Les résultats des élections législatives laissent promettre un second tour serré, principalement entre le parti Renaissance! du camp présidentiel, et la Nouvelle Union Populaire, Ecologique et Sociale (NUPES) qui rassemble plusieurs partis de gauche. Selon les derniers chiffres, les deux camps seraient au coude-à-coude et s’affronteront dans la plupart des circonscriptions, tandis que l’extrême-droite, elle, enregistre un score comparable à celui de la présidentielle au premier tour, mais échoue à se qualifier pour le second tour, se contentant d’une troisième place. 

Marine le Pen (RN) appelle à la mobilisation, et juge possible un " groupe très important " à l’Assemblée (AFP)

La gauche unie et le camp Macron sont au coude-à-coude dimanche au premier tour des élections législatives, (25% à 25,9%), le président réélu n’étant pas assuré de conserver la majorité absolue à l’Assemblée nationale, sur fond d’abstention record.

Le jeu s’annonce ouvert pour le second tour, dimanche prochain, où l’un des enjeux sera de mobiliser les abstentionnistes. Entre 52,1 et 53,2% des électeurs ont décidé de bouder les urnes au premier tour.

Le camp Macron, réuni sous l’étiquette Ensemble!, garde toutefois l’avantage dans les projections des 577 sièges de députés, avec une fourchette de 260 à 300 sièges, devant la gauche (LFI, PCF, PS et EELV) rassemblée sous la bannière Nupes (150 à 208), selon l’institut Harris, et une fourchette de 275 à 310 pour Ensemble! et 190 à 210 pour la Nupes, selon Ifop-Fiducial.

Ensemble! espère conserver la majorité absolue (289 députés) pour éviter de composer avec d’autres groupes pour faire adopter les textes de l’exécutif. En 2017, La République en marche et Modem avaient raflé plus de 32% au premier tour avant d’obtenir près de 350 députés au second.

" Nous sommes la seule force politique en mesure d’obtenir une majorité forte et claire ", a insisté la Première ministre Elisabeth Borne. " La majorité est loin d’être acquise (…) C’est un très sérieux avertissement qui est adressé à Emmanuel Macron, c’est sept points de moins qu’en 2017 ", a toutefois estimé Brice Teinturier, directeur général délégué d’Ipsos France, sur France2.

Symbole des difficultés de la macronie, l’ex-ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer a été éliminé dès le premier tour dans le Loiret. " La vérité est que le parti présidentiel est battu et défait ", a assuré l’Insoumis Jean-Luc Mélenchon, qui a appelé le " peuple " à " déferler dimanche prochain " dans les isoloirs.

Des résultats contrastés 

En cas de défaite, les ministres candidats aux législatives devront démissionner, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par M. Macron. (AFP)

D’ici dimanche, les responsables de gauche vont tenter de trouver les réserves de voix suffisantes pour envoyer, comme ils le souhaitent, le leader insoumis à Matignon.

Comme prévu, les candidats du Rassemblement national (18,5% à 19,8%) n’ont pas réussi à tirer profit de la dynamique de Marine Le Pen à la présidentielle, qui avait engrangé plus de 40% des voix au deuxième tour. Cantonné à huit élus en 2017, le contingent de députés RN devrait cependant être nettement plus étoffé cette fois et compter encore dans ses rangs Mme Le Pen, donnée largement en tête dans sa circonscription du Pas-de-Calais (autour de 55%).

Marine Le Pen a appelé les électeurs à " envoyer un groupe très important de députés patriotes dans la nouvelle Assemblée nationale ".En cas de duel entre Ensemble! et la Nupes, elle a appelé ses électeurs à " ne pas choisir ". " La France n’est ni une salle de marché ni une ZAD ", a-t-elle tonné.

À l’inverse, dans le sillage de la lourde chute de sa candidate Valérie Pécresse à la présidentielle, LR (11,6% à 14%) devrait perdre sa place de premier groupe d’opposition à l’Assemblée nationale.

L’abstention, grand vainqueur des élections 

La clé du second tour résidera une nouvelle fois dans la participation, historiquement basse ce dimanche pour un premier tour d’élections législatives.

Depuis 1993, le désintérêt n’a cessé de s’accroître pour ces scrutins, une tendance qui s’est accélérée avec l’instauration du quinquennat et l’alignement des élections présidentielles et législatives en 2002.

Pourtant, les différents partis engagés n’ont cessé d’envoyer des appels à la mobilisation et ont lourdement insisté sur les enjeux, six semaines après avoir vu Emmanuel Macron obtenir un deuxième mandat à l’Élysée.

Pour le chef de l’État, qui a appelé les Français à lui donner " une majorité forte et claire ", il s’agit d’être en mesure de faire approuver les nombreuses réformes promises dans son programme, à commencer par celle des retraites qui doit entrer en application dans un an.

La " demi-victoire " de la gauche unifiée

Autre centre d’attention, le sort des 15 membres du gouvernement engagés, à commencer par Elisabeth Borne en lice dans le Calvados et créditée de 33% à 36,5% selon les sondages. En cas de défaite, ils devront démissionner, conformément à une règle non écrite mais déjà appliquée en 2017 par M. Macron.

Théoriquement la plus en danger, la secrétaire d’État à la Mer Justine Benin (MoDem) est en ballottage favorable face au candidat Nupes Christian Baptiste en Guadeloupe, où l’on a voté dès samedi.

Côté Nupes, l’espoir est tenu d’imposer à M. Macron un gouvernement de cohabitation, comme la gauche plurielle y était parvenue en 1997 avec Lionel Jospin. Alors que M. Mélenchon avait exhorté les Français à faire de ces élections un " troisième tour " de la présidentielle, la gauche devrait tout de même s’imposer comme le principal bloc d’opposition au Palais-Bourbon.

Une forme de demi-victoire tactique quand, de l’autre côté de l’hémicycle, Les Républicains vont compter leurs survivants parmi la centaine de sortants, en espérant tirer au maximum profit de leur ancrage local.

Avec AFP

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