Face à Israël, l'Iran jongle entre menaces et mains tendues dans la région
Iran's Supreme Leader Ayatollah Ali Khamenei greeting slain Hamas leader Yahya Sinwar in Tehran on February 12 2012. ©AFP PHOTO / HO / KHAMENEI.IR

Menaces contre Israël et consultations diplomatiques intensifiées pour éviter une escalade : l'Iran joue sur la tension et la détente alors que son ennemi juré promet de le faire payer pour l'attaque du 1er octobre.

Le 1er octobre, Téhéran a lancé environ 200 missiles sur l'État d'Israël, affirmant agir en représailles à des frappes israéliennes au Liban qui ont coûté la vie, fin septembre, à un général iranien ainsi qu'à Hassan Nasrallah, le chef du Hezbollah.

L'Iran a également exprimé son désir de venger l'assassinat, attribué à Israël, d'Ismaïl Haniyeh, ancien chef du Hamas.

Le ministre israélien de la Défense, Yoav Gallant, a averti que la riposte d'Israël aux frappes iraniennes serait "mortelle, précise et surprenante".

"Si vous commettez une erreur et attaquez nos cibles, que ce soit dans la région ou en Iran, nous frapperons à nouveau douloureusement", a déclaré le général Hossein Salami, chef des Gardiens de la Révolution.

Le général Mohammad Bagheri, chef d'état-major des forces armées iraniennes, a affirmé que "l'ennemi sioniste doit savoir qu'il approche de la fin de sa misérable existence", qualifiant Israël de "tumeur cancéreuse".

Depuis la Révolution islamique de 1979, l'Iran ne reconnaît pas l'État d'Israël et a fait du soutien à la cause palestinienne un pilier de sa politique étrangère.

"Aventurisme"

Parallèlement, le ministre iranien des Affaires étrangères, Abbas Araghchi, mène une intense campagne diplomatique pour renforcer les positions de son pays. En l'espace de deux semaines, il a visité neuf capitales et s'est entretenu, mardi, avec le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres.

"On ne peut pas dire que les positions de l'Iran soient contradictoires", a déclaré à l'AFP le politologue iranien Ahmad Zeidabadi, expert en relations internationales basé à Téhéran. Il a souligné que le chef de la diplomatie iranienne "répète les propos des militaires", affirmant que si Israël attaque, "l'Iran répondra douloureusement".

Le ministre a également affirmé que l'Iran est "totalement prêt pour la guerre". Sa mission consiste à "réduire l'escalade", tout en posant la question "de savoir par quel mécanisme".

Une semaine après la mort de Hassan Nasrallah à Beyrouth, le chef de la diplomatie iranienne était au Liban, son premier déplacement après les frappes iraniennes contre Israël. Il s'est ensuite rendu en Syrie, un pays stratégique pour l'approvisionnement en armes du Hezbollah, soutenu par l'Iran.

"Créer la paix"

Ces visites début octobre "ont permis de réitérer l'engagement de l'Iran à soutenir ses alliés de l'axe de la résistance", a déclaré à l'AFP le politologue iranien Hamidreza Azizi, de l'institut Middle East Council.

Un signe de ce soutien indéfectible : le président du Parlement iranien, Mohammad-Bagher Ghalibaf, a pris les commandes de l'avion qui l'emmenait au Liban pour transmettre un message du guide suprême iranien, malgré les frappes aériennes quotidiennes d'Israël sur ce pays.

L' "axe de la résistance" comprend le Hamas palestinien, le Hezbollah libanais, les rebelles Houthis du Yémen et des milices en Irak, tous alignés sur l'Iran et en lutte contre Israël.

Le quotidien officiel Iran a noté que "le ministre des Affaires étrangères cherche à rapprocher de toute urgence la politique de l'Iran et celle des pays arabes" afin de "réduire l'aventurisme militaire des dirigeants israéliens", soulignant que ces efforts diplomatiques visent à "créer la paix et à mettre fin aux crimes d'Israël".

Lors de sa tournée, M. Araghchi a également visité l'Arabie saoudite, dont les relations avec l'Iran se sont considérablement améliorées l'an dernier, ainsi que le Qatar, l'Irak et le sultanat d'Oman, souvent considéré comme un intermédiaire pour des pourparlers indirects avec les États-Unis.

Le ministre s'est ensuite rendu en Jordanie, où les relations avec Téhéran sont compliquées, puis en Égypte, marquant la première visite d'un chef de la diplomatie iranienne dans ce pays depuis 2013. Il était en Turquie vendredi.

Selon Ahmad Zeidabadi, "l'Iran souhaite que les pays arabes se détournent de l'axe israélien", après des années de rapprochement entre Israël et plusieurs capitales régionales.

(AFP)

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