Suite à la décision de l’Iran de retirer 27 caméras de surveillance des activités nucléaires, l’Agence internationale de l’énergie atomique a dénoncé un " coup fatal " porté à l’accord de 2015 sur le nucléaire iranien, déjà moribond. Cette mesure fait suite au vote d’une résolution à l’AIEA condamnant l’Iran pour son manque de coopération sur ses activités nucléaires, une critique que réfute Téhéran, affirmant que l’Iran a " le programme nucléaire pacifique le plus transparent au monde ". L’Iran a de même annoncé à l’AIEA la mise en place de nouveaux équipements sur le site nucléaire de Natanz, augmentant significativement sa capacité d’enrichissement d’uranium. 

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé jeudi la décision de l’Iran de retirer 27 caméras de surveillance des activités nucléaires (AFP)

L’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA) a dénoncé jeudi la décision de l’Iran de retirer 27 caméras de surveillance des activités nucléaires, avertissant d’un " coup fatal " aux pourparlers dans ce dossier sensible, si le blocage devait persister.

Cette mesure " pose naturellement un sérieux défi à notre capacité à continuer à travailler là-bas ", a déclaré le directeur général Rafael Grossi, lors d’une conférence de presse au siège de l’instance onusienne à Vienne.

Téhéran avait annoncé mercredi avoir déconnecté certaines des caméras, sans en préciser le nombre, pour protester contre le vote au Conseil des gouverneurs d’une résolution le rappelant formellement à l’ordre pour son manque de coopération.

Condamnant le texte présenté par les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France et l’Allemagne (E3), le ministère des Affaires Étrangères a déploré " une action politique, non constructive et incorrecte ".

Cette critique formelle adressée à l’Iran – la première depuis juin 2020 – a été votée mercredi par 30 des 35 membres du Conseil des gouverneurs de l’AIEA, seules la Russie et la Chine ayant voté contre. Trois pays se sont par ailleurs abstenus (Inde, Pakistan, Libye).

La résolution est intervenue après que l’Agence a fait part de ses inquiétudes concernant des traces d’uranium enrichi précédemment trouvées sur trois sites que Téhéran n’avait pas déclarés comme ayant hébergé des activités nucléaires.

Une escalade mesurée

L’adoption de ce texte, " qui est basé sur le rapport hâtif et déséquilibré du directeur général de l’AIEA et sur de fausses informations fabriquées par le régime sioniste, ne fera qu’affaiblir le processus de coopération et d’interaction entre la République islamique d’Iran et l’Agence ", a prévenu le ministère iranien.

Outre la désactivation des caméras, l’Iran a informé l’AIEA de la mise en place de deux nouvelles cascades de centrifugeuses avancées sur le site de Natanz (centre), renforçant ainsi significativement sa capacité d’enrichissement d’uranium.

Le porte-parole de la diplomatie, Saeed Khatibzadeh, a également critiqué la résolution dans un message sur Twitter, affirmant que l’Iran avait " le programme nucléaire pacifique le plus transparent au monde ". " Les initiateurs sont responsables des conséquences. La réponse de l’Iran est ferme et proportionnée ", a-t-il ajouté.

L’AIEA, chargée de s’assurer du caractère pacifique des activités nucléaires, peut continuer les inspections et a encore 40 caméras sur place ainsi que d’autres outils à sa disposition. Mais la riposte de Téhéran aboutit à " moins de transparence, plus de doutes ", a expliqué M. Grossi.

" Cela veut-il dire qu’on arrive en bout de course ? J’espère que cela ne sera pas le cas ", a-t-il ajouté, appelant l’Iran à renouer le dialogue une fois " l’émotion retombée ".

Un potentiel " coup fatal " à l’accord de 2015

L’Iran a informé l’AIEA de la mise en place de deux nouvelles cascades de centrifugeuses avancées sur le site de Natanz (centre), renforçant ainsi significativement sa capacité d’enrichissement d’uranium. (AFP)

Après l’adoption de la résolution mercredi soir à une large majorité, les États-Unis et l’E3 avaient également exhorté l’Iran " à remplir ses obligations légales et à coopérer avec l’AIEA pour clarifier et résoudre pleinement ces questions sans délai supplémentaire ".

Si le blocage persiste, " dans trois ou quatre semaines " l’AIEA ne sera plus en mesure de fournir les informations nécessaires au suivi du programme nucléaire iranien, a précisé le chef de l’Agence.

Ceci, a-t-il estimé, " porterait un coup fatal " à l’accord de 2015 prévoyant la limitation des activités nucléaires en échange d’un allégement des sanctions internationales.

Ce pacte, connu sous son acronyme anglais JCPOA, est moribond depuis que l’ex-président Donald Trump en a retiré unilatéralement les États-Unis en 2018 et a réimposé des sanctions à Téhéran.

Un an après ces nouvelles mesures punitives, l’Iran a commencé à revenir sur ses engagements. Des pourparlers pour relancer l’accord ont démarré en avril 2021, mais ils sont au point mort depuis mars.

Dans un Iran asphyxié par les sanctions économiques, des passants interrogés par l’AFP, à l’image d’Ebrahim Ahmadpour, 60 ans, appelaient les autorités à " coopérer avec l’AIEA ". Il faut agir " pour que les problèmes ne s’aggravent pas davantage encore et que le peuple vive en paix et prospérité ", a-t-il dit.

Avec AFP

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