières iraniens avaient été tués par un groupe armé à Saravan, près de la frontière avec le Pakistan, dans l’un des plus meurtriers affrontements dans cette province ces derniers mois.

En décembre 2022, quatre membres des Gardiens de la Révolution avaient été tués dans la région.

Malo Pinatel, avec AFP