Les frappes israéliennes ont touché Gaza, mercredi, alors que les musulmans marquent la fin du mois de jeûne du Ramadan et que le président américain, Joe Biden, a qualifié d’"erreur" l’approche israélienne de la guerre.

Des bombardements israéliens meurtriers ont visé mercredi la bande de Gaza, où de nombreux Palestiniens se sont rassemblés pour prier au milieu des ruines au premier jour de la fête du Fitr, pendant qu’Israël poursuit sans répit son offensive contre le Hamas.

De Jérusalem, où des milliers de fidèles ont bravé le froid et la pluie, à Gaza, dont les enfants ont guetté la distribution des sucreries traditionnelles, cette fête, qui marque la fin du mois de jeûne musulman du ramadan, revêt cette année une singularité sans précédent.

Malgré des appels de plus en plus pressants à un cessez-le-feu, des frappes israéliennes ont touché mercredi le nord et le centre du territoire palestinien, notamment le camp de Nousseirat, où 14 personnes, dont des enfants, ont été tuées, selon le ministère de la Santé à Gaza.

Six mois après le début de la guerre déclenchée le 7 octobre par l’attaque sanglante du mouvement islamiste contre Israël, le président américain, Joe Biden, l’allié le plus puissant d’Israël, a qualifié d’"erreur" la conduite de la guerre à Gaza par le Premier ministre Benjamin Netanyahou, dans un entretien diffusé mardi par la chaîne hispanophone Univision.

Les pays médiateurs – Qatar, Égypte, États-Unis – attendent à présent des réponses à une nouvelle proposition en trois étapes, soumise dimanche aux deux camps, pour tenter de mettre fin à la guerre.

Israël maintient, de son côté, son projet d’offensive terrestre sur la ville de Rafah, frontalière avec l’Égypte dans le sud de la bande de Gaza, qu’il présente comme le dernier grand bastion du Hamas, malgré la présence d’un million et demi de personnes, selon l’ONU, en majorité des déplacés ayant fui la guerre plus au nord.

Premier jour du Fitr à Gaza

À travers la bande de Gaza, les Palestiniens fêtaient tristement mercredi le premier jour de la fête du Fitr, réunis pour prier dans leurs abris de fortune, autour de quelques bonbons ou de petits gâteaux préparés malgré les pénuries.

À Jérusalem, l’ombre du drame de Gaza planait dans l’esprit de tous, alors que des dizaines de milliers de fidèles se rassemblaient sur l’esplanade des Mosquées, sous la surveillance des forces de l’ordre israéliennes.

La guerre a éclaté le 7 octobre, lorsque des commandos du Hamas infiltrés depuis la bande de Gaza ont mené une attaque sans précédent dans le sud d’Israël, entraînant la mort de 1.170 personnes, en majorité des civils, selon un bilan établi par l’AFP à partir des chiffres officiels israéliens.

Plus de 250 personnes ont été enlevées et 129 restent détenues à Gaza, dont 34 sont mortes, d’après des responsables israéliens.

En représailles, Israël a juré d’anéantir le Hamas, au pouvoir à Gaza depuis 2007. Son armée a lancé une offensive qui a fait jusqu’à présent 33.360 tués à Gaza, en majorité des civils, selon le ministère de la Santé à Gaza.

"Changement radical"

Israël, qui assiège totalement la bande de Gaza depuis le début de la guerre, est aussi confronté à une très forte pression internationale pour laisser passer davantage d’aide humanitaire dans le territoire menacé de famine.

Le 18 mars, cinq ONG ont soumis une pétition à la Cour suprême israélienne dans l’espoir que les autorités "respectent leurs obligations de puissance occupante" en fournissant toute l’aide nécessaire à la population.

La cour a donné jusqu’à ce mercredi au gouvernement pour répondre à une série de questions sur sa politique en matière d’aide humanitaire à Gaza.

À la veille de cette échéance, les autorités ont affirmé que 468 camions étaient entrés mardi dans la bande de Gaza, le nombre le plus élevé en une journée depuis le début de la guerre.

"Nous assistons à un changement radical qui, nous l’espérons, se poursuivra et s’étendra", a déclaré mardi la cheffe de l’Agence américaine pour le développement international (USAID) Samantha Power, appelant toutefois Israël à laisser entrer plus de 500 camions par jour.

D’après Al-Jazeera, l’armée israélienne est en train de mettre en place un nouveau poste-frontière et renonce à ouvrir celui Erez-Beit Hanoun, pour éviter le blocage par des manifestants israéliens.

Belal Alsabbagh, Sophie Makris, avec AFP