Des critiques adressées par un général israélien au gouvernement jeudi 14 mars. ont fait grand bruit en Israël, en révélant indirectement plusieurs pommes de discorde intrinsèques à la société du pays.

Un général israélien à la tête d’une brigade combattant à Gaza a appelé le gouvernement à se montrer " à la hauteur " des soldats combattant à Gaza, de rares critiques qui lui ont valu jeudi des reproches en Israël.

" Vous devez être à notre hauteur ", a lancé mercredi le général de brigade Dan Goldfus, commandant la 98e division déployée à Khan Younès, dans le sud de la bande de Gaza, à l’adresse des dirigeants politiques. Sa sortie a néanmoins mis en exergue les profondes divisions traversant la société israélienne, loin d’être arrangées par la guerre.

" Dépasser l’extrémisme "

" Nous ne fuirons pas nos responsabilités. Nous regrettons notre échec flagrant le 7 octobre, mais nous allons de l’avant ", a-t-il dit, devant des journalistes, en appelant les dirigeants israéliens " à dépasser l’extrémisme et à se rassembler ". Loin de passer inaperçue, cette phrase a été ressentie comme une allusion à peine voilée aux ministres de la Sécurité nationale Itamar Ben Gvir et des Finances, Bezalel Smotrich.

L’attaque sans précédent du Hamas le 7 octobre en Israël – qui a fait au moins 1.160 morts, la plupart des civils, selon un décompte de l’AFP établi à partir de sources israéliennes – a mis au jour des défaillances des services de renseignements israéliens, qui n’avaient pas anticipé une opération de cette ampleur.

Ces commentaires, brisant la traditionnelle neutralité observée par les officiers israéliens vis à vis du pouvoir politique, ont valu au général Goldfus d’être convoqué par le commandement militaire. Ils ne sont pour autant pas sans rappeler la fronde des réservistes qui sévissait dans les mois précédant la guerre, en réaction à  un projet de réforme judiciaire controversé mené par le gouvernement du Premier ministre Benjamin Netanyahou.

Les haredim dans le viseur

Ce général a également appelé les dirigeants politiques à faire en sorte que " chacun prenne part " à l’effort militaire, dans une référence voilée aux juifs ultra-orthodoxes (haredim), qui peuvent être exemptés de service militaire pour se concentrer sur les études religieuses. Une population qui compte pour environ 13% des Israéliens, avec le plus important taux de fécondité du pays, selon le média israélien Times of Israel.

Le ministre de la défense Yoav Gallant a présenté fin février une réforme du service militaire afin d’y intégrer les " haredim ", perçue en Israël comme une bombe politique pouvant mener à la chute du fragile gouvernement Netanyahou dont sont membres des partis ultra-orthodoxes.

Les propos du général, qui n’ont pas entraîné jusque là de réaction de M. Netanyahou ou de Yoav Gallant, ont été abondamment commentés en Israël.

" Un officier ne doit parler que de ses décisions (militaires) sinon il doit quitter l’uniforme ", a cinglé Yoav Segalovitz, un député centriste d’opposition, sur la radio publique Kan.

" Avec tout le respect dû à cet officier estimé, combattre à Gaza ne lui donne pas le droit ou la légitimité pour exprimer une position sur les affaires politiques ", a écrit l’éditorialiste Nahum Barnea dans le quotidien conservateur, Yedioth Ahronoth.

Avec AFP