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Enfant, Laetitia Aoun s’est essayée à plusieurs sports dont le tennis, l’équitation et le judo, avant de porter son choix sur le taekwondo. Résultat, la championne de 23 ans va défendre les couleurs du Liban aux Jeux de Paris.

Ne vous méprenez surtout pas. Avec son air ingénu et son regard bleu azur, cette attachante jeune fille blonde à laquelle on donnerait le bon Dieu sans confession, cache bien son jeu. Elle est capable, en quelques secondes de se métamorphoser en une combattante redoutable. Il suffit de la voir à l’entraînement s’acharner sur son sac de frappe à coups de tae (pied) et de kwon (poing) pour en être convaincu.

À quelques jours des Jeux, la pression est palpable parmi les athlètes. Laëtitia Aoun ne semble pas s’en émouvoir outre mesure. Grâce à sa préparation rigoureuse et à une volonté de fer, elle se concentre sur son objectif ultime: décrocher une médaille olympique. "Oui, je suis prête à y aller, à représenter le Liban et à donner le maximum de moi-même. Ça va être super. J’ai très hâte de me retrouver à Paris pour les Jeux olympiques", confie-t-elle à Ici Beyrouth.

Photo Makram Haddad

Jeune sportive

Née en 2001 à Beyrouth, Laetitia Aoun a découvert le monde du sport très tôt. Elle s’initie au taekwondo à l’âge de 10 ans, après avoir pratiqué le tennis, l’équitation, le judo. Très vite, son talent naturel pour cet art martial se manifeste. Elle commence à s’entraîner intensivement, participant à des compétitions locales et régionales.

Plusieurs fois championne du Liban, elle a déjà glané plusieurs médailles internationales, arrachant notamment le bronze aux Jeux asiatiques de 2018 organisés à Jakarta, en Indonésie. Elle est également médaillée de bronze aux Jeux de la solidarité islamique de 2021 organisés à Konya, en Turquie.

Depuis ses débuts elle est pratiquement sur une pente ascendante. En 2016 elle avait été médaillée de bronze aux championnats du monde juniors de Vancouver (Canada). En 2018, la taekwondoïste s’est classée deuxième mondiale chez les juniors. Performance qui laissait présager une jolie carrière. Chez les seniors, Laetitia Aoun a ensuite transformé l’essai avec trois titres de championne arabe (2020, 2022 et 2024) et une neuvième place aux championnats du monde.

Famille de sportifs

"Laetitia est née dans une famille sportive", contextualise son père pour Ici Beyrouth. "Elle a pratiqué plusieurs disciplines avant de se concentrer sur le taekwondo". "Elle mène de front avec aisance sa passion du taekwondo et ses études de médecine. Franchement je ne sais pas comment elle s’en tire!", ajoute, non sans fierté, son père qui est lui-même un éminent dermatologue libanais.

"Le niveau est très élevé, il y aura de grands noms aussi qui seront là. Le plus important pour nous, c’est d’y aller la tête froide et de marquer le maximum de points. On ne cherche pas forcément le K.O. Laetitia est forte sur ses jambes, il y a une explosivité qui est incroyable", précise son entraîneur, David Sicot, à Ici Beyrouth. "Mais voilà, comme il y aura de redoutables adversaires, ce sera une grande compétition. Le plus important, c’est de marquer le maximum de points dans nos combats."

Saint-Raphaël

"Prochainement, on partira à Saint-Raphaël avec mon équipe, où nous allons nous entraîner jusqu’au 3 août avant de repartir pour Paris afin de commencer notre compétition", explique Laetitia Aoun. Son ambition est claire: "C’est l’objectif de cet été: y aller et récupérer ce que nous pouvons, obtenir les meilleurs résultats, faire une grande impression et nous espérons bien sûr décrocher une médaille pour le Liban."

Son entraîneur partage cette ambition: "Laetitia est prête, c’est sûr, il n’y a aucun doute là-dessus. J’ai rencontré Laetitia lors d’une compétition où j’entraînais une autre jeune athlète. En fait, Laetitia nous avait battus la première fois et ensuite nous l’avons battue. Ça s’est fait comme ça, c’était une rencontre lors d’un échange de coups."

Un travail assidu

"Laetitia travaille sans relâche pour transformer ses rêves en réalité. Sa détermination, son talent et son parcours impressionnant la placent parmi les espoirs les plus sérieux du Liban pour ces Jeux olympiques", ajoute David Sicot. "Toutes les disciplines de combat sont bonnes à avoir aux Jeux olympiques. C’est sûr que c’est l’occasion de mettre en avant les arts martiaux. Je reste convaincu que le taekwondo reste quand même l’art le plus suivi des Jeux olympiques. Mais dans tous les cas, nous y allons avec la ferme intention de produire de beaux résultats."

"Comme vous pouvez le remarquer, mes activités sont nombreuses. Je n’ai reçu aucun soutien de l’État libanais", souligne-t-elle au passage. "J’ai gagné de nombreux titres et médailles et je vais désormais concentrer mes efforts sur Paris-2024, pour être la première sportive libanaise à décrocher une médaille olympique", conclut Laetitia Aoun.

Pourra-t-elle réaliser son rêve et réussir cet exploit? Ce qui est sûr, c’est que tous les Libanais auront les yeux tournés vers Paris, le 8 août, date à laquelle la jeune championne libanaise va entrer en lice. L’occasion pour elle de gagner un nouveau surnom: "La grande blonde avec une médaille jaune." On se prend à rêver.