Lors de la bataille de Raqqa contre l’État islamique en 2017, l’armée américaine n’en a pas fait assez pour épargner les civils, estime un rapport commandé par le Pentagone. Les frappes de drones et d’artilleries ont causé trop de dommages à la population et à la ville dans son ensemble, ce qui, d’un point de vue stratégique, est négatif pour les États-Unis dans la région.

L’armée américaine aurait pu en faire davantage pour limiter les dommages infligés aux civils pendant la bataille de Raqa qui a marqué la chute du groupe Etat islamique (EI) en 2017, selon un rapport commandé par le Pentagone.

A l’issue de cette bataille de près de cinq mois destinée à libérer cette grande ville syrienne de l’étau de l’EI, " 60 à 80% de la ville était inhabitable " et la rancoeur de la population s’est dirigée contre les libérateurs, souligne ce rapport du centre de recherche RAND Corporation.

Les frappes dites " ciblées " et les tirs d’artillerie des forces de la coalition sur Raqa ont fait de nombreuses victimes civiles entre le 6 juin et le 30 octobre 2017: de 744 à 1.600 morts, selon les décomptes de la coalition, d’Amnesty International ou du site spécialisé Airwars, indique le rapport. Mais la bataille de Raqa a aussi causé la destruction d’un grand nombre de bâtiments et d’infrastructures, ce qui a " affaibli les intérêts à long terme des Etats-Unis " dans la région, ajoute le document de 130 pages.

Selon les chiffres de l’ONU cité par RAND Corporation, 11.000 bâtiments ont été détruits ou endommagés entre février et octobre 2017, dont 8 hôpitaux, 29 mosquées, plus de 40 écoles, cinq universités et le système d’irrigation de la ville.

L’armée américaine, qui a mené 95% des frappes aériennes et 100% des tirs d’artillerie pendant la bataille de Raqa, n’a pas commis de crime de guerre durant cette bataille car elle a tenté de respecter les lois internationales sur la protection des civils en temps de guerre, mais " elle pourrait faire mieux ", selon RAND.

La décision d’encercler la ville pour " anéantir l’EI ", comme l’ont annoncé les responsables militaires américains à l’époque, a empêché la création de couloirs humanitaires pour les civils et poussé les combattants de l’EI à prendre la population comme bouclier dans les quartiers les plus densément peuplés, souligne le rapport.

Au lieu de concentrer ses opérations sur des frappes aériennes pour épargner la vie de ses soldats, l’armée américaine devrait par ailleurs être préparée à envoyer plus de troupes sur le terrain pour avoir une meilleure connaissance de la situation et des risques, selon RAND.

En outre, la hiérarchie militaire devrait désormais préparer ses opérations en gardant à l’esprit que les dommages aux civils ont un coût stratégique, conclut le rapport.

" Raqa a subi le plus de dégâts structurels par kilomètre carré de toutes les villes syriennes ", selon le rapport. " Le niveau de dommages structurels et le manque de soutien américain à la reconstruction de Raqa ont conduit de nombreux habitants à dénigrer la façon dont leur ville avait été libérée ".

Avec AFP

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