Alors que des sources officielles américaines, citées par le Washington Post, ont indiqué qu’Israël a mené une attaque sur le sol iranien, vendredi à l’aube, les autorités iraniennes préfèrent, elles, tempérer, en attendant une analyse approfondie de l’origine des explosions au-dessus d’Ispahan.

L’agence de presse iranienne Tasnim a indiqué vendredi, en citant des "sources bien informées", qu’il n’y avait "aucune information faisant état d’une attaque de l’étranger", après des explosions entendues plus tôt dans le pays.

"Contrairement aux rumeurs et aux affirmations faites par les médias israéliens", il "n’y a aucune information faisant état d’une attaque de l’étranger contre la ville centrale d’Ispahan ou toute autre partie du pays", a indiqué l’agence.

Parallèlement, aucun dirigeant iranien n’a publiquement commenté ces explosions. Israël non plus n’a pas confirmé avoir mené une attaque contre la République islamique.

Selon des médias américains, notamment le Washington Post, de hauts responsables des États-Unis ont fait état d’une attaque israélienne en représailles aux tirs de drones et de missiles sans précédent contre Israël le weekend dernier.

Tasnim a expliqué que "des unités de défense aérienne avaient été activées dans certains endroits comme Ispahan et Tabriz", une ville du nord du pays. "Mais ces mesures étaient dues à la grande sensibilité des systèmes de défense aérienne en raison de la situation actuelle et à la possibilité de détecter certains petits drones", ont souligné les sources à Tasnim.

L’agence de presse officielle iranienne Irna a indiqué qu’"aucun dégât majeur" n’avait été rapporté après les explosions.

"Totalement sûres"

"Suite à l’activation de la défense aérienne dans certaines régions du pays", "aucun dégât ou explosion à grande échelle n’a été signalé", affirme l’agence, se basant sur les informations rapportées par ses journalistes.

Aux États-Unis, des médias citant des responsables américains ont aussi indiqué que Washington avait été prévenu d’une attaque israélienne contre l’Iran, mais qu’il n’avait ni approuvé l’opération ni joué aucun rôle dans son exécution.

L’agence Irna a précisé qu’"aucune information faisant état de tirs de systèmes de défense antimissile" n’avait été reçue.

Dans la province d’Ispahan (centre), où les explosions ont été entendues, "les installations importantes, en particulier les installations nucléaires, sont totalement sûres et aucun accident n’y a été signalé", a ajouté Irna.

Un officier de la province, le général de brigade Siavash Mihandoost, a expliqué à la télévision d’État que le bruit "relativement fort" entendu à l’est d’Ispahan était "lié au tir de la défense aérienne sur un objet volant" et non à une explosion au sol. "Nous n’avons eu aucun dommage ou incident", a-t-il précisé.

En début de matinée, l’activité a repris dans l’ensemble des aéroports du pays, dont les deux de Téhéran et ceux d’Ispahan et Shiraz, après avoir été suspendue à la suite des explosions.

Par ailleurs, le secrétariat du Conseil suprême national de sécurité a démenti des informations de presse selon lesquelles cette instance présidée par le président de la République islamique, Ebrahim Raïssi, avait organisé une réunion d’urgence vendredi à la suite de ces explosions, selon l’agence Tasnim.

La veille, le ministre iranien des Affaires étrangères a promis que Téhéran ferait "regretter" à Israël toute attaque contre son pays.

"Les actions de légitime défense et contre-mesures de l’Iran sont terminées, donc le régime terroriste israélien doit arrêter tout nouvel aventurisme militaire contre nos intérêts", a déclaré Hossein Amir-Abdollahian.

"En cas d’utilisation de la force par le régime israélien et de violation de notre souveraineté, la République islamique d’Iran n’hésitera pas une seconde à affirmer ses droits, à répondre de façon décisive et adéquate, à faire regretter ses actions au régime", a-il ajouté.

En janvier, l’Iran avait accusé Israël d’être "responsable" d’une attaque aux drones contre un site militaire iranien dans la province d’Ispahan.

Les drones, trois quadrilatères, avaient visé dans la nuit du 28 au 29 janvier un bâtiment de production à Ispahan, sans faire de victimes, provoquant "des dégâts mineurs", selon le ministère iranien de la Défense.

L’agence de presse Nour, considérée comme proche du Conseil de sécurité nationale de la République islamique, avait ensuite mis en cause des groupes d’opposition kurdes basés en Irak pour leur implication présumée dans l’attaque, ordonnée selon elle par un "service de sécurité étranger".

"Les composants des drones, ainsi que le matériel explosif, ont été transférés en Iran avec la participation de groupes kurdes anti-révolutionnaires basés dans le Kurdistan irakien", avait-elle accusé.

"Aucun dégât" sur les sites nucléaires selon l’AIEA

Il n’y a "aucun dégât" sur les sites nucléaires après les explosions rapportées vendredi dans le centre de l’Iran, a déclaré l’AIEA, alors que des responsables américains font état d’une attaque israélienne en représailles aux tirs contre Israël le week-end dernier.

L’Agence internationale de l’énergie atomique, basée à Vienne, en Autriche, "continue d’appeler", sur le réseau social X, "chacun à une extrême retenue et répète que jamais aucune installation nucléaire ne devrait être ciblée lors de conflits militaires".

Un haut-responsable militaire iranien avait mis en garde jeudi Israël contre l’éventualité d’une attaque contre ses sites nucléaires, en affirmant que l’Iran était prêt à lancer en représailles de "puissants missiles" sur les installations nucléaires israéliennes.

Les sites nucléaires iraniens connus sont notamment situés dans le centre, à Ispahan, Natanz ou Fordo, ainsi que dans la ville portuaire de Bouchehr, où est implantée l’unique centrale nucléaire.

Le directeur de l’AIEA, Rafael Grossi, avait indiqué lundi que l’Iran avait fermé ses installations nucléaires "pour des raisons de sécurité" le  jour de son attaque contre Israël.

Avec AFP