En plus de la stratégie sportive réussie, avec en ligne de mire la médaille olympique, le taekwondo libanais a réussi à organiser les championnats d’Asie 2021 au Liban et organisera ces championnats pour les catégories Juniors et Cadets en 2023. Le Liban est aussi passé près de l’organisation des championnats du monde 2022. Une véritable prouesse.

Les compétences organisationnelles et administratives de la fédération en place sont telles qu’elles ont permis au Liban d’accueillir les championnats d’Asie Seniors en 2021. De plus, le Liban organisera en 2023 les championnats d’Asie pour les catégories Juniors et Cadets. Dans un entretien avec Ici Beyrouth, Zarifeh explique que ces réussites pour obtenir l’organisation de telles compétitions "signifient que le Liban aura organisé les compétitions de toutes les catégories d’âge sur son territoire en l’espace de deux ans. Sachant qu’il n’y a pas de championnats d’Asie pour les Minors."

Une organisation saluée par la fédération asiatique

Le défi était de taille et cette réussite n’est pas à minimiser. La fédération n’avait rien laissé au hasard et avait étudié tous les aspects au moment de la présentation des candidatures. Zarifeh explique que "ce qui nous a aidés pour obtenir ces compétitions sur notre sol est bien sûr le fait que Nohad Nawfal est une bonne infrastructure pour accueillir les compétitions, mais aussi le protocole médical que nous avons présenté dans le contexte de la pandémie. Les championnats d’Asie devaient se tenir en 2020, puis, avec la propagation du Covid-19, j’ai décidé de reporter la compétition d’un an. Notre préparation du protocole médical a contribué à faire la différence pour obtenir l’organisation des championnats continentaux. Nos concurrents étaient le Népal et les Philippines, et nous avons battu ces dernières d’une voix. Après le succès des championnats asiatiques au Liban, le président de la Fédération asiatique de taekwondo a déclaré qu’en 34 ans à la tête de cette instance, il n’avait jamais vu une aussi bonne organisation."

L’ambition de cette fédération est telle qu’elle a même présenté sa candidature pour les championnats du monde 2022, laquelle n’a pas été retenue, mais il s’en était fallu de peu. Zarifeh souligne: "nous avons perdu le " bidding " pour les championnats du monde 2022 de 4 voix face au Mexique. Pour cette compétition, beaucoup nous avaient conseillé de ne pas présenter de candidature, mais nous étions convaincus que nous pouvions organiser un événement d’une telle ampleur au Liban. Trois pays ont présenté leur candidature: l’Azerbaïdjan, le Mexique et le Liban. Celles de nos deux concurrents étaient présentées par le gouvernement de leur pays. Alors que la candidature libanaise était présentée par la Fédération libanaise de taekwondo, et c’est nous qui avons donné la garantie financière. Nous avons battu l’Azerbaïdjan de trois voix et perdu contre le Mexique de quatre voix. Ce niveau de suffrages était en soi une victoire pour nous, et nous a placés sur la carte mondiale du taekwondo."

Le Liban a aussi organisé quatre années de suite le "Beirut Open", compétition qui a été classée G1 ou G2 par la fédération internationale. G1 rapportant 10 points pour le vainqueur dans le classement olympique et G2, 20 points pour le gagnant dans ce même classement.

Des compétitions locales bien organisées et populaires

Quant aux compétitions locales, elles connaissent un succès croissant avec de plus en plus de clubs et de participants. Et elles devraient être encore plus nombreuses en 2023. Zarifeh explique: "Le calendrier de 2023 est très dense. Nous avons changé le système en incluant plusieurs compétitions faisant gagner des points pour, au final, pouvoir devenir champions du Liban. Nous avons aussi développé le Poomsae. La crise au Liban nous a notamment incité à développer le Poomsae, qui nécessite moins d’équipement que le Kyorugi. Le Poomsae ne nécessite, en effet, qu’un kimono, qui peut rester en bon état pendant quatre ans. Nous nous sommes ainsi adaptés. Nous devons penser différemment de la Corée ou de l’Iran pour pouvoir les concurrencer et les battre, et c’est ce qui différencie cette fédération. En Poomsae, il y a trois championnats par an. Chaque fois que la fédération internationale de taekwondo ajoute une section, le Liban est l’une des premières fédérations à l’intégrer dans ses activités. Il y a, par exemple, le "technical break" que nous avons intégré à nos activités après son lancement, il y a deux ans. Nous faisons aussi beaucoup de séminaires pour les coachs et les arbitres."

Les valeurs de discipline et de rigueur du taekwondo incitent de plus en plus de jeunes à s’orienter vers ce sport, parfois sous l’impulsion de leurs parents. Zarifeh explique que "les Libanais ont de plus en plus tendance à orienter leurs enfants vers les arts martiaux, car cela leur donne de la discipline et renforce leur caractère. Dans une société où le sens des valeurs tend à se perdre, les parents cherchent à l’inculquer à leurs enfants en les inscrivant au taekwondo. La souscription mensuelle à un club de taekwondo est de 20 dollars par mois, lui donnant le droit de s’entraîner plusieurs fois par semaine. La carte de licencié à la fédération ne coûte quant à elle que 300.000 livres libanaises."

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