Les groupes armés pro-Iran en Syrie ont attaqué samedi 30 décembre deux bases américaines dans l’est du pays, en réponse à de " probables frappes israéliennes " menées plus tôt dans la journée. Washington a immédiatement répliqué.

Des groupes armés affiliés à l’Iran ont pris pour cible deux bases américaines dans la province syrienne de Deir ez-Zor dans la soirée de samedi, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH). Près de quarante roquettes auraient été tirées contre ces dernières, a indiqué l’ONG.

L’armée américaine a immédiatement riposté en lançant des frappes aériennes contre les sites occupés par ces groupes.

Cette escalade des tensions fait suite à la mort de dix-neuf combattants affiliés à l’Iran plus tôt dans la journée, ainsi qu’une vingtaine blessés dans des frappes aériennes " probablement israéliennes " contre des sites dans l’est de la Syrie, selon les informations rapportées par l’OSDH.

" Dix-neuf combattants affiliés à l’Iran, dont quatre Syriens et six Irakiens ont été tués dans au moins neuf frappes aériennes ayant visé des positions militaires à Boukamal et ses environs ", dans la province de Deir Ezzor, frontalière de l’Irak, a annoncé l’ONG.

Les frappes sont " probablement israéliennes ", a déclaré à l’AFP le directeur de l’organisation Rami Abdel Rahmane, qui avait dit dans un premier temps qu’elles pourraient avoir été menées par le Pentagone.

Interrogé sur une éventuelle frappe américaine dans l’est de la Syrie, un responsable militaire américain, qui a requis l’anonymat, a déclaré à l’AFP que " les Etats-Unis n’ont mené aucune frappe défensive durant la nuit " de vendredi à samedi.

Multiplication des attaques

Ces propos interviennent sur fond de multiplication des attaques de groupes pro-Iran visant l’armée américaine en Syrie et en Irak depuis le début de la guerre à Gaza le 7 octobre.

Une cargaison d’armes en provenance d’Irak et un entrepôt de munitions ont également été ciblés et d’importantes explosions ont retenti, a ajouté l’OSDH, basé au Royaume-Uni mais disposant d’un vaste réseau de sources dans le pays en guerre.

Par ailleurs, des " bombardements terrestres israéliens " au cours de la nuit ont tué deux combattants d’un groupe affilié au Hezbollah, soutenu par Téhéran, dans la province de Qouneitra (sud), a indiqué l’OSDH.

Les deux hommes, " d’origine palestinienne ", étaient " membres d’un groupe affilié à la Résistance syrienne pour la libération du Golan (annexé par Israël, ndlr), qui travaille avec le Hezbollah ", a ajouté l’OSDH.

L’Observatoire a également annoncé dans l’après-midi que des entrepôts et des quartiers généraux de milices iraniennes dans la zone de l’aéroport d’Alep ont été visés par des frappes en provenance de la mer, faisant au moins 7 morts. La plupart des personnes tuées seraient des membres du Hezbollah, a-t-il précisé.

L’armée israélienne avait annoncé samedi matin mener des frappes en Syrie après que deux roquettes tirées depuis le pays soient tombées sur un territoire sous son contrôle.

Combattants du Hezbollah tués

L’Iran soutient des groupes armés en Syrie, sur fond de guerre entre Israël et le Hamas à Gaza, mouvement islamiste palestinien soutenu par l' "axe de la résistance " à Israël, dont fait notamment partie Téhéran.

De son côté, le Hezbollah a annoncé samedi que quatre de ses combattants ont été tués " sur la route de Jérusalem ", terme employé par la formation pour désigner ses membres tombés depuis le 7 octobre.

Le parti, qui échange quotidiennement des tirs avec Israël à la frontière israélo-libanaise, n’a pas donné plus de détails.

Le Hezbollah dit agir en soutien à son allié du Hamas à Gaza.

Mi-novembre, huit combattants affiliés à l’Iran avaient été tués dans des frappes américaines qui ont visé deux sites dans la même province, selon l’OSDH.

Lundi, le général de brigade Razi Moussavi, un important commandant de la Force Qods, branche des opérations étrangères et unité d’élite des Gardiens de la Révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, a été tué dans un tir de missile, au sud de Damas.

Téhéran a accusé Israël, qui n’a pas démenti.

L’armée israélienne, qui a intensifié ses frappes en Syrie depuis le 7 octobre, les revendique rarement.

Mais elle a déclaré à plusieurs reprises qu’elle ne permettrait pas à son ennemi juré, l’Iran, d’étendre sa présence dans ce pays, notamment via des milices ou des groupes armés comme le Hezbollah.

Malo Pinatel, with AFP