Des milliers d’Israéliens, dont plusieurs ministres d’extrême droite, se sont rassemblés, dimanche 28 janvier, à Jérusalem, pour demander le rétablissement des colonies juives à Gaza. Une partie de la société israélienne appelle au repeuplement de celles-ci, malgré un refus (de façade?) de Benjamin Netanyahou.

Quelques milliers d’Israéliens favorables à la réinstallation de colonies dans la bande de Gaza, parmi lesquels des ministres, se sont réunis, dimanche soir, à Jérusalem, exhortant le Premier ministre à faire aboutir le projet.

Des membres du Likoud, parti de Benjamin Netanyahou, et d’autres ministres d’extrême-droite, ont participé au rassemblement, alors que les combats redoublaient de violence entre l’armée israélienne et le mouvement islamiste palestinien Hamas à Gaza.

"Il est temps de retourner à Gush Katif et d’encourager l’émigration volontaire", a déclaré le ministre de la Sécurité nationale, Itamar Ben-Gvir, évoquant un groupe de colonies israéliennes jadis installées à Gaza, avant d’être évacuées en 2005.

"La retraite amène la guerre et si nous ne voulons plus de 7 octobre, nous devons rentrer chez nous, contrôler le territoire et (…) encourager le départ ‘volontaire’ des Gazaouis", a-t-il ajouté sur un ton belliqueux.

Onze autres ministres étaient présents à la réunion, tenue dans un centre de conférence bondé de Jérusalem, selon les organisateurs.

"Les accords d’Oslo sont morts"

Des intervenants ont réclamé l’expulsion des Palestiniens de Gaza, jugeant que la réimplantation de colonies était la seule issue pour assurer la sécurité d’Israël.

D’autres chantaient "les accords d’Oslo sont morts, le peuple d’Israël vit", en référence aux accords censés déboucher sur la cohabitation pacifique des deux peuples, entérinés en 1993 par le chef de l’OLP Yasser Arafat et le Premier ministre israélien Yitzhak Rabin, à la Maison-Blanche, devant le président américain Bill Clinton.

Plusieurs participants portaient des armes, tandis qu’à l’extérieur du centre de convention, des vendeurs proposaient des t-shirts sur lesquels on pouvait lire "Gaza fait partie de la terre d’Israël".

Le rassemblement montre qu’une frange extrémiste, longtemps minoritaire en Israël, gagne actuellement du terrain, au risque d’approfondir encore les différends entre Israël et son allié américain.

Israël a occupé la bande de Gaza, ainsi que la Cisjordanie et Jérusalem-Est après la guerre de 1967. Quelque 400.000 Israéliens vivent aujourd’hui en Cisjordanie dans des colonies considérées comme illégales par la majorité de la communauté internationale, aux côtés de trois millions de Palestiniens.

Israël a en revanche retiré ses ressortissants de 21 colonies installées dans la bande de Gaza en 2005. Le territoire abrite 2,4 millions de Palestiniens, dont une grande majorité a été déplacée depuis le début des combats en octobre.

Condamnation du Hamas

Le Hamas a réagi à cette conférence en accusant Israël d’aller à l’encontre des arrêts provisoires de la Cour internationale de justice (CIJ) concernant la guerre à Gaza.

"Israël fait fi du droit international et des résolutions des Nations unies en appelant ouvertement à la migration volontaire des Palestiniens lors de cette conférence, au cours de laquelle 21 nouvelles colonies israéliennes illégales ont également été présentées", a déclaré le mouvement palestinien dans un communiqué.

"Nous appelons la communauté internationale et les Nations unies à adopter une position ferme", précise le communiqué, avant d’appeler la communauté internationale à "condamner vivement cette conférence comme étant un rassemblement fasciste fondé sur l’idée d’un nettoyage ethnique".

"Pas un objectif réaliste"

Le Premier ministre israélien n’a, jusqu’à présent, jamais soutenu le projet de relancer des colonies à Gaza, déclarant que le projet n’était "pas un objectif réaliste". Il n’a encore jamais organisé de réunion de son gouvernement consacrée au "jour d’après" la guerre.

Dans les faits, Benjamin Netanyahou s’adresse surtout à son allié américain quand il emploie ces mots. Car en termes de politique intérieure, celui-ci se garde bien de réprimander ouvertement les éléments les plus extrémistes de son cabinet. Ce sont d’ailleurs ses alliances avec ces derniers qui lui permettent de se maintenir au pouvoir.

Son gouvernement, le plus religieux et ultranationaliste de l’histoire du pays, a érigé en priorité l’expansion des colonies en Cisjordanie occupée depuis son arrivée au pouvoir fin 2022.

Mais sa politique est en contradiction ouverte avec l’approche des États-Unis, allié indéfectible d’Israël, qui appelle à la fin du processus et à la mise en application de la solution à deux États.

En début d’année, Ben Gvir, qui est aussi le chef du parti d’extrême droite pro-colons, Force juive, avait appelé à un retour des colons à Gaza après la guerre, au lendemain d’un appel similaire d’un autre ministre d’extrême droite, celui des Finances, Bezalel Smotrich.

Le porte-parole du département d’État, Matthew Miller, avait qualifié leurs propos d’"irresponsables".

Avec AFP