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"Où a disparu notre Princesse de Galles?" est sans doute la question la plus posée par le peuple britannique dernièrement. Avec l’admission de Kate Middleton à l’hôpital le 16 janvier dernier pour une opération abdominale, et plus particulièrement avec la publication d’une image trafiquée à l’occasion de la fête des Mères britannique le 10 mars dernier, les spéculations conspirationnistes prennent de l’ampleur de jour en jour. Parmi elles, des allégations des plus farfelues: un assassinat perpétré par son propre époux, le Prince William, ou celle d’un enlèvement orchestré par nul autre que le personnage fictif britannique, Willy Wonka. Néanmoins, dimanche soir, les rumeurs ont atteint leur paroxysme, prétendant même que la BBC aurait été informée par le Palais de Buckingham d’une imminente annonce royale d’une importance capitale, les drapeaux étant déjà en berne dans les rues de Londres. Toutes ces allégations, évidemment infondées, continuent néanmoins d’alimenter les flots des réseaux sociaux, particulièrement sur X (ancien Twitter). Mais que se trame-t-il véritablement autour de la Princesse de Galles?

"Je dois être vue pour être crue"

L’un des slogans phares de la reine Élizabeth II était le suivant: "Je dois être vue pour être crue."

La communication du Palais de Kensington est pourtant restée très vague ces derniers mois concernant la santé de la future reine, adulée par son peuple. Néanmoins, la diffusion de la photo trafiquée a été le déclencheur des mécontentements. Des réactions ont surgi aux quatre coins du Royaume-Uni, aussi bien de la part de monarchistes que des républicains, tous appelant à pouvoir accorder de nouveau leur "confiance" à la famille royale. En effet, la confiance, l’intégrité et la continuité sont précieux pour le peuple britannique. Le public adule la famille royale, mais cette adoration repose historiquement sur le fait de dire la vérité. La stratégie de communication du roi Charles III depuis l’annonce de son cancer est un sans-faute, contrairement aux erreurs répétées du Palais au sujet de Kate Middleton.

D’ailleurs, ce sont les fondements mêmes qu’a établis et consolidés la défunte monarque, qui sont aujourd’hui mis à l’épreuve. Réputée pour son inébranlable sens du devoir, l’assurance qu’elle inspirait à son peuple et la pérennité qu’elle garantissait à son royaume, Elizabeth II fut une figure unificatrice unanimement vénérée. Or, aujourd’hui, il y a un sentiment qui n’avait pas été aussi prononcé depuis l’abdication de décembre 1936. Que ce sentiment soit justifié ou non, le terme "instabilité" est sur toutes les lèvres parmi bon nombre d’analystes. Pendant les soixante-dix années du règne précédent, la monarchie semblait éternelle et inébranlable. Comme le disait l’ancienne reine, et avec justesse: "Plus qu’une simple famille, la monarchie est une institution à laquelle j’ai, à bien des égards, consacré ma vie." Le monarque est la facette de cette institution. Cependant, les figurants de la lignée directe de succession ont une importance capitale, particulièrement l’héritier du trône et sa femme, la future reine.

De retour le 17 avril?

Longtemps perçu comme un "monarque de transition" en vue de la succession de son fils William, Charles III a su hériter du profond sens du devoir inculqué par sa défunte mère et a su instaurer une certaine stabilité. Toutefois, cette stabilité est aujourd’hui remise en question, ce qui ternit la réputation de l’héritier du trône qui devait incarner la continuité de la monarchie. Certains critiques reprochent aussi au roi son manque de contrôle de la situation en tant que chef de famille. Dans un article publié dans le quotidien pro-monarchiste Daily Mail, Richard Kay, éditorialiste et fervent monarchiste, met en garde la famille royale, soulignant qu’"il est encore possible que l’impopularité diminue, mais le prix payé en termes d’image et de réputation a été exorbitant".

À présent, le Palais de Kensington tente de changer sa stratégie de communication en divulguant certaines informations dans la presse britannique sur le retour éventuel de la princesse. Il est de coutume au Royaume-Uni que la famille royale conclue un accord tacite avec les médias nationaux afin d’accorder une certaine liberté à ses membres. C’est pourquoi, simultanément avec la publication du quotidien britannique The Sun d’une vidéo du prince et de la princesse de Galles se baladant près de leur demeure à Windsor, le palais a donné l’information au quotidien britannique Times of London de l’organisation d’un "soft return" pour les engagements royaux de la princesse. Toujours selon le Sunday Times, elle ne devrait pas retourner à la vie publique avant le 17 avril, date de rentrée scolaire des enfants princiers. Néanmoins, malgré les efforts, les théories du complot ne cessent de circuler, dépassant parfois même le ridicule.

Si la monarchie a connu des jours beaucoup plus éprouvants – notamment l’abdication de décembre 1936 –, l’effervescence technologique et l’ère du numérique ne permettent plus de faire régner le flou autour de la santé d’une future reine. La stratégie de communication du Palais de Kensington devrait alors être encore repensée pour tenter, tant bien que mal, de reprendre le contrôle d’une situation qui a grandement dégénéré. Les conspirations ne cesseront probablement pas avant d’obtenir une réponse claire à la question prédominante: "Que s’est-il passé avec Kate Middleton?"

Cette fois, ce sont les fondements mêmes de la monarchie, à savoir la confiance et la stabilité qu’elle est censée inspirer, qui sont remis en question. La mission actuelle de la famille royale – notamment du prince et de la princesse de Galles – est aujourd’hui de reconquérir la confiance du peuple. Il incombe au roi de veiller à la réalisation de cette mission, étant donné sa responsabilité de préparer son fils à ses futures responsabilités et de lui passer le flambeau.