Après plus de cinq mois de guerre, le Conseil de sécurité de l’ONU a adopté lundi sa première résolution (2728) exigeant un "cessez-le-feu immédiat" à Gaza, un appel bloqué plusieurs fois par les États-Unis qui se sont cette fois abstenus.

La résolution adoptée par 14 voix pour, et une abstention, "exige un cessez-le-feu immédiat pour le mois du ramadan" –qui a déjà commencé il y a deux semaines–, devant "mener à un cessez-le-feu durable" et "exige la libération immédiate et inconditionnelle de tous les otages".

Des sources diplomatiques ont informé Al Jazeera que des " négociations de dernière minute " avaient eu lieu avant la réunion du Conseil, précisant que les États-Unis avaient demandé que le texte ne comprenne pas le terme "permanent" pour un cessez-le-feu, le remplaçant par le mot "durable".

"Cela donne juste une idée de la façon dont il y a ces changements potentiels et des négociations qui ont lieu à huis clos en ce moment même", a déclaré Gabriel Elisondo d’Al Jazeera, rapportant depuis le siège des Nations Unies.

La résolution du Conseil de sécurité "souligne également qu’il est urgent d’accroître le flux de l’aide humanitaire et de renforcer la protection des civils dans l’ensemble de la bande de Gaza, et réitère sa demande de levée de tous les obstacles à la fourniture d’une aide humanitaire à grande échelle".

Le bureau du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou a annoncé que la visite prévue d’une délégation israélienne à Washington avait été annulée, après l’abstention des États-Unis lors du vote. Il déclare aussi que la décision des États-Unis de ne pas opposer leur veto à une résolution soutenant un cessez-le-feu sans la libération des otages nuit à l’effort de guerre et contredit sa position tout au long de la guerre.

Washington, affirme ne pas avoir changer de position, en déclarant que cette décision "ne représente pas un changement de cap", John Kirby a ajouté que La Maison Blanche, qui jusque là avait bloqué plusieurs projets de résolution de ce type, n’avait pas pour autant voté en faveur du texte car il y manquait des éléments "essentiels" comme une condamnation du Hamas.

Les États-Unis disent être "très déçus" de l’annulation de la visite israélienne prévue.

La Russie et la Chine ont également opposé leur veto à deux résolutions rédigées par les États-Unis sur le conflit, l’une en octobre et l’autre vendredi.

Le secrétaire général de l’ONU, António Guterres, a commenté le vote du Conseil de sécurité. "Cette résolution doit être mise en œuvre. L’échec serait impardonnable", a-t-il déclaré dans une publication sur X.

La représentante des États-Unis auprès de l’ONU, Linda Thomas-Greenfield, déclare que le Hamas devrait "accepter l’accord sur la table", ajoutant qu’un cessez-le-feu aurait pu être conclu il y a des mois si le Hamas avait libéré les otages. "Nous n’étions pas d’accord avec tout dans la résolution", ce qui, selon elle, est la raison pour laquelle Washington s’est abstenu. Elle a par la suite souligné que la libération des otages entraînera une augmentation de l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne.

Le cessez-le-feu immédiat pour le ramadan réclamé lundi par le Conseil de sécurité de l’ONU devra être suivi par un "cessez-le-feu permanent", a plaidé l’ambassadeur français à l’ONU Nicolas de Rivière, félicitant le Conseil d’être sorti de son silence "assourdissant".

Le Conseil "va devoir après le ramadan qui se termine dans 2 semaines établir un cessez-le-feu permanent, il lui faudra oeuvrer au relèvement et à la stabilisation de Gaza, enfin et surtout le Conseil aura à remettre un processus politique sur les rails visant à l’établissement de la solution des deux Etats, la seule à même de garantir la paix", a-t-il ajouté, précisant que la France prépare une résolution du Conseil à cet égard.

Avec AFP