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Le problème avec les analyses journalistiques, c’est qu’elles sont basées sur des données publiques, contextualisées par des auteurs qui n’ont pas forcément accès aux décisions prises au sommet par les belligérants. C’est d’ailleurs tout à fait normal, sinon nous ferions des communiqués et pas de l’analyse. Mais l’exercice est frustrant. Voilà donc qu’après l’élimination de Yahya Sinouar à Gaza, beaucoup pensaient que l’heure était venue aux négociations.
Les choses étaient claires. Après la mort du cerveau de l’attaque du 7 octobre, l’opinion publique israélienne allait faire pression sur son gouvernement afin de conclure un cessez-le-feu et ramener les otages. Les dirigeants occidentaux, qui ont salué à l’unanimité cette action, rajoutant dans la foulée que le temps était venu d'arrêter la guerre, avaient la même lecture que les journalistes. Trop simple. Il semble que le Premier ministre israélien n’ait aucune intention de s’arrêter, alors qu’il gagne sur tous les fronts. Classique, me direz-vous. Le Hezbollah a remis une pièce dans la machine en envoyant un drone frapper le quartier résidentiel où habite Benjamin Netanyahou. L’affaire était entendue: oublié Sinouar, place à un nouveau cycle de violences. La banlieue sud de Beyrouth frappée à nouveau, des dizaines de missiles lancés sur Israël, des morts, des destructions…
Fait intéressant, les Iraniens sont directement accusés d’avoir voulu tuer le Premier ministre israélien et sa famille. Cela promet, en toute logique, des actions de vengeance. La riposte se prépare. Mais à un moment donné, les Iraniens, bien que rusés comme des Perses qu’ils sont, devront sortir du bois et assumer leur statut de parrain de ces guerres qui ne touchent pas leur territoire. En toute logique aussi, la riposte commencera au Liban, pays sans souveraineté où les députés sont invités à élire mardi des membres de commissions, comme si nous étions en Norvège. Élire un président, par contre? Pour quoi faire? Où est l’urgence? Bref, une incroyable cacophonie dans laquelle tout le monde navigue à vue. Sans boussole.
À noter tout de même la saillie courageuse du gouvernement libanais. Le Premier ministre a remis à sa place le président du Parlement iranien, qui pérorait sur des discussions diplomatiques concernant le Liban, sans que le pays martyrisé n’y soit associé.
Monsieur Ghalibaf s’est pris… une baffe. Bien méritée, il faut le reconnaître. Monsieur Mikati l’a prié de s’occuper de ses pistaches et de sa propre résistance, largement invisible depuis un an.
Ce samedi, le G7 a appelé l’Iran à arrêter son soutien au Hamas et au Hezbollah. Le Secrétaire d'État américain revient dans la région mardi. Même Tom Cruise refuserait une telle mission impossible.
À chaque fois, la diplomatie a un temps de retard. Les Américains demandent une nouvelle fois d’épargner Beyrouth, avec le succès que l’on voit.
Dernier développement en date, Donald Trump a esquissé le profil du «nouveau Proche-Orient» s’il était élu. Il parle de prospérité dans la région et prévoit pour le Liban une ère de paix. Il en aurait probablement les moyens.
D’ici là, ça va être long, très long, très, très long. Pauvre Liban.
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