Alors que l’Occident cherche désespérément à diversifier ses approvisionnements et que les prix des hydrocarbures se sont envolés suite à la guerre en Ukraine, deux pays pourraient tirer leurs épingles du jeu : l’Iran et le Venezuela, deux importants producteurs d’or noir qui pâtissent de sanctions internationales les empêchant d’exporter leur ressource. Leur capacité de production, avoisinant les cinq millions de barils par jour, serait en mesure de stabiliser les marchés pétroliers et orienter les prix à la baisse, alors que les pays du Golfe sont attachés au statu quo et ont refusé les demandes américaines d’augmentation de la production…

Le Vénézuela dispose des plus grandes réserves mondiales de pétrole prouvées, avec plus de 300 milliards de barils. (AFP)

La Russie mise au ban, deux membres de l’alliance des producteurs de pétrole Opep+ pourraient tirer leur épingle du jeu, estiment les experts: l’Iran et le Venezuela, jusqu’ici indésirables et sous sanctions américaines.

C’est une occasion en or pour ces deux pays de revenir dans les bonnes grâces de l’Occident, avance Edward Moya, du courtier Oanda. Ils " seraient bien avisés de profiter de ce moment d’intensification des sanctions contre l’énergie venue de Russie ", le nouvel ennemi public numéro un de l’Occident, commente l’analyste, interrogé par l’AFP.

La France a d’ores et déjà plaidé lundi, en marge du sommet du G7 en Allemagne, pour une " diversification des approvisionnements " vers l’Iran et le Venezuela afin de freiner l’envolée des prix à la pompe provoquée par la guerre en Ukraine.

Le Brent de la mer du Nord, référence de l’or noir en Europe, a grimpé de 20% depuis le début de l’invasion le 24 février, quand son homologue américain, le WTI, a pris 22%.

Parmi les facteurs clés dans cette flambée, l’interdiction des hydrocarbures russes, avec notamment un embargo américain en mars, avant des mesures similaires prises début juin par l’Union européenne.

L’Iran et le Vénézuela, seuls producteurs pétroliers capables de stabiliser les marchés 

Dans ce contexte, les 23 membres de l’Opep+, qui se réunissent jeudi pour ajuster leur production, font l’objet de pressions internationales pour pomper davantage et assurer un prix juste tant pour les consommateurs que pour les producteurs.

Début juin, ils ont répondu partiellement aux attentes en passant à la vitesse supérieure mais les analystes tablent cette fois sur un statu quo malgré les nombreux appels à agir.

Généralement perçus comme les seuls membres du cartel en mesure de doper leurs quotas, les Émirats arabes unis ont assuré qu’ils étaient au maximum de leurs possibilités et l’Arabie Saoudite se tient sur la réserve, a rapporté le président français Emmanuel Macron.

Plus qu’une incapacité à ouvrir davantage les robinets, les experts voient dans les réticences de Ryad la volonté de ménager son partenaire russe, autre pilier de l’Opep+.

Restent donc l’Iran et le Venezuela, pour l’heure soumis à des sanctions américaines. Ensemble, ces deux pays pourraient apporter " une quantité substantielle de pétrole sur le marché assez rapidement ", abonde Craig Erlam, d’Oanda. L’Iran a une capacité allant jusqu’à 4 millions de barils par jour et le Venezuela pourrait produire rapidement jusqu’à un million, selon les estimations de Swissquote.

Changer de cap sur les sanctions

" Les temps désespérés appellent des mesures extrêmes ", souligne Stephen Innes, chez Spi Asset Management. Plafonnement des prix du pétrole russe évoqué par le G7, projet d’autorisation d’ajout d’éthanol aux mélanges d’essence aux États-Unis, " les décideurs politiques font preuve d’une grande créativité " pour faire fléchir les cours, dit-il.

Mais " toute la créativité du monde ne permet pas de pomper les nouveaux barils dont le marché a absolument besoin ", ajoute-t-il. D’où " la pression accrue sur la Maison Blanche, de la part des dirigeants européens, pour qu’elle change de cap sur les sanctions ".

Côté Iran, tout dépendra de l’issue des imprévisibles négociations sur le nucléaire iranien, qui visent à réintégrer les États-Unis à l’accord de 2015 et à ramener la République islamique au respect de ses engagements en échange d’une levée des sanctions internationales.

Après trois mois de blocage, les pourparlers ont repris mardi au Qatar, de manière indirecte, entre Téhéran et Washington.

L’heure des compromis 

 

Sans même attendre un accord, " les États-Unis pourraient autoriser l’écoulement de barils iraniens sur le marché ", imagine M. Innes.

Côté Venezuela, pays disposant des plus grandes réserves de pétrole prouvées au monde, la Maison Blanche a annoncé mi-mai l’allègement de certaines des sanctions imposées en 2019.

Washington avait rompu les relations diplomatiques et exigé un embargo pétrolier, visant à évincer du pouvoir Nicolas Maduro après les élections controversées de 2018.

Le feu vert donné aux compagnies italienne Eni et espagnole Repsol pour l’exportation de pétrole vénézuélien vers l’Europe a été salué par M. Maduro comme des " mesures légères mais significatives ". Les sanctions continueront à être adoucies en cas d’avancées vers la démocratie et des élections " libres ", et " alourdies " si le processus déraille, a prévenu un haut responsable américain.

Avec AFP

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