Les États-Unis ont revendiqué des frappes menées, tôt mercredi, en Irak, contre des sites tenus par des groupes armés pro-iraniens, faisant deux morts et deux blessés, selon un premier bilan communiqué à l’AFP par un responsable au ministère irakien de l’Intérieur et une source au sein du Hachd al-Chaabi. Ces bombardements font suite aux attaques récurrentes visant les soldats américains dans le pays.

Selon des sources irakiennes, les frappes ont visé les Brigades du Hezbollah, faction affiliée aux anciens paramilitaires du Hachd al-Chaabi, dans le secteur de Jurf al-Sakhr à une soixantaine de kilomètres au sud de la capitale Bagdad, ainsi que dans la région d’Al-Qaïm, à la frontière avec la Syrie voisine.

Les frappes américaines interviennent dans un contexte régional déjà explosif, alimenté par les répercussions de la guerre à Gaza entre Israël, allié de Washington, et le mouvement islamiste palestinien Hamas, soutenu par l’Iran.

Ces derniers bombardements "n’aident pas à l’apaisement", a fustigé sur X le conseiller irakien à la sécurité nationale, Qassem al-Aaraji, dénonçant "une violation flagrante de la souveraineté irakienne". Les États-Unis devraient "faire pression pour stopper l’agression à Gaza, plutôt que de bombarder des locaux d’une institution irakienne", a-t-il martelé.

Frappes "nécessaires"

Plus tôt, le ministre américain de la Défense, Lloyd Austin, confirmait, dans un communiqué, "des frappes nécessaires et proportionnées" menées en Irak contre "trois installations utilisées par les Brigades du Hezbollah" mais aussi "d’autres groupes affiliés à l’Iran.

Austin a affirmé que son pays "ne voulait pas d’escalade du conflit dans la région" et que Washington était "disposé à prendre des mesures supplémentaire pour protéger" le personnel américain. Il a, en outre, souligné que ces bombardements intervenaient "en réponse directe" à une série d’attaques menées par "des milices parrainées par l’Iran" contre les militaires américains et les troupes de la coalition internationale antijihadistes en Irak et en Syrie.

De son côté, le Commandement militaire américain au Moyen-Orient (Centcom) a indiqué que les bombardements avaient visé des sites et des entrepôts utilisés par les Brigades du Hezbollah ainsi que des bases d’entraînement servant à l’initiation aux "roquettes, missiles et drones".

Depuis la mi-octobre, plus de 150 attaques de drones ou tirs de roquettes ont visé des soldats américains et ceux de la coalition internationale. Ces attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran.

Classées groupe "terroriste" par Washington et visées par des sanctions, les Brigades du Hezbollah ont déjà été ciblées ces dernières semaines par des bombardements. Le groupe a publiquement affiché sa participation et son soutien aux actions de la "Résistance islamique" irakienne, hostile à Israël et à la présence militaire américaine en Irak.

Tard mardi, plusieurs "drones d’attaques" ont été lancés contre les troupes de la coalition internationale stationnées sur la base d’Aïn al-Assad, dans l’ouest de l’Irak, faisant "des blessés et des dégâts" selon un responsable militaire américain.

La situation oblige le Premier ministre irakien, Mohamed Chia al-Soudani, à se livrer à un délicat exercice d’équilibriste. Porté au pouvoir par une coalition de partis pro-Iran, il cherche aussi à préserver les liens stratégiques unissant Bagdad à Washington.

Al-Soudani a, à plusieurs reprises, réitéré son appel pour le retrait de la coalition internationale, estimant que mettre un terme à la mission de ces troupes étrangères était "une nécessité pour la sécurité et la stabilité" de son pays.

Pour rappel, Washington compte environ 2.500 soldats en Irak et près de 900 en Syrie engagés avec la coalition internationale, lancée en 2014 pour combattre le groupe jihadiste État islamique (EI).

Maria Chami, avec AFP