À l’arrêt depuis mars, les négociations sur le nucléaire iranien pourraient reprendre le 10 mai. Le négociateur de l’Union européenne est attendu à Téhéran mardi, afin de reprendre les pourparlers entre l’Union, les États-Unis et l’Iran.

Le négociateur de l’Union européenne chargé de coordonner les pourparlers sur le nucléaire iranien à Vienne, Enrique Mora, est attendu mardi 10 mai à Téhéran pour une ultime démarche, pour débloquer les négociations à l’arrêt depuis le 11 mars.

L’Iran est engagé depuis un an dans des négociations directes avec la France, l’Allemagne, la Grande-Bretagne, la Russie et la Chine, et indirecte avec les États-Unis, pour relancer un accord conclu en 2015 sur son programme nucléaire, mais dont Washington s’est retiré unilatéralement en 2018.

Les pourparlers visent à ramener les États-Unis dans cet accord, notamment par la levée des sanctions contre l’Iran et la garantie du plein respect par Téhéran de ses engagements. Après l’arrêt en mars des négociations dans la capitale autrichienne, l’Iran a appelé le 25 avril à une réunion " le plus tôt possible " en vue de rétablir l’accord sur le nucléaire.

" L’ordre du jour des pourparlers (de M. Mora) à Téhéran est quasiment fixé ", a indiqué le porte-parole du ministère, Saïd Khatibzadeh, lors de sa conférence de presse hebdomadaire. " Il rencontrera Ali Bagheri, négociateur en chef de la République islamique d’Iran ", a-t-il ajouté.

La date officielle de l’arrivée de M. Mora est rarement communiquée à l’avance, mais selon la presse iranienne, il devrait être à Téhéran mardi 10 mai. La dernière visite de M. Mora à Téhéran remonte au 27 mars et deux jours plus tard, il s’était rendu aux États-Unis.

" La voyage de M. Mora fait avancer les pourparlers dans la bonne direction ", a assuré M. Khatibzadeh, mais cela " ne signifie pas qu’il arrive avec un nouveau message après une pause ", a-t-il toutefois souligné, des messages étant " constamment échangés entre l’Iran et les États-Unis via l’Union européenne ".

Parmi les principaux obstacles figure la demande de Téhéran de retirer les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de l’Iran, de la liste noire américaine des " organisations terroristes étrangères ".

Les médias " ne doivent pas réduire les questions (en suspens) entre l’Iran et les États-Unis à une seule question, comme par exemple les Gardiens ", a lancé M. Khatibzadeh.

" Les lignes (rouges) fixées par les hautes instances de la République islamique ont été respectées, et c’est pourquoi nous en sommes là aujourd’hui ", a-t-il ajouté, sans plus de précision. " Si les États-Unis décident aujourd’hui de respecter les droits du peuple iranien, nous pouvons aller à Vienne après la visite de M. Mora et signer l’accord ", a encore dit le porte-parole. " M. Mora a demandé d’autres rencontres (avec des responsables iraniens) au sein et hors du ministère des Affaires étrangères, mais nous devons voir ce qui va se passer ", a indiqué M. Khatibzadeh.

Samedi 7 mai, le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell, avait déclaré au Financial Times qu’il cherchait une " voie médiane " pour mettre fin à l’impasse qui menace de saboter plus d’un an d’efforts diplomatiques européens pour sceller un accord qui conduirait les États-Unis à rejoindre l’accord de 2015 et levée des sanctions contre l’Iran.

En contrepartie, la République islamique réduirait drastiquement son activité nucléaire. M. Borrell a confié au quotidien britannique que c’est lui qui avait souhaité que le négociateur de l’UE se rende à Téhéran pour discuter de la question, mais que l’Iran " était très réticent ". Il avait décrit cette mission de M. Mora comme la " dernière cartouche ".

" À un certain moment, je dirai, en tant que coordinateur (des pourparlers de Vienne), je mets cette proposition sur la table, formellement  (…) le seul point d’équilibre possible serait celui-ci ", avait expliqué M. Borrell au FT. " Nous ne pouvons pas continuer comme ça indéfiniment, car entre-temps, l’Iran continue de développer son programme nucléaire ", avait-il souligné.