Selon des militants iraniens, la présidence d'Ebrahim Raïssi a été marquée par une répression tous azimuts, visant à dissuader les Iraniens de contester le régime dans la rue. Face à la crise économique et à la multiplication des catastrophes (inondations, effondrement d'un immeuble...) , la contestation a en effet repris, forçant le régime à recourir à la force afin d' "instiller la peur au sein de la société à des fins de dissuasion". À guise d'exemple, le régime a procédé en juillet à sa première exécution publique depuis plus de deux ans.
Vague d'exécutions d'ampleur inédite depuis des années, arrestations massives de détracteurs de la République islamique, dont des cinéastes renommés : la première année de présidence d'Ebrahim Raïssi a été marquée par une répression tous azimuts, selon des militants iraniens des droits humains.
L'ancien chef ultra-conservateur de l'Autorité judiciaire confirme ainsi les craintes suscitées par son accession au pouvoir en août 2021, succédant au plus modéré Hassan Rohani.
D'autant plus que M. Raïssi et le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, doivent affronter une crise économique aigüe, largement due aux sanctions occidentales visant le programme nucléaire iranien, et une série de catastrophes, dont l'effondrement mortel d'un immeuble à Abadan (Sud) en mai, sur fond d'accusations d'incompétence et de corruption, qui a suscité une contestation inhabituelle.
"La répression actuelle est intimement liée à la multiplication des manifestations", affirme à l'AFP Ali Fathollah-Nejad, spécialiste de l'Iran à l'Université américaine de Beyrouth (AUB).
Des manifestations politiques
Le régime a tiré les leçons de la contestation nationale en décembre 2017 puis en novembre 2019 et, bien que les motivations des manifestations soient d'abord socio-économiques, "elles deviennent rapidement politiques et visent l'ensemble du système", souligne-t-il.
"Les manifestations de rue continuent à représenter une menace pour la stabilité du régime", précise M. Fathollah-Nejad.
L'augmentation du nombre d'exécutions en Iran, qualifiée par Amnesty International de "frénésie", est spectaculaire : elles ont doublé sur le premier semestre par rapport à la même période en 2021, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, qui a recensé 316 pendaisons en 2022.
Le régime a de plus procédé en juillet à sa première exécution publique depuis plus de deux ans.
Parmi les condamnés exécutés cette année figurent 10 femmes, indique IHR, dont trois le même jour, le 27 juillet, toutes pour le meurtre de leur mari.
L'Iran a également repris l'amputation des doigts de condamnés pour vol, un châtiment infligé à au moins deux d'entre eux depuis mai au moyen d'une guillotine spécialement installée à la prison d'Evine, à Téhéran, selon Amnesty.
Dissuader les manifestants
"Les autorités utilisent ces vagues d'exécutions pour instiller la peur au sein de la société à des fins de dissuasion de toute manifestation antigouvernementale", estime le directeur d'IHR, Mahmood Amiry Moghaddam.
La contestation de la peine capitale en Iran - deuxième pays en nombre d'exécutions, juste derrière la Chine - fleurit pourtant sur les réseaux sociaux, exprimée par le hashtag "edam nakon" ("n'exécutez pas").
Une des voix de ce mouvement, le cinéaste Mohammad Rasoulof, lauréat de l'Ours d'or 2020 à Berlin pour son film "Le diable n'existe pas", a été arrêté en juillet pour avoir cosigné en mai une lettre ouverte exhortant les forces de sécurité à "déposer les armes" face à la colère contre "la corruption, le vol, l'incompétence et la répression".
Son camarade Jafar Panahi, étoile du cinéma iranien à l'étranger, venu s'enquérir de son sort, a ensuite été arrêté et envoyé à la prison d'Evine pour y purger une peine de six ans prononcée en 2010.
Des parents se battant pour la libération de victimes de la répression de novembre 2019 se sont également retrouvés derrière les barreaux.
Tara Sepehri Far, chercheuse sur l'Iran à Human Rights Watch (HRW), voit elle aussi dans ces récentes arrestations "des manœuvres cyniques pour dissuader l'expression de l'indignation de la population face aux nombreux échecs du gouvernement", dénonçant "le réflexe répressif des autorités consistant à arrêter des critiques populaires".
Des étrangers pris en otage
Les représentants de la communauté bahaï, plus importante minorité religieuse non musulmane en Iran, dénoncent également une série d'arrestations depuis deux mois.
Par ailleurs, une vingtaine de ressortissants de pays occidentaux, parmi lesquels beaucoup de binationaux dont l'Iran ne reconnaît pas la double nationalité, restent détenus ou bloqués dans le pays, selon le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York.
Les ONG accusent Téhéran de les prendre en otages pour obtenir des concessions des puissances étrangères.
Si plusieurs ont bénéficié ces derniers mois d'aménagements de peine, voire de libérations, ce n'est pas le cas de Jamshid Sharmahd, un dissident irano-allemand capturé en août 2020 dans un pays du Golfe, selon sa famille. Accusé d'implication dans un attentat qui avait fait 14 morts en avril 2008, il est actuellement jugé à Téhéran.
Son procès devrait s'achever dans les prochaines semaines, il encourt la peine capitale.
Avec AFP
Vague d'exécutions d'ampleur inédite depuis des années, arrestations massives de détracteurs de la République islamique, dont des cinéastes renommés : la première année de présidence d'Ebrahim Raïssi a été marquée par une répression tous azimuts, selon des militants iraniens des droits humains.
L'ancien chef ultra-conservateur de l'Autorité judiciaire confirme ainsi les craintes suscitées par son accession au pouvoir en août 2021, succédant au plus modéré Hassan Rohani.
D'autant plus que M. Raïssi et le guide suprême, l'ayatollah Ali Khamenei, doivent affronter une crise économique aigüe, largement due aux sanctions occidentales visant le programme nucléaire iranien, et une série de catastrophes, dont l'effondrement mortel d'un immeuble à Abadan (Sud) en mai, sur fond d'accusations d'incompétence et de corruption, qui a suscité une contestation inhabituelle.
"La répression actuelle est intimement liée à la multiplication des manifestations", affirme à l'AFP Ali Fathollah-Nejad, spécialiste de l'Iran à l'Université américaine de Beyrouth (AUB).
Des manifestations politiques
Le régime a tiré les leçons de la contestation nationale en décembre 2017 puis en novembre 2019 et, bien que les motivations des manifestations soient d'abord socio-économiques, "elles deviennent rapidement politiques et visent l'ensemble du système", souligne-t-il.
"Les manifestations de rue continuent à représenter une menace pour la stabilité du régime", précise M. Fathollah-Nejad.
L'augmentation du nombre d'exécutions en Iran, qualifiée par Amnesty International de "frénésie", est spectaculaire : elles ont doublé sur le premier semestre par rapport à la même période en 2021, selon l'ONG Iran Human Rights (IHR), basée à Oslo, qui a recensé 316 pendaisons en 2022.
Le régime a de plus procédé en juillet à sa première exécution publique depuis plus de deux ans.
Parmi les condamnés exécutés cette année figurent 10 femmes, indique IHR, dont trois le même jour, le 27 juillet, toutes pour le meurtre de leur mari.
L'Iran a également repris l'amputation des doigts de condamnés pour vol, un châtiment infligé à au moins deux d'entre eux depuis mai au moyen d'une guillotine spécialement installée à la prison d'Evine, à Téhéran, selon Amnesty.
Dissuader les manifestants
"Les autorités utilisent ces vagues d'exécutions pour instiller la peur au sein de la société à des fins de dissuasion de toute manifestation antigouvernementale", estime le directeur d'IHR, Mahmood Amiry Moghaddam.
La contestation de la peine capitale en Iran - deuxième pays en nombre d'exécutions, juste derrière la Chine - fleurit pourtant sur les réseaux sociaux, exprimée par le hashtag "edam nakon" ("n'exécutez pas").
Une des voix de ce mouvement, le cinéaste Mohammad Rasoulof, lauréat de l'Ours d'or 2020 à Berlin pour son film "Le diable n'existe pas", a été arrêté en juillet pour avoir cosigné en mai une lettre ouverte exhortant les forces de sécurité à "déposer les armes" face à la colère contre "la corruption, le vol, l'incompétence et la répression".
Son camarade Jafar Panahi, étoile du cinéma iranien à l'étranger, venu s'enquérir de son sort, a ensuite été arrêté et envoyé à la prison d'Evine pour y purger une peine de six ans prononcée en 2010.
Des parents se battant pour la libération de victimes de la répression de novembre 2019 se sont également retrouvés derrière les barreaux.
Tara Sepehri Far, chercheuse sur l'Iran à Human Rights Watch (HRW), voit elle aussi dans ces récentes arrestations "des manœuvres cyniques pour dissuader l'expression de l'indignation de la population face aux nombreux échecs du gouvernement", dénonçant "le réflexe répressif des autorités consistant à arrêter des critiques populaires".
Des étrangers pris en otage
Les représentants de la communauté bahaï, plus importante minorité religieuse non musulmane en Iran, dénoncent également une série d'arrestations depuis deux mois.
Par ailleurs, une vingtaine de ressortissants de pays occidentaux, parmi lesquels beaucoup de binationaux dont l'Iran ne reconnaît pas la double nationalité, restent détenus ou bloqués dans le pays, selon le Centre pour les droits humains en Iran (CHRI), basé à New York.
Les ONG accusent Téhéran de les prendre en otages pour obtenir des concessions des puissances étrangères.
Si plusieurs ont bénéficié ces derniers mois d'aménagements de peine, voire de libérations, ce n'est pas le cas de Jamshid Sharmahd, un dissident irano-allemand capturé en août 2020 dans un pays du Golfe, selon sa famille. Accusé d'implication dans un attentat qui avait fait 14 morts en avril 2008, il est actuellement jugé à Téhéran.
Son procès devrait s'achever dans les prochaines semaines, il encourt la peine capitale.
Avec AFP
Lire aussi
Commentaires