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L’Algérie s’est rarement souciée des sanctions imposées par l’Occident à la Russie, décuplées depuis le déclenchement de la guerre contre l’Ukraine. Bien au contraire, les deux Etats ont signé un accord de coopération en 2023, afin de renforcer leur collaboration dans les domaines de l’agriculture et du commerce, pour indiquer que tous les différends relatifs à la guerre en Ukraine n’affectent en rien leurs relations bilatérales.  

L’Algérie a toujours été en bons termes avec la Russie. Cette relation privilégiée est née du soutien apporté par l’Union soviétique à l’Algérie pour que celle-ci puisse s’affranchir d’un colonialisme français particulièrement acerbe, contrairement à d’autres pays d’Afrique et du monde ayant attiré les ambitions territoriales de l’Hexagone. En réalité, Paris a entrepris de “franciser” l’Algérie et n’était pas prêt d’y renoncer de sitôt. Mais la résistance farouche opposée par le peuple du “pays d’un million et demi de martyrs” a permis aux Algériens d’obtenir leur indépendance.

L’Algérie a souvent fait l’objet de critiques de la part de l’Occident, pour ses bons rapports avec la Russie et les multiples accords d’armes signés avec celle-ci – à l’heure où le Maroc, lui, a choisi de consolider ses relations avec les pays occidentaux sous l’égide de Washington. Quelques décennies plus tôt, le pays des fennecs s’était joint aux non-alignés, en tendant vers l’armée mobilisée par l’Union soviétique en soutien à la cause palestinienne dans les années 50 et 60, en pleine Guerre froide.

En 2021, avec peu de considération envers les critiques occidentales – y compris celles du Congrès américain qui appelle son administration à lui imposer des sanctions – l’Algérie conclut un accord d’achat d’armes avec la Russie; la somme s’élève à quelque 7 milliards de dollars. L’Europe ne tardera pas à se joindre aux Etats-Unis: nombre de députés européens demandent la suspension de l’accord signé en 2005 entre l’Algérie et le Vieux continent.

Cela dit, les gouvernements algériens successifs ne se sont pas contentés de consolider leurs rapports avec la Russie. Plus encore, l’Algérie a cherché à renforcer ses relations économiques avec la Turquie, la Chine et l’Italie, dans le cadre de la diversification et de l’amélioration de l’économie algérienne. L’objectif: promouvoir le développement rural, lutter contre la pauvreté et attirer les investissements commerciaux et culturels, pour permettre à l’Algérie de jouer un rôle prépondérant en Afrique, au Moyen-Orient, et au Maghreb à parts égales.

Les relations algéro-russes ont connu un nouvel essor lors de la visite rendue en juin 2023 par le président algérien Abdelmadjid Tebboune à Moscou, où celui-ci a été accueilli en grande pompe par le dirigeant Vladimir Poutine et les hauts responsables russes. Ce jour-là un accord de partenariat stratégique à plusieurs niveaux a été signé par les deux États. De surcroît, les responsables algériens n’oublieront pas le soutien de taille apporté par l’Union soviétique pour rebâtir leur institution militaire et en faire une armée régulière.

Toute lecture de la relation entre la Russie et l’Algérie serait ardue sans la remise de ce rapport dans son contexte historique; la position de l’Algérie est claire, le “pays d’un million et demi de martyrs” ne cherche pas à se réaligner avec d’autres puissances.

De même, il est impossible de faire abstraction de la relation historique compliquée entre l’Algérie et le Maroc, un rapport qui pèse lourd sur la politique étrangère des deux pays dans le cadre des alliances internationales. En réalité, cette situation risque d’envenimer la relation encore davantage, au vu des intérêts divergents des deux pôles mondiaux majeurs – avec tout ce que cela comporte comme tensions qui ne se dissiperont pas de sitôt.

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