©Les analystes tablent tous sur une prolongation de l'accord actuel, qui a permis de stabiliser le marché pendant la pandémie. (AFP)
La réunion de l'OPEP+, qui aura lieu à Vienne mercredi, aura pour objet la définition de la stratégie de l'organisation, dont l'entente pour l'augmentation progressive de la production conclu en 2020 arrive à sa fin. Tiraillés entre les pressions américaines pour une augmentation de la production et la volonté russe de maintenir la production telle quelle, le sommet aura une influence décisive sur le cours du pétrole. Les observateurs s'attendent à une prolongation de quelques mois de l'accord actuel : en effet, l'organisation peine déjà à remplir ses quotas de production, le volume de production réel en juin était inférieur d'environ 2,8 millions de barils par jour au niveau convenu par les pays membres.
Il est peu probable que l'OPEP+ décide d'une forte augmentation de sa production, la plupart de ses membres ne remplissant déjà pas les quotas. (AFP)
L'entente conclue au printemps 2020 par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menés par Ryad et leurs alliés conduits par Moscou, pour faire face à la débâcle des prix pendant la pandémie, arrive à sa fin.
Avant une réunion mercredi du groupe Opep+, voici un point sur cet accord, les résultats obtenus et les scénarios pour la suite, dans un environnement bouleversé par la guerre en Ukraine.
En avril 2020, l'Opep+ décide de réduire radicalement sa production de 9,7 millions de barils par jour de brut pour stopper l'effondrement des cours du pétrole en plein cœur de la pandémie de Covid-19.
La recette fonctionne : les prix, tombés en territoire négatif, remontent. Face à la reprise de la demande, l'alliance recommence un an plus tard à rouvrir les vannes, de manière très graduelle.
Elle s'était d'abord donnée jusqu'à avril 2022 pour un retour à la normale, avant de s'accorder quelques mois supplémentaires devant les incertitudes de la pandémie. "Techniquement, l'accord dure jusqu'à la fin de l'année", explique à l'AFP Matthew Holland, analyste géopolitique pour l'institut de recherche Energy Aspects.
Mais le groupe a fini plus tôt que prévu : "en août, il aura remis sur le marché l'ensemble du pétrole qu'il avait décidé de laisser sous terre en 2020", souligne Carsten Fritsch, pour Commerzbank. Du moins, "sur le papier".
Parmi les pays de l'OPEP+, seuls l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis semblent disposer de capacités de production inutilisées. (AFP)
En réalité, l'alliance échoue régulièrement à remplir ses objectifs.
Le volume de production réel en juin était inférieur d'environ 2,8 millions de barils par jour au niveau convenu par les pays membres, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), "et il est peu probable que cet écart puisse être réduit de manière significative" à court terme, selon M. Fritsch. Pour Craig Erlam, d'Oanda, il y a "beaucoup de terrain perdu à rattraper".
Crises politiques à rallonge, ou manque d'investissements et d'entretien pendant la pandémie handicapant désormais les infrastructures pétrolières: de nombreux pays du groupe comme l'Angola ou le Nigeria ne peuvent pomper davantage, apparaissant déjà au maximum de leurs capacités.
La production russe, sous le joug des sanctions occidentales en lien avec l'invasion de l'Ukraine, est également diminuée. Seuls l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis semblent disposer de capacités de production inutilisées. Mais Ryad, meneur de facto de l'Opep+, a dit ne pas être prêt à compenser la sous-performance d'autres pays du cartel.
Une telle action, sous la pression des Occidentaux inquiets de la flambée des cours provoquée par la guerre en Ukraine, pourrait en effet "compromettre la poursuite de la coopération avec la Russie", avance Carsten Fritsch.
En avril 2020, l'Opep+ décide de réduire radicalement sa production de 9,7 millions de barils par jour de brut pour stopper l'effondrement des cours du pétrole en plein cœur de la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'issue de la réunion paraît moins évidente que les précédentes, aux résultats presque systématiquement largement anticipés.
Selon l'expert de Commerzbank, le cartel pourrait décider de relever à nouveau modestement ses objectifs pour septembre afin de "combler l'écart entre la production réelle et les quotas affichés".
Une façon détournée de permettre à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis d'augmenter encore leur volume sans violer l'accord, note-t-il.
Dans tous les cas, les analystes tablent tous sur une prolongation de l'accord actuel, qui a permis de stabiliser le marché pendant la pandémie.
Pour Matthew Holland, les membres de l'Opep+ pourraient convenir d'un accord de plusieurs mois jusqu'à la fin de l'année, "pour ensuite convenir de quelque chose de plus long terme en décembre".
L'alliance devrait alors se réunir au siège de Vienne, pour la première fois depuis l'émergence de la Covid-19 qui a consacré l'instauration de rencontres mensuelles par visioconférence.
Avec AFP
Il est peu probable que l'OPEP+ décide d'une forte augmentation de sa production, la plupart de ses membres ne remplissant déjà pas les quotas. (AFP)
L'entente conclue au printemps 2020 par l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep) menés par Ryad et leurs alliés conduits par Moscou, pour faire face à la débâcle des prix pendant la pandémie, arrive à sa fin.
Avant une réunion mercredi du groupe Opep+, voici un point sur cet accord, les résultats obtenus et les scénarios pour la suite, dans un environnement bouleversé par la guerre en Ukraine.
Quel était l'objectif ?
En avril 2020, l'Opep+ décide de réduire radicalement sa production de 9,7 millions de barils par jour de brut pour stopper l'effondrement des cours du pétrole en plein cœur de la pandémie de Covid-19.
La recette fonctionne : les prix, tombés en territoire négatif, remontent. Face à la reprise de la demande, l'alliance recommence un an plus tard à rouvrir les vannes, de manière très graduelle.
Elle s'était d'abord donnée jusqu'à avril 2022 pour un retour à la normale, avant de s'accorder quelques mois supplémentaires devant les incertitudes de la pandémie. "Techniquement, l'accord dure jusqu'à la fin de l'année", explique à l'AFP Matthew Holland, analyste géopolitique pour l'institut de recherche Energy Aspects.
Mais le groupe a fini plus tôt que prévu : "en août, il aura remis sur le marché l'ensemble du pétrole qu'il avait décidé de laisser sous terre en 2020", souligne Carsten Fritsch, pour Commerzbank. Du moins, "sur le papier".
Pourquoi les quotas ne sont-ils pas atteints ?
Parmi les pays de l'OPEP+, seuls l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis semblent disposer de capacités de production inutilisées. (AFP)
En réalité, l'alliance échoue régulièrement à remplir ses objectifs.
Le volume de production réel en juin était inférieur d'environ 2,8 millions de barils par jour au niveau convenu par les pays membres, selon l'Agence internationale de l'énergie (AIE), "et il est peu probable que cet écart puisse être réduit de manière significative" à court terme, selon M. Fritsch. Pour Craig Erlam, d'Oanda, il y a "beaucoup de terrain perdu à rattraper".
Crises politiques à rallonge, ou manque d'investissements et d'entretien pendant la pandémie handicapant désormais les infrastructures pétrolières: de nombreux pays du groupe comme l'Angola ou le Nigeria ne peuvent pomper davantage, apparaissant déjà au maximum de leurs capacités.
La production russe, sous le joug des sanctions occidentales en lien avec l'invasion de l'Ukraine, est également diminuée. Seuls l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis semblent disposer de capacités de production inutilisées. Mais Ryad, meneur de facto de l'Opep+, a dit ne pas être prêt à compenser la sous-performance d'autres pays du cartel.
Une telle action, sous la pression des Occidentaux inquiets de la flambée des cours provoquée par la guerre en Ukraine, pourrait en effet "compromettre la poursuite de la coopération avec la Russie", avance Carsten Fritsch.
Qu'attendre de la réunion de mercredi ?
En avril 2020, l'Opep+ décide de réduire radicalement sa production de 9,7 millions de barils par jour de brut pour stopper l'effondrement des cours du pétrole en plein cœur de la pandémie de Covid-19. (AFP)
L'issue de la réunion paraît moins évidente que les précédentes, aux résultats presque systématiquement largement anticipés.
Selon l'expert de Commerzbank, le cartel pourrait décider de relever à nouveau modestement ses objectifs pour septembre afin de "combler l'écart entre la production réelle et les quotas affichés".
Une façon détournée de permettre à l'Arabie saoudite et aux Émirats arabes unis d'augmenter encore leur volume sans violer l'accord, note-t-il.
Dans tous les cas, les analystes tablent tous sur une prolongation de l'accord actuel, qui a permis de stabiliser le marché pendant la pandémie.
Pour Matthew Holland, les membres de l'Opep+ pourraient convenir d'un accord de plusieurs mois jusqu'à la fin de l'année, "pour ensuite convenir de quelque chose de plus long terme en décembre".
L'alliance devrait alors se réunir au siège de Vienne, pour la première fois depuis l'émergence de la Covid-19 qui a consacré l'instauration de rencontres mensuelles par visioconférence.
Avec AFP
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