La Première ministre française, Elisabeth Borne, a démissionné lundi, après des semaines de suspense, alors que le président Emmanuel Macron tente de donner un nouveau souffle à son second quinquennat marqué par plusieurs réformes impopulaires. Mme Borne, 62 ans, seconde femme à occuper ce poste dans l’histoire de France, a remis la démission du gouvernement au président Macron qui l’a acceptée, a annoncé l’Élysée. Le chef de l’État l’a remerciée sur X pour son travail "exemplaire" au "service de la Nation". L’Élysée n’a pas révélé immédiatement le nom de son successeur. Toutefois, Gabriel Attal, 34 ans, actuel ministre de l’Éducation, est appelé à devenir le prochain Premier ministre, selon des sources proches de l’exécutif.À trois ans de la fin de son second mandat, M. Macron se trouve, lui, dans une situation délicate face à la percée continue de l’extrême droite dans le pays et en l’absence de majorité absolue à l’Assemblée nationale.

Mme Borne, en vingt mois à Matignon, a réussi à faire voter des lois difficiles, notamment la très impopulaire réforme des retraites au printemps dernier et la loi controversée sur l’immigration en décembre. Elle a surmonté une trentaine de motions de censure.

"Alors qu’il me faut présenter la démission de mon gouvernement, je voulais vous dire combien j’ai été passionnée par cette mission, guidée par le souci constant, que nous partageons, d’aboutir à des résultats rapides et tangibles pour nos concitoyens", a écrit Mme Borne au président Macron, dans une lettre obtenue par l’AFP.

Le choix de son successeur est loin d’être neutre pour maintenir l’équilibre précaire du camp présidentiel, mis à mal dernièrement par les divisions sur la loi immigration. Le chef de l’État fait face à un mécontentement croissant depuis sa réélection en 2022.

Si le patron des députés du parti Renaissance au pouvoir, Sylvain Maillard, a assuré sur la chaîne LCI que ses troupes "travailleront en toute loyauté" avec le prochain Premier ministre, en coulisses, beaucoup redoutent un nouveau coup de barre à droite, alors que les élections européennes se profilent en juin.

Après deux mandats, Emmanuel Macron ne pourra pas se représenter en 2027 et un enjeu crucial sera d’empêcher la figure de proue de l’extrême droite, Marine Le Pen, qu’il a vaincue au second tour des deux dernières présidentielles, de le remplacer.

Doté d’un profil politique et très à l’aise devant les médias, Gabriel Attal, alors au Budget, avait été l’un des rares ministres envoyés en première ligne pour défendre l’impopulaire réforme des retraites.

À la tête du prestigieux portefeuille de l’Éducation nationale depuis juillet 2023, le jeune ministre a séduit les populations âgées, qui constituent le cœur de l’électorat macroniste, avec ses prises de position en faveur de l’uniforme ou de l’interdiction de l’abaya à l’école.

En France, le président fixe traditionnellement les grandes orientations du quinquennat, tandis que son Premier ministre, responsable de la gestion quotidienne du gouvernement, paie généralement les pots cassés en cas de turbulences. Or, M. Macron est régulièrement accusé par ses détracteurs de concentrer les pouvoirs et de faire de la micro-gestion.

Maria Chami, avec AFP