La Gambie, petit pays de l’Afrique de l’Ouest enclavé dans le Sénégal, organise son élection présidentielle le 4 décembre sous la supervision de la Commission électorale indépendante (CEI) du pays. Un curieux système électoral qui reste inchangé.

Six candidats s’affronteront jeudi à la présidence dont le président sortant Adama Barrow qui brigue un second mandat. 962 157 électeurs répartis dans 1554 bureaux de vote dans 53 circonscriptions des sept régions administratives du pays devront voter le 4 décembre.

Le système électoral gambien a quelque chose de particulier en ce que les bulletins de vote sont en billes de verre et les urnes des tambours colorés. Chacun des candidats présidentiels reçoit un tambour en métal peint d’une couleur spécifique, avec sa photo et son symbole collés dessus.

Les électeurs reçoivent chacun une bille de verre et se retirent dans un espace clos où ils sont confrontés aux divers tambours. Une fois qu’ils ont choisi leur candidat, ils glissent la bille dans un petit trou du tambour.

Les responsables du scrutin écouteront attentivement le tintement d’une sonnette de vélo qui est attachée à l’extrémité d’un tube à l’intérieur du tambour, empêchant les gens de voter plus d’une fois. De la sciure de bois ou du sable est saupoudré sur le fond du baril afin qu’aucun second son ne se fasse entendre.
Kutu M, travailleuse de tissus batiks à Banjul attend impatiemment le jeudi 4 décembre. "Ma famille, mes amis et moi avons hâte de voter. Nous voulons que le nouveau président soit démocratique et nous rende justice après les résultats de l’enquête sur les crimes de Yahya Jammeh."

Le 25 novembre, le rapport de la Commission de vérité, réconciliation et réparations (TRRC), a recommandé les poursuites contre les responsables de violations grossières des droits humains notamment des disparitions forcées, des exécutions extrajudiciaires, des chasses aux sorcières ainsi que des détentions arbitraires durant plus de deux décennies des mandats successifs de l’ex-président Jammeh mais n’a nommé personne. Le rapport a donné six mois au président qui sera élu le 4 décembre pour enclencher les procédures légales.

Le mode de scrutin sans bulletins de vote a été introduit après l’indépendance en 1965 en raison de l’analphabétisme élevé de la Gambie. De nombreuses réformes ont été introduites depuis que Yayha Jammeh a quitté le pouvoir à contrecœur après avoir perdu les élections présidentielles de 2016.

Certains responsables électoraux avaient secrètement espéré que l’abandon des billes serait l’un d’entre eux. Ils avaient fait valoir qu’avec l’ouverture de l’espace démocratique et la possibilité de plus de candidats participant aux futures élections, les billes et les tambours pourraient s’avérer trop encombrants. Dans le passé, seuls trois tambours environ étaient nécessaires dans chaque bureau de vote. Mais le scrutin à billes et tambours prévaut toujours.

Mamadou G, travailleur du port de Banjul, préfère que le mode de scrutin reste inchangé. "Je ne sais ni lire ni écrire, si le scrutin adopte les bulletins de vote, je ne pourrai pas exprimer mon choix, et c’est le cas de toute ma famille."

 

 

 

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