Grand ordonnateur de l’Euro-2024 en Allemagne, Philippe Lahm a conservé, une fois crampons, maillot et short rangés, son franc-parler qui a fait son charisme comme joueur et capitaine, en prenant notamment des positions fortes sur le Mondial au Qatar. " Les droits humains devraient jouer un rôle important dans l’attribution des tournois. Lorsqu’un pays obtient l’organisation, alors que sur ce point il fait particulièrement mauvaise figure, on se demande sur quels critères cela s’est joué. Ça ne devrait plus se passer à l’avenir ".

En quelques phrases lors d’un entretien accordé au bi-hebdomadaire allemand kicker début août, Philipp Lahm a prouvé qu’il n’avait rien perdu de sa franchise, même dans son costume de patron du comité d’organisation de l’Euro-2024, revêtu depuis septembre 2018 et si différent des survêtements qu’il portait lorsqu’il était joueur.

Sa cible lors de cette saillie: le Qatar et l’attribution de la Coupe du monde de foot au petit émirat gazier du Golfe. " Les droits humains, la durabilité, la taille du pays: tout cela n’a apparemment pas joué de rôle " dans la décision de la Fifa en décembre 2010, a-t-il encore ajouté. " Je préfère suivre le tournoi de chez moi ", a-t-il glissé dans le même entretien, précisant qu’il se rendrait à Doha uniquement si ses fonctions de patron de l’Euro-2024 l’exigeaient.

Ce franc-parler, Lahm en a fait une marque de fabrique. En 2011, à 27 ans lors de la sortie de son premier livre " Une différence subtile ", il n’avait pas hésité à glisser plusieurs piques à l’encontre d’anciens entraîneurs comme Rudi Völler, Jürgen Klinsmann, Louis van Gaal et Felix Magath.

Comme Beckenbauer et Platini

Une sortie qui lui avait valu un recadrage du sélectionneur Joachim Löw, également visé dans le livre. Mais la brouille n’était pas allée jusqu’à lui retirer le brassard de capitaine de la sélection, reçu pour le Mondial-2010 en l’absence de Michael Ballack. Sa crédibilité, cet enfant de Munich l’a construite avec le club de sa ville, tout au long d’une carrière de joueur " à l’ancienne ", vouée à un seul maillot, celui du Bayern, enfilé pour la première fois à l’âge de onze ans.

Sa seule " infidélité " n’en fut pas vraiment une, puisque ce sont les dirigeants munichois qui l’ont prêté pendant deux saisons à Stuttgart au tout début de sa carrière, pour lui donner du temps de jeu. Après 22 ans de passion, dont 15 comme professionnel, il a quitté le club avec un palmarès hors du commun: huit titres de champion d’Allemagne, six coupes, et une Ligue des champions (2013) pour deux finales perdues (2010 et 2012).

Ce joueur de petite taille (1,70 m), capable de jouer défenseur latéral à gauche pour commencer (succédant à Bixente Lizarazu au Bayern) puis à droite, ou bien milieu de terrain lors du passage sur le banc du Bayern de Pep Guardiola, fut aussi un pilier de la Mannschaft.

Porte-drapeau de la génération dorée des Thomas Müller, Bastian Schweinsteiger, Toni Kroos et autre Miroslav Klose, il a accumulé les places d’honneur dans les grands tournois avant de soulever enfin la Coupe du monde en 2014 au Brésil. Son football, pas vraiment fleuri mais toujours très juste, n’était pas son seul atout. Sa parole de capitaine, posée mais sans concession, était également très écoutée. Sa détermination et son charisme pesaient lourd dans le vestiaire. " C’est l’un des joueurs les plus intelligents que j’ai eu à entraîner dans ma vie ", disait de lui Pep Guardiola au moment de sa retraite, ajoutant: " dès que possible, j’espère qu’il sera impliqué dans le football. Ce genre de personne est indispensable au football ". Le souhait du Catalan a été rapidement exaucé et voilà Lahm dans les pas de Franz Beckenbauer ou Michel Platini, autres joueurs charismatiques qui ont embrayé après leur carrière sur l’organisation d’un grand tournoi, mettant à profit leur aura pour fédérer les énergies autour d’eux.

AFP

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