Le corps du chef du Hamas Ismaïl Haniyé, assassiné à Téhéran dans une attaque imputée à Israël, est arrivé vendredi dans une grande mosquée de Doha, au Qatar, avant son enterrement, pendant que l’Iran et ses alliés préparent leur riposte.

Après des funérailles officielles, marquées par des appels à la vengeance, qui ont rassemblé des milliers de personnes jeudi à Téhéran, une cérémonie de prières aura lieu à la mosquée Imam Mohammad ben Abdel Wahhab, la plus grande de la capitale, Doha.

Le Hamas a appelé à une "journée de colère" à l’occasion de l’enterrement de son chef politique et demandé que "des marches de colère partent de chaque mosquée" après la grande prière du vendredi.

Ismaïl Haniyé, selon le mouvement islamiste palestinien, doit être enterré dans un cimetière de Lusail, dans le nord de la capitale qatarie, avec "une participation populaire (…) ainsi que celle de dirigeants arabes et islamiques".

La Turquie a décrété une journée de deuil national.

Le New York Times, citant cinq responsables de pays du Moyen-Orient parlant sous couvert d’anonymat, a affirmé qu’Ismaïl Haniyé avait été tué par une bombe cachée depuis environ deux mois dans la résidence où il séjournait, protégée par les Gardiens de la révolution et faisant partie d’un vaste complexe situé dans un quartier huppé du nord de Téhéran.

"Lignes rouges" 

"Israël ne sait pas quelles lignes rouges il a franchies", a lancé jeudi le chef du Hezbollah, Hassan Nasrallah, lors des funérailles de Fouad Chokr, en menaçant Israël d’une "riposte inéluctable". Dans la soirée, le mouvement a annoncé avoir lancé des dizaines de roquettes sur le nord d’Israël.

Le Hezbollah, allié du Hamas et soutenu par l’Iran, échange des tirs presque quotidiens avec l’armée israélienne le long de la frontière israélo-libanaise depuis le début de la guerre dans la bande de Gaza, déclenchée par l’attaque sans précédent du mouvement palestinien contre Israël le 7 octobre.

Les attaques de Téhéran et Beyrouth ont ravivé les craintes d’une extension de la guerre à l’ensemble du Moyen-Orient, entre Israël d’une part, l’Iran et les groupes qu’il soutient au Liban, en Syrie, en Irak et au Yémen d’autre part.

Le Premier ministre israélien, Benjamin Netanyahou, a affirmé jeudi qu’Israël était à un "niveau très élevé" de préparation pour n’importe quel scénario, "tant défensif qu’offensif", selon son bureau.

Lors d’un entretien téléphonique avec M. Netanyahou jeudi, le président américain Joe Biden "a réaffirmé son engagement pour la sécurité d’Israël contre toutes les menaces de l’Iran, y compris de groupes terroristes qui agissent par procuration comme le Hamas, le Hezbollah et les Houthis" du Yémen, a souligné la présidence américaine.

Quelques heures plus tard, M. Biden s’est déclaré "très inquiet" des tensions au Moyen-Orient et a estimé que l’assassinat du chef du Hamas n’avait "pas arrangé" la situation.

Les Houthis, eux aussi alliés du Hamas, ont promis jeudi une "réponse militaire" à la "dangereuse escalade" provoquée selon eux par Israël.

Éviter une escalade

Le Qatar accueille le bureau politique du Hamas avec l’accord des États-Unis depuis 2012, après la fermeture par le mouvement palestinien de son bureau à Damas.

Ismaïl Haniyé a joué un rôle clé dans les négociations en vue d’une éventuelle trêve à Gaza, en liaison avec les médiateurs du Qatar qui ont mis en doute la poursuite de cette médiation après son assassinat.

La communauté internationale a appelé au calme et à œuvrer pour un cessez-le-feu à Gaza.

Plusieurs analystes estiment que la riposte de l’Iran et de ses alliés devrait rester mesurée, avec la volonté d’éviter une escalade.

"L’Iran et le Hezbollah ne voudront pas jouer le jeu de Netanyahou et lui donner l’appât ou les prétextes dont il a besoin pour entraîner les États-Unis dans une guerre", a estimé l’analyste Amal Saad, experte du Hezbollah.

Par Callum PATON, AFP

 

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