L’annonce, vendredi, de l’ouverture du poste-frontière d’Erez-Beit Hanoun par le gouvernement Netanyahou doit permettre de faire entrer davantage d’aide humanitaire dans la bande de Gaza. Tour d’horizon des principaux moyens d’acheminement de l’aide dans l’enclave par la terre, par les airs ou par la mer.

Vendredi 5 avril, le bureau du Premier ministre, Benjamin Netanyahou, a annoncé une livraison "temporaire" d’aide dans la bande de Gaza, à la suite des pressions américaines exercées sur ce dernier. Fait notable, l’annonce israélienne inclut notamment l’ouverture du point de passage d’Erez-Beit Hanoun, situé sur la frontière nord entre Israël et l’enclave.

En effet, malgré les injonctions de la Cour internationale de justice (CIJ), Tel-Aviv continuait jusqu’à présent à bloquer l’essentiel de l’aide humanitaire.

L’État hébreu compliquait fortement la tâche des organisations humanitaires présentes sur place, sous prétexte d’inspections méticuleuses menées sur les convois d’aide. La mort de sept travailleurs de l’ONG World Central Kitchen (WCK), tués dans des frappes israéliennes le 1ᵉʳ avril, illustre aussi les risques encourus par celles-ci.

Le but de cette manœuvre est de permettre l’acheminement d’une quantité d’aide plus importante aux 2,4 millions de Gazaouis assiégés et menacés par la famine. En outre, elle porte à trois le nombre de points de passage terrestres utilisés dans ce but, ce qui permet de diversifier les voies d’approvisionnement si l’on prend en compte les voies maritimes et aériennes.

Erez-Beit Hanoun

Le poste-frontière d’Erez-Beit Hanoun est resté fermé depuis l’attaque initiale menée par le Hamas le 7 octobre. Avant cette date, il s’agissait du principal point de passage pour entrer dans le territoire en provenance d’Israël, selon le média britannique the Guardian.

Il va permettre l’acheminement "temporaire" de l’aide par le port israélien d’Ashdod, à environ 40 km au nord de Gaza, directement jusque dans la partie septentrionale de l’enclave.

Cette image satellite recueillie et diffusée par Maxar Technologies le 5 avril 2024 montre le poste frontière d’Erez entre le sud d’Israël et la bande de Gaza. (Maxar Technologies / AFP)

Samedi, des images partagées par un journaliste palestinien et vérifiées par Al-Jazeera montraient trois camions, l’un transportant du fuel et les deux autres des médicaments, entrant dans le nord de l’enclave via Erez-Beit Hanoun. Ceux-ci devaient ensuite rejoindre deux hôpitaux situés dans le nord de l’enclave.

Rafah

Seul point de passage entre l’Égypte et Gaza. Fermé le 7 octobre par le gouvernement égyptien qui le rouvre deux semaines plus tard pour faire entrer l’aide humanitaire dans l’enclave palestinienne.

Ce poste-frontière a en outre l’avantage d’être proche de l’aéroport d’El-Arish, notamment utilisé par plusieurs pays arabes et autres pour acheminer de l’aide humanitaire. Selon le média Egypt Today, cet aéroport a ainsi permis l’acheminement de plus de 16.000 tonnes d’aide.

Des camions transportant de l’aide humanitaire attendent d’entrer dans la partie palestinienne de Rafah, à la frontière égyptienne avec la bande de Gaza, le 11 décembre 2023. (Giuseppe CACACE, AFP)

Rafah est contrôlé par l’Égypte. Néanmoins, dans une interview accordée à France 24 le 3 novembre 2023, le chercheur Lorenzo Navone, spécialiste des questions relatives aux frontières et aux conflits, précisait qu’Israël y exerce une certaine influence.

L’État hébreu surveille toutes les activités dans le sud de la bande de Gaza depuis une base militaire de Kerem Shalom, ajoutait-il.

Kerem Shalom-Abu Salem

Le poste-frontière de Kerem Shalom-Abu Salem est situé à la jonction entre les frontières d’Israël, de l’Égypte et de Gaza. Initialement fermé dans les premiers mois de la guerre, le gouvernement israélien annonce sa réouverture le 17 décembre 2023.

Le but: autoriser le passage de 100 camions par jour, en addition aux 100 autres passant par Rafah. Après son ouverture, Kerem Shalom-Abu Salem est progressivement devenu le principal point d’entrée terrestre d’aide humanitaire pour Gaza, surpassant en cela celui de Rafah.

Des cargaisons d’aide destinées à Gaza sont reniflées par un chien au poste frontière de Kerem Shalom-Abu Salem le 14 mars 2024, dans le cadre du conflit actuel entre Israël et le groupe militant palestinien Hamas. (JACK GUEZ / AFP)

À titre de comparaison, sur les 245 camions d’aide entrés dans l’enclave dans la journée du 5 avril, 186 sont passés par ce poste-frontière, contre 59 via Rafah, selon Egypt Today.

Toutefois, en raison de son emplacement, l’acheminement de l’aide humanitaire par le point de passage de Kerem Shalom-Abu Salem a été, à plusieurs reprises, fortement perturbé par des manifestants israéliens. Refusant le transit par ce poste-frontière, et accusant Israël d’aider son ennemi et de nuire à ses propres troupes, ces derniers ont maintes fois réussi à interrompre le flux.

Pont aérien

Depuis le mois de novembre 2023, l’armée de l’air jordanienne réalise régulièrement des largages d’aide humanitaire avec sa flotte d’avions-cargos, parfois en collaboration avec d’autres pays.

La fréquence de ces derniers a fortement augmenté depuis mars dernier, lorsque les forces américaines se sont jointes à l’effort.

Si cette pratique permet de contourner les freins israéliens, elle demeure toutefois particulièrement onéreuse, tout en restant limitée en termes de capacité.

D’autre part, plusieurs incidents liés à des largages ont eu des conséquences tragiques au cours des derniers mois. Dernier exemple en date: un parachutage réalisé le 26 mars, ayant causé la mort de 18 personnes.

Façade maritime

La façade maritime de la bande de Gaza a commencé à être sérieusement considérée pour acheminer de l’aide humanitaire à partir du mois de mars. Plusieurs ONG, à commencer par l’espagnole Open Arms, en collaboration avec WCK, ont affrété des navires depuis Chypre à destination de l’enclave.

Néanmoins, les frappes israéliennes ayant visé WCK le 1ᵉʳ avril ont nettement refroidi les ambitions des organisations ayant choisi la voie maritime. Depuis cette date, l’ensemble des navires en route pour Gaza ont rebroussé chemin.

En parallèle, l’armée américaine a annoncé le déploiement d’une "jetée temporaire" au large de la bande de Gaza, censée permettre d’y acheminer enfin de gros volumes d’aide humanitaire. Quatre navires spécialisés en ce sens sont déjà en route pour l’enclave, leur arrivée étant prévue à la fin du mois.

Localement, ce sont les troupes du génie israélien qui sont à la manœuvre pour la construction de cette jetée… construite avec les débris résultant des bombardements, selon l’agence turque Anadolu.