Les " sionistes " auraient tué un colonel iranien à Téhéran le 22 mai, selon Téhéran, qui accuse directement l’État d’Israël et ses alliés, américains notamment. Le colonel Sayyad Khodaï, 50 ans, a été tué par balles par deux motards alors qu’il rentrait chez lui dans l’est de la capitale iranienne.

L’Iran a accusé lundi 30 mai les " sionistes " d’avoir tué l’un de ses colonels à Téhéran, quelques jours après qu’Israël a, selon le New York Times, affirmé aux États-Unis être responsable du meurtre de cet important officier des Gardiens de la Révolution.

Israël et les États-Unis sont les ennemis jurés de l’Iran. Téhéran ne reconnaît pas l’existence de l’État d’Israël et ses liens diplomatiques avec Washington sont rompus depuis 1980.

Les Gardiens de la révolution, l’armée idéologique de la République islamique d’Iran, figurent sur la liste noire américaine des " organisations terroristes étrangères ".

Le 22 mai, le colonel Sayyad Khodaï, 50 ans, a été tué par balles par deux motards alors qu’il rentrait chez lui dans l’est de la capitale iranienne.

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Le corps du colonel Sayyad Khodai dans sa voiture, le 22 mai (AFP)

Membre éminent de la Force Qods

Il était un membre de la Force Qods, l’unité d’élite des Gardiens de la révolution en charge des opérations extérieures, selon la télévision d’État. Khodaï était " connu " en Syrie, pays en guerre où l’Iran aide militairement le régime de Bachar al-Assad.

L’officier, " tombé en martyr, a été tué par les gens les plus vicieux, c’est-à-dire les sionistes. Et si Dieu le veut, nous vengerons sa mort ", a indiqué le chef des Gardiens, le général Salami, en rendant visite à la famille du colonel à Téhéran.

" De la Maison Blanche à Tel-Aviv, l’ennemi a pourchassé (l’officier) pendant des mois et des années, de maison en maison et de rue en rue ", a-t-il affirmé, selon un communiqué officiel.

Dans le discours officiel iranien, le terme " sionistes " désignent les Israéliens, mais parfois aussi les pays et les individus qui soutiennent l’État d’Israël. Les Iraniens emploient le terme " régime sioniste " pour désigner spécifiquement l’État israélien.

Au lendemain de la mort du colonel, le président iranien Ebrahim Raïssi a accusé des " éléments liés à l’arrogance mondiale ", une expression faisant référence aux États-Unis et à leurs alliés dans la phraséologie officielle iranienne.

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Le général Salami, chef des gardiens de la révolution, lors des obsèques de Sayyad Khodai le 24 mai (AFP)

Et après les accusations de M. Raïssi, le New York Times a écrit la semaine dernière: " d’après un responsable des services de renseignement suivant l’affaire, Israël a indiqué à des responsables américains qu’il était derrière l’assassinat ".

Un avertissement israélien

Selon ce responsable non identifié, Israël a dit aux Américains que cette opération était un avertissement à l’Iran pour qu’il cesse les opérations d’une " unité secrète " opérant au sein de la Force Qods.

Toujours d’après le journal américain, des responsables israéliens ont affirmé que Khodaï était le commandant adjoint de cette " unité secrète ", impliquée dans la " planification de complots contre des étrangers, y compris des Israéliens ".

En novembre 2022, le physicien nucléaire Mohsen Fakhrizadeh a été tué à Téhéran dans une attaque contre son convoi imputée immédiatement par l’Iran à l’État d’Israël.

Et en janvier 2020, l’armée américaine a tué dans une attaque au drone à Bagdad le général Qassem Soleimani, chef de la Force Qods.

L’un des derniers obstacles dans les négociations, actuellement à l’arrêt, entre l’Iran et les puissances mondiales sur le dossier nucléaire iranien, est la demande de Téhéran de retirer les Gardiens de la Révolution de la liste noire américaine.

Ces négociations lancées il y a plus d’un an à Vienne visent à relancer un accord international conclu en 2015 pour encadrer le programme nucléaire iranien. En 2018, les États-Unis se sont retirés unilatéralement de cet accord et ont rétabli les sanctions contre l’Iran.

Avec AFP