Jour 8 du conflit Israël-Iran: les derniers développements et l’état des lieux
© Zain JAAFAR/AFP

Vendredi matin, un missile lancé par l’Iran a frappé aux abords d’un pôle technologique dans la ville israélienne de Beersheba, au sud d’Israël, provoquant un incendie près d’un bâtiment abritant les bureaux de Microsoft.

Les secours ont confirmé que cinq personnes ont été légèrement blessées et ont publié sur X des images montrant plusieurs véhicules en flammes sur les lieux. Les médias israéliens ont indiqué que le missile avait raté sa cible principale, tombant dans une rue adjacente et déclenchant l’incendie.

Le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI) a revendiqué cette attaque, précisant que Microsoft avait été pris pour cible en raison de sa collaboration avec les services militaires et de renseignement israéliens. Le CGRI a ajouté que la zone comprend également des résidences d’individus impliqués dans des opérations de cyber-surveillance.

Selon des responsables israéliens interrogés par les médias locaux, un missile intercepteur a été lancé, mais n’a pas réussi à neutraliser l’impact.

En réponse, l’armée israélienne a mené de nombreuses frappes aériennes sur le territoire iranien durant la nuit. Plus de 60 chasseurs-bombardiers ont participé à des attaques ciblées contre des sites de production de missiles, une installation de recherche nucléaire et d’autres positions stratégiques. Un commandant iranien en poste sur un site de lancement de missiles aurait été tué lors de ces opérations.

«L'armée a mené une série de frappes au cœur de Téhéran: des dizaines de cibles ont été touchées, notamment des sites de production de missiles militaires ainsi que le siège du SPND, l'organisation chargée de la recherche et du développement du programme nucléaire militaire iranien», affirme un communiqué militaire.

Selon l'armée, ce centre de recherche est chargé du «développement de technologies et d'armes de pointe au service des capacités militaires du régime».

Par ailleurs, l'armée a précisé avoir bombardé des «installations de production de composants de missiles ainsi que des usines produisant des matières premières utilisées pour la fabrication des moteurs de missiles».

Quatre drones tirés d'Iran ont été interceptés par le système de défense antiaérien, ajoute le communiqué.

Un peu plus tard, l'armée israélienne a annoncé avoir bombardé trois «lance-missiles prêts à tirer d'Iran vers le territoire de l'État d'Israël».

L’Organisation iranienne de l’énergie atomique a confirmé dans une lettre adressée à l’agence nucléaire de l’ONU que le réacteur à eau lourde d’Arak avait subi des dommages lors des frappes israéliennes de mercredi soir. Son directeur, Mohammad Eslami, a appelé la communauté internationale à intervenir pour faire cesser ce qu’il qualifie de violation des normes internationales par Israël.

Bilan humain en hausse et tensions régionales

Le coût humain du conflit continue de s’alourdir. L’ONG basée à Washington, Human Rights Activists, a fait état d’au moins 657 morts en Iran depuis le début des frappes israéliennes le 12 juin, dont 263 civils et 164 membres des forces de sécurité. Le dernier bilan officiel iranien, publié plus tôt cette semaine, faisait état de 224 décès.

En Israël, les autorités ont rapporté un nombre de 25 morts dus aux tirs de missiles iraniens, avec plus de 240 blessés.

Position du Hezbollah face aux mises en garde américaines

Le secrétaire général du Hezbollah, cheikh Naïm Kassem, a déclaré que son groupe agirait dans ce conflit «comme il l’entend», rejetant toute neutralité. Dans un communiqué publié jeudi soir, il a qualifié le conflit «d’agression brutale israélo-américaine».

Ces propos font suite à des avertissements directs des États-Unis. Tom Barrack, envoyé spécial américain pour la Syrie, a mis en garde le Hezbollah contre toute implication, déclarant: «Au nom du président Trump, qui a clairement exprimé sa position, ce serait une très, très, très mauvaise décision.»

Cette déclaration a provoqué la réaction du ministre israélien de la Défense, Israel Katz, qui a affirmé vendredi que «Naïm Kassem n’a pas tiré la leçon de ses prédécesseurs et menace d’agir contre Israël selon les ordres de Khamenei».

Initiatives diplomatiques et réactions internationales

Les ministres européens des Affaires étrangères se réunissent aujourd’hui à Genève pour des discussions directes avec le ministre iranien Abbas Araghchi, dans une tentative de désescalade des tensions entre Téhéran et Jérusalem.

Si elles ont lieu, ces discussions marqueront la première rencontre diplomatique en face-à-face depuis le début des frappes israéliennes en Iran la semaine dernière, illustrant l’implication accrue de l’Europe dans cette crise.

Ces pourparlers interviennent alors que le président américain Donald Trump a annoncé jeudi un report de deux semaines avant toute éventuelle action militaire, afin de laisser une chance aux négociations.

Le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, David Lammy, après une rencontre avec le secrétaire d’État américain Marco Rubio à Washington, s’est montré prudemment optimiste: «Une fenêtre d’opportunité existe désormais dans les deux prochaines semaines pour parvenir à une solution diplomatique.»

Le Wall Street Journal rapporte que le président Trump a approuvé des plans d’action militaire mais retarde leur exécution dans l’espoir qu’un dialogue renouvelé porte ses fruits. La porte-parole de la Maison-Blanche, Karoline Leavitt, a déclaré jeudi que la décision finale sur l’intervention américaine serait prise «dans les deux prochaines semaines».

Par ailleurs, le Conseil de sécurité des Nations unies doit se réunir vendredi, à la demande de l’Iran et avec le soutien de la Russie, de la Chine et du Pakistan. Téhéran accuse l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) de partialité en faveur d’Israël dans ses évaluations du programme nucléaire iranien.

Avertissement russe sur un changement de régime

Le Kremlin a lancé un message ferme contre toute tentative visant à cibler la direction iranienne. Dans un entretien accordé à Sky News, le porte-parole Dmitry Peskov a déclaré qu’une tentative d’assassinat du guide suprême Ali Khamenei serait condamnée et risquerait d’alimenter la radicalisation dans le pays.

«Un changement de régime en Iran est inimaginable», a affirmé Peskov. «Cela devrait être inacceptable, et même en parler devrait être inacceptable pour tout le monde.»

Ces propos font écho aux déclarations du ministre israélien de la Défense, Israel Katz, qui a déclaré que Khamenei «ne peut plus exister» après la frappe contre l’hôpital Soroka.

Coupure d’Internet et impact sur les civils en Iran

Face à l’intensification du conflit, les autorités iraniennes ont imposé une coupure générale d’Internet. L’organisation pour les droits numériques NetBlocks a qualifié ce blackout de plus étendu de l’histoire récente du pays, dépassant même les restrictions imposées lors des manifestations de 2019.

Des civils déplacés ont décrit à l’AFP des conditions terrifiantes sous les bombardements. Mohammad Hassan, étudiant à l’Université de Téhéran réfugié au Pakistan, a déclaré: «Ces jours et ces nuits ont été très horribles… entendre les sirènes, les pleurs, le danger des missiles.»

Évacuations internationales en cours

Plusieurs pays ont commencé à évacuer leurs ressortissants d’Iran et d’Israël. La Chine a rapatrié plus de 1.600 citoyens d’Iran et plusieurs centaines d’Israël. L’Australie organise le départ de plus de 2.700 personnes des deux pays.

L’Inde a fait revenir en toute sécurité des étudiants via l’Arménie, tandis que le Japon a envoyé des avions militaires à Djibouti en prévision d’éventuelles évacuations supplémentaires. Le Pakistan a signalé que des milliers de ses ressortissants ont quitté l’Iran depuis le début des hostilités.

«Jour de colère» en Iran

Les autorités iraniennes ont appelé à des manifestations nationales vendredi, qualifiées de marches de «colère» et de «victoire» après la prière hebdomadaire du vendredi. Ces rassemblements visent à exprimer la colère populaire face aux frappes israéliennes et à montrer la solidarité avec les forces armées iraniennes.

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