Selon des responsables américains, l’attaque pro-iranienne, qui a tué trois morts à la frontière syro-jordanienne, dimanche 29 janvier, serait le résultat d’une confusion. L’appareil aurait notamment été pris pour un engin américain.

Les forces américaines ont potentiellement pris le drone, qui a tué trois de leurs soldats et blessé une trentaine d’autres, dimanche, pour un appareil américain, selon des responsables.

Selon l’un de ces responsables, le drone, lancé par un groupe armé pro-iranien, semble avoir pénétré la défense américaine en partie par chance, en s’approchant de la base à peu près au moment où un autre, américain, revenait d’une mission.

Confusion

Le retour du drone américain aurait ainsi entraîné une certaine confusion sur la question de savoir si le drone entrant était ami ou ennemi, ont conclu les responsables, tout en précisant que l’enquête sur l’attaque n’en était qu’à ses débuts.

La confusion initiale semble avoir causé un retard suffisant pour permettre au drone de passer et de frapper la caserne au petit matin, à un moment où de nombreux soldats américains y étaient toujours présents.

Photo satellite diffusée le 29 janvier 2024 par Planet Labs PBC montrant une vue de la base Tower 22, près de la frontière jordanienne avec l’Irak et la Syrie. (Planet Labs, AFP)

Il n’est toutefois pas clairement établi si le drone ennemi a suivi intentionnellement le drone américain ou s’il s’agit d’une coïncidence, a déclaré l’un des responsables. Les autorités américaines sont également en train d’évaluer le point d’origine du drone ennemi.

Washington accuse Téhéran

"Nous savons qu’il s’agit d’une milice soutenue par le Corps des gardiens de la révolution islamique (CGRI, ndlr)", a déclaré, lundi, à la presse, Sabrina Singh, secrétaire de presse adjointe du Pentagone. "Elle présente les mêmes caractéristiques que les Kataëb Hezbollah, l’une des plus grandes et des plus puissantes organisations mandataires de l’Iran basées en Irak", a-t-elle ajouté.

La plupart de ces attaques ont été revendiquées par la "Résistance islamique en Irak", nébuleuse de combattants issus des groupes armés pro-Iran, qui dit agir en soutien aux Palestiniens et réclame le départ des soldats américains déployés en Irak. Selon le think tank américain Institute for the Study of War, les Kataëb Hezbollah en font partie.

Téhéran a, de son côté, nié toute implication dans l’attaque de dimanche et mis en garde contre une escalade régionale. "On est à un tournant", estime cependant Alex Vatanka, du Middle East Institute à Washington.

Biden politiquement bloqué

"Beaucoup d’entre nous, je pense, craignaient, ce que sans doute l’administration et les alliés des États-Unis, qu’ils soient arabes ou autres, craignaient aussi: que l’Iran fasse un mauvais calcul, une erreur comme celle-ci et force les États-Unis à riposter à un niveau beaucoup plus élevé", dit à l’AFP Gordon Gray.

Les responsables américains répètent inlassablement qu’ils ne veulent pas d’escalade et espèrent encore pouvoir contenir un conflit qui menace de s’étendre.

"Nous ne cherchons pas la guerre avec l’Iran", a martelé, lundi, un porte-parole de la Maison-Blanche, John Kirby.

Le président américain, qui se présente de nouveau pour un second mandat, doit désormais choisir entre continuer à tenter une politique de dissuasion ou, au contraire, frapper fort au risque de l’escalade. Plusieurs responsables républicains, y compris Donald Trump sont déjà montés au créneau pour critiquer l’action du président démocrate, tout en appelant à une réponse ferme.

Gordon Gray estime que les États-Unis pourraient vouloir, en représailles, viser "une cible militaire ou les Gardiens de la révolution islamique à l’intérieur même de l’Iran".

Avec AFP