Le premier de la série est un producteur, le “grand génie du darkest Hollywood”, comme l’appelait justement Leonard Cohen. Disparu à l’âge de 81 ans, Phil Spector fait partie de ceux qui ont été à l’origine de la musique rock. Il entame sa carrière musicale à 19 ans à peine, à la fin des années 50, et devient rapidement le producteur de groupes vocaux féminins dans les années 1960 comme les Ronettes, les Crystals ou les Righteous Brothers. Da Doo Ron Ron (1962), immortalisée par les yéyés ? C’est lui ? Be My Baby (1963), redécouverte dans le film Dirty Dancing (1986) ? C’est lui. Unchained Melody (1965), remise au goût du jour par le film Ghost (1990), ou encore You’ve Lost That Lovin’ Feelin’ (1965) ? C’est encore lui. Toutes ces chansons, qui sont aujourd’hui de grands classiques, sont le fruit du génie de Spector, co-écrites et/ou produites par lui. Il révolutionne proprement le son de l’époque, en empruntant des méthodes d’enregistrement à la musique de chambre, ce qui lui vaudra le surnom du “Wagner de la pop”. Devenu immensément riche à 25 ans, il poursuit sa carrière en travaillant notamment avec Ike and Tina Turner, John Lennon et George Harrison, produisant des albums légendaires comme Let It Be (1970) des Beatles, All Things Must Pass (1970) de George Harrison ou encore Imagine (1971) de John Lennon.

Mais Spector est également excessif, violent, paranoïaque et parfaitement déjanté, au point de pointer un jour son pistolet sur Leonard Cohen, qui enregistrait sous sa direction son nouvel album, Death of a Ladies’ Man (1977), en lui tenant ce discours laconique: “Leonard, tu sais que je t’aime”. Ce à quoi le chanteur canadien répondra laconiquement: “Je l’espère vraiment, Phil”. Cohen ne sera même pas consulté pour le mixage de ses chansons, le studio du producteur étant gardé par des hommes armés, et le résultat final donnera un mélange indescriptible qui ne ressemble en rien à l’univers cohenien, marquant un coup dur dans la carrière du chanteur canadien. Des épisodes similaires de folie se produiront avec Lennon, les Ramones – et même Céline Dion. Il n’est donc guère étonnant que Brian de Palma s’en soit inspiré pour le personnage luciférien de Swann, le producteur méphistophélique de son adaptation rock de Faust, Phantom of the Paradise (1974). En 2009, il est reconnu coupable du meurtre dans son manoir d’une actrice-hôtesse, Lana Clarkson, et condamné à 19 ans de prison, où il meurt le 16 janvier.

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