Curieusement, le barrage très contesté de Bisri est revenu sur le tapis. Il a été évoqué en Conseil des ministres -en dépit d’une opposition du ministre de l’Environnement, Nasser Yassin- encore une fois sur insistance du camp présidentiel pour qui ce projet de méga ouvrage hydraulique dans une des plus belles vallées du Liban, dans le caza de Jezzine, semble être une question de vie ou de mort. A l’instar du projet également très contesté des nominations diplomatiques, administratives et judiciaires, le camp présidentiel semble pressé d’accumuler toutes sortes d’acquis et de bénéfices avant l’expiration du mandat de Michel Aoun, le 31 octobre prochain, au mépris des priorités et des besoins dans un pays à la dérive.

La Banque mondiale qui devait financer ce projet avait annulé au début du mois de septembre 2020 le prêt consacré à l’ouvrage, parce que le gouvernement de l’époque n’avait pas rempli les conditions nécessaires pour le début de construction. L’accord qu’elle avait conclu avec le Liban avait été ainsi retiré suivant une procédure légale. En d’autres termes, les fonds pour le financement de la construction du barrage n’existent pas, sans compter que l’entrepreneur qui était en charge du projet, Dany Khoury, proche du CPL, fait l’objet de sanctions américaines pour corruption, tout comme le chef de ce parti, Gebran Bassil.

Il n’en demeure pas moins que le gouvernement a chargé le Conseil de développement et de reconstruction (CDR) de mener une étude approfondie sur le barrage de Bisri et de " proposer des solutions techniques et pratiques ". L’étude  serait sans doute confiée aux représentants du CPL au sein du CDR. La question reste quand même de savoir comment l’Etat libanais compte assurer un financement à ce projet qu’un grand nombre de Libanais contestent, dont le ministre de l’Environnement.
Sur son compte Twitter, Nasser Yassin a posté une photo de la vallée de Bisri avec le commentaire suivant : " Quelques jours avant la célébration de la journée nationale des réserves naturelles, le 10 mars, le projet de barrage de Bisri a été de nouveau avancé ", a-t-il écrit. Et d’ajouter : " La plaine de Bisri appartient à tous les Libanais. Des alternatives existent et sont réalisables. Je vais accomplir mon devoir en la protégeant et la proclamant réserve naturelle afin que sa biodiversité soit préservée et que les terres agricoles assurent de la nourriture aux habitants. "

Nasser Yassin s’est engagé à préserver la vallée.