Une plainte déposée en Suisse lundi appelle les autorités à arrêter le président iranien, Ebrahim Raissi, lors de son déplacement prévu cette semaine à Genève et à l’inculper pour crimes contre l’humanité pour les exécutions d’opposants en 1988.

Le président iranien, Ebrahim Raissi, doit participer au Forum mondial des Nations unies sur les réfugiés, qui se tient du 13 au 15 décembre.

La plainte, dont l’AFP a pu voir une copie et qui est datée de lundi, appelle le procureur général de la confédération Andreas Muller à procéder à son arrestation et son inculpation " pour sa participation à des actes de génocide, torture, exécutions extrajudiciaires et autres crimes contre l’humanité ".

Elle a été déposée par trois anciens prisonniers iraniens.

Les groupes de défense des droits de l’Homme font depuis longtemps campagne pour que justice soit faite concernant ces milliers d’exécutions extrajudiciaires dans les prisons iraniennes au cours de l’été 1988, juste après la guerre contre l’Irak.

Les victimes étaient principalement des partisans du mouvement des Moudjahidines du peuple (MEK), interdit en Iran, qui avait soutenu Bagdad pendant le conflit.

Les plaignants assurent qu’ils peuvent personnellement identifier le président iranien comme ayant fait partie de la " commission de la mort ", qui a ordonné les exécutions.

Le plaignant principal, Reza Shemirani, a été arrêté en 1981 et est l’un des quelque 150 prisonniers sur 5.000 détenus dans sa prison à avoir survécu à la purge, selon la plainte. Il y est resté jusqu’en 1991, subissant des actes de torture quotidiens.

Des opposants iraniens en exil ont déjà déposé des plaintes similaires, au Royaume-Uni et à New York.

Parallèlement à cette plainte en justice, une campagne internationale a été lancée pour protester contre la présence du président iranien au Forum sur les réfugiés et exiger qu’il soit poursuivi en justice.

" Sa présence au forum est en contradiction avec les valeurs fondamentales que défendent les Nations unies ", dénonce une pétition qui a recueilli plus de 200 signatures de personnalités telles que des lauréats du prix Nobel, des juges, d’anciens ministres, des parlementaires, des universitaires et des experts des droits de l’homme de l’ONU.

Marie de La Roche Saint-André, avec AFP