Israël a fait face lundi à une vague de condamnations internationales après une frappe nocturne à Rafah qui a fait 45 morts, selon le ministère de la Santé à Gaza, et mis le feu à des tentes occupées par des Palestiniens dans un camp de déplacés.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a dit regretter "un accident tragique", tandis que son gouvernement a indiqué examiner les faits concernant cette frappe qu’il a qualifiée de "grave".

De son côté, l’armée israélienne a dit enquêter sur la mort de victimes civiles. La veille, elle avait affirmé avoir ciblé, à l’aide de "munitions précises", deux hauts responsables du Hamas, "des cibles légitimes", selon elle.

Le Hamas a dénoncé un "massacre horrible". En Cisjordanie occupée, l’Autorité palestinienne a accusé Israël d’avoir "délibérément visé" le camp de Rafah.

L’ONU a "condamné les frappes israéliennes" et demandé une enquête "complète et transparente", selon un communiqué de son émissaire pour le Proche-Orient, Tor Wennesland. Le haut-commissaire aux droits de l’homme de l’ONU, Volker Türk, s’est dit pour sa part "horrifié". "Les images du camp sont horribles et montrent que les méthodes et moyens militaires utilisés par Israël, qui ont déjà conduit à tant de morts civils, ne changent pas", a-t-il commenté.

De son côté, le président français, Emmanuel Macron, s’est dit "indigné", et son homologue turc, Recep Tayyip Erdogan, a promis que son pays ferait "tout son possible" pour que les autorités israéliennes "barbares rendent des comptes".

Le chef de la diplomatie de l’UE, Josep Borrell, s’est dit "horrifié", tandis que la Jordanie voisine a fermement condamné les "crimes de guerre en cours", estimant que la frappe israélienne à Rafah "défie les décisions de la Cour internationale de justice (CIJ)", qui avait ordonné, vendredi, à Israël de suspendre ses opérations dans cette ville. Opérations qui ont poussé en près de trois semaines quelque 800.000 à la fuite, selon l’ONU.

L’Union africaine a, elle aussi, dénoncé  un "mépris" pour l’arrêt de la CIJ, la plus haute juridiction de l’ONU,

Médiateur clé avec le Qatar et les États-Unis dans les efforts diplomatiques pour parvenir à un cessez-le-feu à Gaza, l’Égypte a condamné un "bombardement délibéré des forces israéliennes sur des tentes de déplacés", appelant Israël à "mettre en œuvre les mesures édictées par la Cour internationale de justice".

Le Qatar a prévenu que les frappes israéliennes à Rafah pourraient "compliquer les efforts de médiation", appelant "à agir de toute urgence pour empêcher un génocide et protéger les civils".

L’Arabie saoudite a également condamné "la poursuite des massacres" et le Koweït a dénoncé des "crimes de guerre flagrants".

La Maison Blanche s’est dite "bouleversée" par les images de la frappe israélienne survenue à Rafah, qui a tué des "Palestiniens innocents", et appelé Israël à "prendre toutes les précautions pour protéger les civils".

"Afflux de blessés"

La défense civile palestinienne avait fait état de nombreux corps "carbonisés" dans l’incendie qui a ravagé le camp de déplacés de Barkasat, géré par l’agence de l’ONU pour les réfugiés palestiniens (Unrwa), dans le nord-ouest de cette ville, suite à la frappe israélienne, consécutive à des tirs de roquettes sur Tel-Aviv depuis Rafah, revendiqués par le Hamas.

Des images du Croissant-Rouge palestinien, selon lequel le lieu visé avait été désigné "comme une zone humanitaire", montrent des scènes de chaos, des ambulances toutes sirènes hurlantes et des secouristes en pleine nuit sur un site en feu, évacuant les blessés, parmi lesquels des enfants.

Le Comité international de la Croix-Rouge (CICR) a dit recevoir dans un de ses hôpitaux de campagne un "afflux de blessés ayant subi des brûlures".

Des images de l’AFP au petit matin montrent les restes carbonisés de tentes de fortune et de véhicules, des familles constatant un paysage noirci autour d’elles.

Avec AFP