Beirut Sports Festival : Karim Andari met 4 milliards de livres au service de 80 élèves via « Loubnaniyoun »
Karim Andari et Nadine Daher après la signature de l’accord pour 80 bourses scolaires. ©DR

En s’alliant à l’association « Loubnaniyoun », le Beirut Sports Festival consacre 4 milliards de livres libanaises au financement de 80 bourses scolaires pour des élèves issus de toutes les régions du pays. Un tournant pour ce rendez-vous sportif devenu, en quelques années, un poids lourd du calendrier libanais.

Le sport pousse la porte de la salle de classe. Au Qubic Center, à Horch Tabet, le président du Beirut Sports Festival, Karim Andari, et la présidente de l’association « Loubnaniyoun », Nadine Daher, ont officialisé un partenariat inédit : 4 milliards de livres libanaises versées à l’ONG pour couvrir les frais de scolarité de 80 élèves, répartis entre différentes régions du pays. La conférence, animée par le journaliste Georges Soueidi, s’est tenue en présence de responsables sportifs, militaires, éducatifs, universitaires, de représentants des entreprises partenaires et de la presse.

Karim Andari, d’une idée risquée à un projet de société

Au départ, Beirut Sports Festival n’était qu’une idée que beaucoup jugeaient « folle » dans un Liban en crise. Karim Andari y voyait, lui, un levier : rassembler fédérations, marques, familles et champions autour d’un grand rendez-vous populaire. Quelques éditions plus tard, le pari est gagné.

L’édition 2025 a rassemblé plus de 247 exposants locaux et internationaux, 24 fédérations sportives et plus de 71 000 visiteurs, avec en vedette la légende brésilienne Roberto Carlos. « Nous avons voulu faire de Beirut Sports Festival l’un des plus grands événements sportifs du pays, et surtout un espace où le sport sert à quelque chose de concret pour la société », rappelle Andari, chiffres à l’appui.

Jusqu’ici, le festival orientait son soutien vers les athlètes de haut niveau et certaines fédérations performantes. Pour le président du festival, il était temps de franchir une nouvelle étape. « Nous avons toujours été aux côtés des sportifs, mais aujourd’hui, le besoin est aussi dans les écoles. Investir dans la jeunesse, c’est investir à la fois dans le sport et dans l’éducation », explique-t-il.

C’est dans cet esprit que Beirut Sports Festival a décidé de consacrer 4 milliards de livres à 80 bourses scolaires, confiées à « Loubnaniyoun ». « Nous avons choisi Loubnaniyoun parce que c’est une association active, sérieuse, présente sur le terrain depuis des années, et parce que Nadine Daher a prouvé qu’elle savait transformer l’aide en résultats concrets pour les familles », insiste Andari.

Loubnaniyoun, douze ans au front scolaire

Fondée en 2012, « Loubnaniyoun » se veut une association à vocation nationale, active sur l’ensemble du territoire. Son programme phare, « Menhati » (« Ma bourse »), lancé en 2013, vise les familles qui n’ont plus les moyens d’assurer la scolarité de leurs enfants. Depuis sa création, l’ONG affirme avoir aidé quelque 5 500 élèves, en grande partie inscrits dans des écoles privées à demi-gratuite, particulièrement fragilisées par l’effondrement économique.

Depuis 2019, la succession des crises – mouvement de contestation, pandémie, crise bancaire – a fait exploser les demandes d’aide. Les écoles publiques sont saturées, les établissements semi-gratuits peinent à survivre, l’exode des enseignants tire le niveau vers le bas et le décrochage scolaire progresse. Dans les bureaux de « Loubnaniyoun », les dossiers de familles en détresse se succèdent : parents malades, fratries dont seule une partie est scolarisée, enfants menacés de rester à la maison ou d’entrer trop tôt sur le marché du travail.

Pour Nadine Daher, le geste de Beirut Sports Festival arrive au moment juste : la subvention, versée en début d’année scolaire, a permis de financer immédiatement la scolarité de 80 élèves issus de familles en situation particulièrement critique. « Sans ce soutien, certains de ces enfants auraient tout simplement quitté l’école », résume-t-elle.

Sport et éducation, même combat

Au-delà des chiffres, Karim Andari insiste sur le lien naturel entre le festival et ce type d’initiative : « On ne peut pas parler de jeunesse, de performance, d’avenir, en se limitant aux résultats sportifs. Un champion sans éducation solide, c’est un avenir fragilisé. Le sport et l’école vont ensemble. »

Nadine Daher partage cette approche. En reprenant la célèbre maxime « un esprit sain dans un corps sain », elle souligne que l’activité physique aide les élèves à mieux se concentrer, réduit le stress, renforce la mémoire, l’endurance et le sens du collectif. Le partenariat entre Beirut Sports Festival et « Loubnaniyoun » est, pour elle, « un exemple de ce que peuvent produire deux mondes qui se parlent : celui de l’événement sportif et celui du terrain social ».

La cérémonie s’est conclue par la projection d’un documentaire sur « Loubnaniyoun », la signature officielle de l’accord entre Karim Andari et Nadine Daher, puis un cocktail offert en l’honneur des participants. Interrogé sur la suite, Andari a déjà donné rendez-vous en juin 2026 pour la prochaine édition du Beirut Sports Festival, en laissant entendre que des bourses universitaires pourraient, à leur tour, entrer dans le dispositif.

Dans un Liban sous pression, Beirut Sports Festival assume désormais un double visage : vitrine sportive majeure et outil concret de soutien à l’éducation, sous l’impulsion de son président, déterminé à faire du festival autre chose qu’un simple show.

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