Dans un entretien exclusif avec Ici Beyrouth, la très prometteuse (20 ans) sprinteuse libanaise Haya Kobrosly raconte sa convalescence après son opération et insiste par ailleurs sur l’importance d’instaurer un accompagnement psychologique des athlètes de haut niveau

Vous avez subi une opération l’automne dernier. De quoi s’agissait-il?

L’opération a eu lieu en novembre. J’avais une tumeur au pied. Après plusieurs examens, mon docteur, Abdo Helou, qui est aussi par ailleurs un athlète, a décidé d’opérer pour enlever cette tumeur. Quelques semaines après l’opération, je me suis remise à courir, ce qui s’est avéré être une erreur. Nous avons dû marquer de nouveau une période d’arrêt de 8 semaines, et je reprends maintenant progressivement mon activité sur la piste.

Comment se passe votre retour progressif?

Cela se passe bien. Jour après jour, cela va de mieux en mieux. Je serai de retour en compétition pour les championnats d’Asie de l’Ouest qui se tiendront du 26 au 29 avril au Qatar. La Fédération libanaise d’athlétisme m’a inscrite à cette compétition il y a quelques jours (NDLR: l’entretien a eu lieu le 11 avril). Mon coach m’a alors demandé si j’étais prête, et nous sommes convenus que, comme nous avons 20 jours pour nous préparer, j’y participerai. Je vais courir le 100 mètres et le relais 4 fois 100 mètres dans cette compétition.

Qui seront les 3 autres athlètes libanaises qui composeront le relais 4 x 100 mètres?

Il y aura Aziza Sbeity, Mayssa Mouawad et Christel Saneh.

Qui sera aligné sur le premier et le dernier relais?

Nous n’en avons pas encore discuté, mais je pense que Aziza fera le dernier relais et moi, le premier.

Pendant cette période où vous ne pouviez pas courir, vous avez fait davantage de fitness?

Oui, j’ai travaillé plusieurs de mes points faibles. J’ai ainsi renforcé le haut de mon corps. J’ai également travaillé sur le bas de mon corps, mais à un moindre degré.

Vous vous êtes remise à courir?

J’ai porté mes spikes pour la première fois la semaine dernière. Mon retour sur les pistes se fait progressivement. Au début, je courais une fois par semaine, puis deux, et maintenant, je m’entraîne sur la piste trois fois par semaine.

En termes de chrono?

Pour récupérer ma vitesse optimale, il faudra un peu de temps. Au Qatar, ce sera ma première semaine de compétition. Mes chronos devraient progressivement s’améliorer.

Comment avez-vous commencé l’athlétisme?

Depuis très jeune, j’étais très athlétique, je pratiquais plusieurs sports. J’ai fait de la gymnastique pendant quelques années et cela m’a donné de solides bases. Mon grand-père était un ancien athlète, champion du Liban en saut à la perche et en décathlon. Dès mon plus jeune âge, j’allais avec lui à l’AUB et je courais pendant qu’il s’entraînait. Il m’a beaucoup appris. Je suis ensuite entrée dans l’équipe d’athlétisme de mon école, ACS. C’était un pur plaisir. Mes parents ont aussi vu mon potentiel et nous avons cherché un club alors que j’avais 14 ans. J’ai alors rejoint Inter-Lebanon, et j’y suis restée jusqu’en 2021. Mon coach était alors Mohamed Siraj Tamim, qui m’a beaucoup aidée à développer mon niveau d’athlétisme. Et cela fait deux ans que je suis coachée par Georges Assaf (Performance First).

Etes-vous satisfaite des conditions d’entraînement que vous offrent Performance First et Let’s Run?

J’en suis extrêmement satisfaite. L’intensité des entraînements a fortement varié entre Inter-Lebanon et la nouvelle structure. A Inter-Lebanon, je m’entraînais une fois par jour. Dans mon nouveau club (Let’s Run), je m’entraîne deux fois par jour. Je n’étais pas habituée à cette intensité. Mon corps a eu besoin d’une période d’adaptation à ce rythme et ce travail a payé. Je remercie énormément mon coach Georges Assaf pour la qualité de ses entraînements.

Qu’est-ce qui pourrait être amélioré dans vos conditions d’entraînement?

Il y a toujours des choses qui peuvent être améliorées. Mais j’étais très satisfaite de ma première saison avec mon nouveau coach.

Vous êtes passée par les deux clubs phares de l’athlétisme libanais (Inter-Lebanon et Let’s Run), qu’est-ce qui différencie ces deux clubs?

La principale différence est dans les infrastructures. En plus d’être un excellent coach, Georges Assaf dirige Performance First (NDLR: Performance First est une organisation sportive dédiée en outre à l’optimisation de la performance physique des sportifs. Performance First a tissé un partenariat avec le club d’athlétisme Let’s Run). Performance First dispose d’infrastructures complètes pour un entraînement sportif optimal. Tout est présent à Performance First. Après la piste, vous pouvez facilement enchaîner sur l’entraînement physique puis la physiothérapie… Toutes les facilités inhérentes à ces aspects sont à proximité l’une de l’autre. A Inter-Lebanon, je devais faire davantage d’efforts d’organisation pour répondre à toutes les exigences de l’entraînement. Aujourd’hui tout est plus facile avec mon nouveau club.

Ne pensez-vous pas qu’à votre niveau – avec votre objectif de vous améliorer à l’échelle internationale – vous auriez besoin d’un préparateur mental?

Certainement. Les athlètes libanais manquent de préparation mentale. Celle-ci devrait être intégrée dans le programme d’entraînement. Chaque athlète devrait pouvoir parler à un psychologue du sport pour l’aider sur les aspects mentaux.

Est-ce que vous réclamez cette évolution?

Non, mais nous devons attirer l’attention sur l’importance de cet aspect. Je connais quelques psychologues du sport. Parfois, je passe par des phases difficiles et je n’ai pas les réponses pour en sortir. Des psychologues du sport pourraient nous guider dans ce sens.

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