La Franco-Libanaise Rima Abdul-Malak, nommée vendredi ministre de la Culture, entre dans la lumière après avoir été conseillère culture du président Emmanuel Macron et de l’ancien maire de Paris Bertrand Delanoë, forte aussi d’une expérience dans l’humanitaire. Une ascension remarquable pour cette quadragénaire, spécialiste du spectacle vivant: elle a passé les dix premières années de sa vie à Beyrouth en pleine guerre civile, avant d’arriver à Lyon avec ses parents, son frère et sa sœur.

Défendre la " souveraineté culturelle "

La nouvelle ministre de la Culture s’est engagée vendredi à " défendre la souveraineté culturelle ", à investir dans l’éducation artistique et à relever " le défi titanesque " de la transition écologique dans le milieu.

" Je suis résolue à défendre notre souveraineté culturelle pour affirmer la place de la création française, de la langue française, de l’innovation française dans l’océan numérique, et bientôt dans le métavers ", a affirmé la Franco-Libanaise de 43 ans lors de la passation de pouvoirs avec Roselyne Bachelot rue de Valois, vendredi en fin d’après-midi.

" Je suis résolue à me battre pour investir plus massivement que jamais dans l’éducation artistique, dans l’encouragement des pratiques artistiques pour développer l’envie de culture de notre jeunesse ", a ajouté l’ex-conseillère culture du président Emmanuel Macron. " Je me réjouis de pouvoir travailler avec Pap Ndiaye ", nouveau ministre de l’Education nationale.

 

" Défi majeur et titanesque "

Parmi les autres axes de la nouvelle locataire de la rue de Valois, figure l’accompagnement des institutions culturelles dans " leur transition écologique ". " C’est un défi majeur et titanesque ", a souligné celle qui dit avoir quitté " la place de la conseillère de l’ombre " pour devenir ministre.

Elle souhaite " placer la culture dans la politique d’apaisement des mémoires " impulsée par M. Macron. " Ce n’est ni une politique de repentance ni une politique de déni, c’est une politique de reconnaissance ", a-t-elle assuré.

La ministre entend également rendre le patrimoine " plus accessible ", " défendre un audiovisuel public, pluraliste et indépendant ", " amplifier le développement de notre cinéma " et " porter un grand plan pour les métiers d’art (…) pour préserver le savoir-faire, le perpétuer " et " créer des métiers d’avenir pour notre jeunesse ".

Hommage à son professeur de français

Mme Abdul-Malak a rendu hommage à ses parents, " qui ont le courage de quitter Beyrouth en pleine guerre (civile, 1975-1990) avec leur trois enfants et cinq valises et qui ont choisi la France et sa devise de liberté, égalité, fraternité ".

Elle a également rendu hommage à son professeur de français, au collège, qui lui a transmis " le plus beau des virus ", celui du théâtre, et aux " enfants dans les camps de réfugiés, les hôpitaux, les orphelinats " qu’elle a rencontrés lors de son travail avec l’ONG " Clowns sans frontières ".

Mme Bachelot a rappelé le bilan de son mandat, entamé en pleine pandémie et durant lequel son ministère a apporté 14,6 milliards d’euros pour aider un milieu culturel fragilisé.

 

Un parcours remarquable

Conseillère culture et communication du président de la République depuis décembre 2019, Rima Abdul-Malak a eu à gérer la crise sanitaire qui a particulièrement malmené les artistes.

Elle a fait ses armes politiques à partir de 2008 dans le cabinet de Christophe Girard, alors adjoint à la Culture du maire de Paris.

Ce dernier se souvient d' "une personnalité intéressante, inhabituelle ", qui avait auparavant travaillé pour " Clowns sans frontières ", oeuvrant auprès des enfants dans les zones de guerre.

Rima Abdul Malak a été d’abord conseillère chargée du spectacle vivant, avant de prendre le poste de directrice de cabinet en 2010.

Cette adepte du yoga a ensuite intégré le cabinet de Bertrand Delanoë, dont elle a été la conseillère culture pendant deux ans. Elle a notamment porté les projets de la Philharmonie ou du Centquatre.

Rima Abdul-Malak a aussi dirigé le pôle musique de l’Institut français de 2007 à 2008.

" Force de travail "

Ceux qui l’ont côtoyée ne tarissent pas d’éloges. Tous décrivent " une personne chaleureuse ", " loyale ", " extrêmement disponible " et " fidèle en amitié ".

" Elle a dédié toute sa vie à l’art ", indiquait à l’AFP un de ses collègues à la mairie de Paris, Gaspard Gantzer, ex-conseiller du président François Hollande. " C’est une femme cultivée, intelligente et d’une grande sensibilité artistique ", qui a " un amour inconditionnel pour les artistes, les auteurs, les interprètes ".

Pour Bruno Julliard, ancien premier adjoint de la maire de Paris Anne Hidalgo, qui connait Rima Abdul Malak depuis une dizaine d’années, " c’est quelqu’un qui a une force de travail exceptionnelle, une capacité d’engagement et d’investissement extraordinaire ".

" Elle a une vraie vision d’une politique culturelle ", avec " des convictions de gauche " et " progressiste ", et " une ambition élevée pour la " démocratisation culturelle, qui pour elle ne veut pas dire nivellement par le bas ", poursuit-il.

 

Attachée culturelle à New York

Après la Ville de Paris, Rima Abdul-Malak a occupé à New York le poste d’attachée culturelle pour l’ambassade de France, de 2014 à 2018. Elle y a affiché son ambition de faire rayonner le théâtre français.

Sa carrière avait débuté dans l’humanitaire. Elle a été de 2001 à 2005 directrice de programme de l’association Clowns sans frontières.

Rima Abdul-Malak a aussi travaillé auprès d’associations culturelles soutenues par le Comité catholique contre la faim et pour le Développement (CCFD), dans les territoires palestiniens.

Cette arabophone, qui parle couramment l’anglais, est diplômée de Sciences Po Lyon et de l’université Lyon-II (spécialité monde arabe contemporain), et titulaire d’un DESS Développement et coopération internationale.

Elle n’est pas mariée et n’a pas d’enfants.

AFP