À deux jours de la reconnaissance de l’État de Palestine par deux de ses membres, l’UE s’efforce, en dépit de ses divisions, de s’assurer une place pour le "jour d’après" entre Israéliens et Palestiniens, en recevant plusieurs dirigeants arabes à Bruxelles.

Incapable de parler d’une voix forte sur le conflit en cours entre Israël et le Hamas, l’UE espère cependant jouer un rôle dans la définition d’une solution durable entre Israéliens et Palestiniens.

Dans ce contexte, plusieurs rencontres avec les pays arabes de la région ont déjà eu lieu. Lundi, les ministres des Affaires étrangères de l’UE retrouveront de nouveau leurs homologues d’Arabie saoudite, du Qatar, d’Égypte, des Émirats arabes unis et de Jordanie, ainsi que le secrétaire général de la Ligue arabe.

L’Union européenne, comme une grande partie de la communauté internationale, est favorable à une solution à deux États, un israélien et un palestinien vivant côte à côte, pour assurer une paix durable dans une région déchirée par un conflit qui dure depuis plus de 70 ans.

Pour y parvenir, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, a souligné dimanche, en recevant à Bruxelles le Premier ministre palestinien, Mohammed Mustafa, que seule une Autorité palestinienne "forte" était à même de garantir la paix.

Ce dernier était présent dans la capitale belge à l’occasion d’une conférence des donateurs de la Palestine.

M. Borrell a appelé les Palestiniens à engager les réformes nécessaires, y compris en matière de renforcement de l’État de droit, et réclamé d’Israël qu’il mette fin à l’expansion de ses colonies, "contraire au droit international".

"Je pense qu’une Autorité palestinienne qui fonctionne est aussi dans l’intérêt d’Israël, parce que, pour parvenir à la paix, nous avons besoin d’une Autorité palestinienne forte", a-t-il souligné.

"Intérêt d’Israël"

Les Européens ont étalé leurs divisions depuis les attaques du 7 octobre.

Ces divergences sont presque infranchissables, entre des pays comme l’Allemagne, soucieuse de ne rien faire qui puisse compromettre sa relation avec Israël, et d’autres comme l’Espagne, qui a annoncé avec l’Irlande sa reconnaissance de l’État de Palestine.

Avec la Norvège, ces deux pays de l’UE ont annoncé, la semaine dernière, reconnaître l’État de Palestine à compter du 28 mai. Ce n’est que "justice" pour le peuple palestinien, a affirmé dimanche le ministre espagnol des Affaires étrangères, Jose Manuel Albares.

D’autres pays européens s’y refusent ou jugent qu’il est encore trop tôt pour le faire.

Ces divisions ont souvent empêché l’adoption de déclarations communes par les 27 ou abouti à des textes de compromis de portée limitée. Lors des sommets européens de décembre et de février derniers, aucun texte n’a, par exemple, pu être adopté sur le sujet. Des déclarations ont ensuite été adoptées, mais à 26, sans la Hongrie.

Cependant, dans la perspective d’une paix future, l’Union européenne a cherché à élaborer une stratégie fondée sur quelques principes essentiels, dont celui du refus d’un retour du Hamas dans la bande de Gaza. Le mouvement islamiste palestinien y est au pouvoir depuis 2007, après avoir évincé l’Autorité palestinienne. L’UE juge donc indispensable de renforcer cette Autorité, très discréditée au sein même de la population palestinienne.

M. Mustafa a indiqué dimanche que sa priorité était le soutien au "peuple de Gaza", qui passe par un "cessez-le-feu immédiat".

Sa priorité numéro deux est de "travailler à réformer et à construire de meilleures institutions, capables de répondre aux attentes de la population", a-t-il assuré.

Par Olivier Baube avec AFP