Acteur majeur du sacre surprise de Chelsea en Ligue des champions en 2021, le gardien Edouard Mendy semble avoir perdu son poste de titulaire avant le déplacement à l’AC Milan mercredi (22h00, Beyrouth), alors que le Mondial-2022 se profile avec le Sénégal.

Arrivé à l’été 2020 de Rennes pour une trentaine de millions d’euros, au milieu de grands noms comme Timo Werner, Kai Havertz, Hakim Ziyech ou Thiago Silva, Mendy semblait presque un intrus.

Âgé de 28 ans, il était considéré comme une doublure chargée de mettre la pression sur l’Espagnol Kepa Arrizabalaga, acheté 80 millions d’euros deux ans plus tôt, mais qui semblait n’avoir jamais digéré son image de gardien le plus cher du monde.

Arrivé sur le tard au plus haut niveau, le conte de fée de Mendy s’est alors écrit à Londres, où sa sûreté de main et ses réflexes sur sa ligne ont rapidement fait merveille.

Frank Lampard en a fait son titulaire dès la 4e journée de championnat puis son successeur Thomas Tuchel, à son arrivée en janvier 2021, l’a confirmé dans son rôle avec à la clé des prestations de très haut niveau.

Le tournant du Real

Deuxième meilleur gardien de Premier League au nombre de matches sans encaisser de buts cette saison-là (16), il a aussi protégé ses cages à neuf reprises en Ligue des champions, un record, dont la finale au cours de laquelle les Blues sont allés chercher un trophée presque inespéré au nez et à la barbe de Manchester City (1-0).

Il a été couronné meilleur gardien d’Europe par l’UEFA, puis du monde par la Fifa après cette saison remarquable, une première pour un gardien africain.

La saison suivante a commencé sur les mêmes bases élevées avec huit " clean sheets " (matches sans encaisser de but, NDLR) lors de la phase aller, et un sacre lors du Mondial des clubs de la Fifa.

Il est ensuite parti au Cameroun pour la Coupe d’Afrique des nations remportée pour la première fois de son histoire par le Sénégal après une finale contre l’Egypte.

Malgré les soubresauts en coulisses, avec la vente de Chelsea imposée au propriétaire russe Roman Abramovitch à la suite de l’invasion de l’Ukraine, Mendy est resté admirablement solide jusqu’au printemps où le quart de finale aller contre le Real Madrid, à Stamford Bridge, a viré au cauchemar pour lui (1-3): son jeu au pied défaillant avait offert ce jour-là le troisième but à Karim Benzema.

Après ce match, au sein d’une équipe de Chelsea qui s’est aussi progressivement effritée jusqu’au limogeage de Thomas Tuchel début septembre, on n’a plus revu le " Edou " décisif qui remportait parfois des matches presque à lui seul.

Le Mondial pour se ressourcer ?

Bien que rares, ses erreurs grossières, comme le ballon perdu après avoir tenté un crochet face à un adversaire à trois mètres de ses buts contre Leeds, fin août, lors d’une défaite 3-0, ont écorné son image.

Comble de malheur, il s’est légèrement blessé ensuite et Kepa en a profité pour montrer qu’il pouvait aussi faire des matches propres, contre l’AC Milan ou Wolverhampton samedi avec deux victoires 3-0 à a clé.

" Il a été très bon ", a commenté le nouvel entraîneur des Blues, Graham Potter, insistant sur son apport dans le jeu au pied, l’un des rares points faibles de Mendy.

" C’est important pour nous. Parfois, nous devons jouer sous la pression et cela nous donne une chance d’attaquer la ligne suivante. Donc c’est un aspect important pour l’équipe ", a appuyé le technicien.

Potter a assuré que, face au calendrier surchargé jusqu’au Mondial, il n’était " pas pressé de mettre une étiquette de numéro un ou numéro deux " à ses gardiens et qu’il voulait " aider Edouard à être prêt à jouer ".

Mais il semble peu probable qu’il rejoue avant mi-novembre.

Héros de la qualification du Sénégal pour le Mondial-2022 lors d’une nouvelle séance de tirs au but, encore face à l’Egypte, Mendy espère se refaire une santé avec la sélection au Qatar pour que le joli carrosse de son conte de fée ne redevienne pas citrouille.

Avec AFP