
Depuis 45 ans, Khomeyni et son successeur, Ali Khamenei, ont œuvré à tracer un arc chiite de Kaboul à Beyrouth, en passant par Bagdad, Damas et Sanaa.
Un grand projet «révolutionnaire», religieux, militaire: un empire des marges, tissé de douleurs communautaires, de milliards d’argent public détournés et de trafics en tous genres. Téhéran voulait être le phare des chiites qu’il tentait de convaincre de leur statut supposé d’opprimés. Il sera leur naufrage.
Tout commence dans la boue et le sang.
1980. La guerre Iran-Irak. À peine née, la République islamique veut exporter sa révolution. Premier pays visé: l’Irak, et sa population majoritairement chiite. Profitant d’une erreur stratégique du sanguinaire Saddam Hussein qui avait des visées de l’autre côté de la frontière, l’Iran lance ses gardiens de la Révolution sur un pays arabe. Mais les chiites irakiens ne céderont pas au chant des sirènes iranien.
Huit ans de guerre, plus d’un million de morts, des villes rasées, des tranchées, du gaz. Et aussi: des enfants soldats envoyés en première ligne, sans armes, pour «nettoyer» les champs de mines.
Certains portaient autour du cou une petite clé en plastique doré, cadeau des mollahs, censée leur ouvrir les portes du paradis. L’Iran commence son épopée impériale en sacrifiant sa propre jeunesse sur l’autel d’un messianisme guerrier. Et déjà un objectif clair: étendre l’influence chiite, renverser les régimes arabes, créer une ceinture confessionnelle de Kaboul à la Méditerranée. Le «croissant» est né dans l’horreur, sous les balles et sur les mensonges.
Puis vient l’expansion tous azimuts. L’Iran tente d’activer les Hazaras en Afghanistan, les Turis au Pakistan. À Quetta, à Karachi, on tente d’attiser les fractures, mais l’ancrage reste superficiel, les alliances fragiles. Pas de victoire stratégique. Seulement des tensions de plus.
En Arabie saoudite, c’est l’est du pays qui attire Téhéran. Majoritairement chiite dans certaines zones, riche en pétrole, il devient la cible rêvée. Agitation, sermons, infiltrations… Mais, face à l’appareil sécuritaire saoudien, les tentatives échouent une à une. Là encore: aucun gain durable.
Au Bahreïn, un coup est tenté. Insurrection à majorité chiite dans une monarchie sunnite. Mais la fermeté des autorités met fin à l’illusion. Encore un pari raté.
En Irak, en 2003, l’après-Saddam semble prometteur. Les milices chiites fleurissent, les ministères sont noyautés, et Téhéran pense avoir mis la main sur Bagdad. Mais très vite, l’Iran devient un facteur de désintégration. L’État irakien dysfonctionne. Même les jeunes chiites finissent par scander: «Ni Amérique, ni Iran». Ironie historique: la base naturelle de l’influence iranienne rejette désormais Téhéran.
En Syrie, on sauve Assad en déversant des milices chiites venues d’Irak, du Liban, d’Afghanistan. Mais, il y a six mois, tout s’écroule: Bachar el-Assad est renversé par une nébuleuse de groupes sunnites armés. Le verrou syrien saute. L’axe perd sa première façade méditerranéenne.
Au Yémen, les milliards versés aux Houthis n’ont produit que guerre civile, missiles égarés et chaos humanitaire incontrôlable.
Au Liban, le Hezbollah croyait tenir son principal bastion. Il s’est précipité dans la guerre de Gaza, pensant prendre Israël en étau. Résultat: Israël a frappé fort, vite. L’aviation a décimé quasiment tous les cadres dirigeants, les villages chiites se sont vidés, le Sud est devenu une zone sinistrée. Le fameux équilibre de la terreur, tant vanté, a explosé avec la première roquette. L’accès à la Méditerranée est désormais complètement fermé aux Ayatollahs. Et tout cela en un an et demi.
Partout où l’Iran a mis les pieds, il a semé la guerre. Partout où il a prétendu défendre les chiites, il a apporté la ruine. Aucune victoire. Aucune paix. Juste une série de guerres ingagnables, d’insurrections inutiles et d’échecs stratégiques.
Et à présent, Israël est en train d’anéantir le programme nucléaire et balistique iranien. Avec les mêmes méthodes qu’au Liban: ingénieurs et dirigeants ciblés, installations rasées…
Même le nucléaire civil iranien n’est plus qu’un souvenir dont aucun pays ne veut plus entendre parler.
Téhéran a refusé toutes les fenêtres diplomatiques. Il a misé sur le bluff, la menace, l’attente de l’apocalypse. Et il a tout perdu.
Le croissant chiite: un rêve carbonisé, un fantasme devenu cauchemar régional.
Une génération de mollahs obsédés par l’expansion, incapables de comprendre le monde, encore moins leurs propres peuples.
John Kennedy disait: «Les empires se suicident, ils ne sont jamais assassinés.»
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