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À la suite d’une attaque de drone houthi sur Tel Aviv, des avions de combat israéliens, ayant décollé de la base de Nevatim dans le Néguev, ont attaqué des installations pétrolières et électriques dans la ville de Hodeïda au Yémen. Un responsable houthi a ensuite déclaré: "Israël a commis une grave erreur et en paiera le prix. Nous préparons une réponse forte et appropriée". De son côté, le site américain Axios a rapporté les propos d’un haut responsable israélien: "Israël ne veut pas d’une guerre régionale, mais continuera à protéger ses citoyens contre les attaques".

En guise de réponse, le Hezbollah a publié: "Nous pensons que c’est le début d’une nouvelle et dangereuse phase de confrontation". Cette annonce survient à la veille de l’arrivée du Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, à Washington pour une visite de trois jours. Ce qui laisse entendre que cela aura des répercussions sur les résultats de la visite, d’autant plus que le secrétaire d’État américain, Antony Blinken, avait annoncé avant ce développement militaire: "Nous sommes à quelques mètres de la ligne d’arrivée pour un accord de cessez-le-feu".

Selon certaines informations, le président Joe Biden tenterait de conclure un accord, malgré les tergiversations de M. Netanyahou. Celui-ci semble avoir opté pour une intensification des opérations militaires sur tous les fronts, jusqu’au Yémen, tout en obtenant le rejet par la Knesset de la création d’un État palestinien aux frontières d’Israël.

Ainsi, le Premier ministre israélien se rend à Washington fort de cette décision, convaincu que l’administration Biden est devenue un "canard boiteux", incapable d’exercer des pressions sur lui ou d’imposer ses exigences.

Partant, y aura-t-il des développements dans la région avant les élections américaines qui pourraient modifier la dynamique actuelle? Et qu’en est-il du Liban?

À l’échelle internationale, le Liban n’est plus une priorité pour les États-Unis, absorbés par leurs propres élections et la lutte intense et sanglante entre les candidats, ni pour la France après ses élections législatives.

En interne, la clé de la résolution de la crise reste hors de portée, prise en étau entre le camp de l’opposition et celui de la Moumanaa, au milieu de débats sans fin et d’accusations mutuelles.

En effet, le duopole Amal-Hezbollah reste ferme sur ses positions et ne cédera pas tant que ses exigences politiques ne seront pas satisfaites. Entre-temps, le président de la Chambre, Nabih Berry, a plaidé en faveur d’un dialogue de dix jours pour résoudre la crise, avec la possibilité d’élire un président le dernier jour. Selon des sources proches de M. Berry, l’objectif est d’établir un cadre global qui porte non seulement sur la présidentielle, mais aussi sur la nomination du Premier ministre, la formation du gouvernement et la mise en œuvre de réformes clés. Les mêmes sources indiquent que ce paquet global nécessite un consensus qui ne peut être obtenu que par le biais d’un dialogue avec toutes les parties sans exception.

D’un autre côté, selon des sources politiques proches du Hezb, l’arrêt de toutes les campagnes contre la "résistance" est un préalable à toute discussion sur le sujet et le Hezbollah insiste sur le dialogue selon la proposition de Berry.

Ce à quoi l’opposition rétorque: "Quiconque veut un président doit faire des concessions, faciliter le processus et respecter la Constitution", au lieu de s’accrocher à son seul et unique candidat, Sleiman Frangié. 

Dans une démarche notable, le chef du Courant patriotique libre, Gebran Bassil, a proposé au Hezbollah que les députés du CPL assurent le quorum des deux tiers lors des sessions d’élection du président, à condition que le Hezbollah renonce à soutenir la candidature de Sleiman Frangié et s’abstienne de soutenir Joseph Aoun. Et ce, afin de s’accorder sur un troisième candidat, une personnalité indépendante approuvée à la fois par le CPL et le Hezbollah.

Au milieu de ces divisions sur les priorités politiques, un ancien responsable se demande pourquoi les forces politiques ne reviennent pas au pacte de 1943, convenu par les hommes de l’indépendance à la création de l’État libanais, qui repose sur "ni à l’Est, ni à l’Ouest. Le Liban se tient aux côtés des Arabes en cas d’accord et opte pour la neutralité en cas de désaccord".

Et l’opposition de rétorquer: "Certains insistent pour aligner le Liban sur des agendas et des projets politiques extérieurs qui desservent les intérêts du Liban. Par conséquent, où en est le Liban aujourd’hui par rapport au pacte de 1943?"

Face à cette situation, des sources politiques n’excluent pas que le Qatar, membre du Quintette, prenne l’initiative de convoquer une conférence à Doha, à l’instar de celle de 2008 qui a conduit à l’élection du général Michel Sleiman à Baabda à la suite d’un consensus sur la situation politique.

Un diplomate occidental affirme que les solutions et les règlements dans la région resteront en suspens, dans l’attente de l’accord américano-iranien qui dessinera la nouvelle carte du Moyen-Orient, la crise multiple du Liban étant un élément clé de l’équation.

 

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