En Arabie saoudite, un forum d'investisseurs sur fond de tensions au Moyen-Orient
Le prince héritier d'Arabie saoudite Mohammed bin Salman regarde pendant sa rencontre avec le secrétaire d'État américain à Riyad, le 23 octobre 2024. ©Nathan Howard / POOL / AFP

Hommes d'affaires et dirigeants d'entreprises du monde entier se retrouvent mardi en Arabie saoudite pour un important forum d'investisseurs, sur fond de craintes d'un embrasement régional et de doutes persistants quant à la viabilité des ambitieux projets du royaume du Golfe.

Plus de 7.000 personnes sont attendues à Ryad pour la huitième édition de la Future Investment Initiative (FII), parmi lesquelles le patron de TikTok, Shou Zi Chew, et les dirigeants de Citigroup et de Goldman Sachs.

La FII, surnommée le "Davos du désert", a été lancée en 2017 pour servir de vitrine à l'ambitieux programme de réformes Vision 2030 du prince héritier et dirigeant de facto du pays, Mohammed ben Salmane, visant à réduire la dépendance du premier exportateur mondial de pétrole aux combustibles fossiles.

Les travaux, qui dureront trois jours, devraient une nouvelle fois être dominés par le conflit au Moyen-Orient.

L'année dernière, le forum s'était tenu quelques semaines après l'attaque du Hamas en Israël qui a déclenché la guerre à Gaza, les intervenants avaient mis en garde contre les conséquences économiques d'une expansion du conflit.

Un an plus tard, ces inquiétudes se sont concrétisées, alors qu'Israël est en guerre contre le Hezbollah au Liban et échange des tirs de missiles avec l'Iran.

"La nature prolongée de la guerre Israël-Gaza, la nouvelle invasion du Liban, et les inquiétudes sur une escalade du conflit à l'échelle régionale" seront au cœur des discussions, affirme à l'AFP Robert Mogielnicki, du Arab Gulf States Institute à Washington.

Ryad a réussi à rester à l'écart du conflit, mais "il est très difficile de trouver un aspect positif au conflit qui ravage le Moyen-Orient", dit-il.

Pour l'organisateur du forum, le célèbre publicitaire Richard Attias, la réunion n'est pas censée se concentrer sur la "politique", mais plutôt sur des investissements d'envergure "pour construire un monde meilleur".

"Nous sommes une plateforme indépendante et nous ne voulons pas être, excusez-moi l'expression, pollués par des événements politiques", a-t-il déclaré lors d'une conférence de presse à Ryad mi-octobre.

"Je fais la programmation d'événements depuis 35 ans et j'ai appris une chose: le spectacle doit continuer", a ajouté l'ancien organisateur du Forum économique mondial à Davos, en Suisse.

"Sceptiques" 

La FII se tient aussi au moment où la monarchie du Golfe cherche à mettre en avant les progrès réalisés dans la mise en œuvre des projets phares de son programme de réforme, notamment Neom, une mégapole futuriste en construction dans le nord-ouest du pays, devant être dotée d'une station de ski et de deux gratte-ciels de 170 kilomètres de long.

Alors que les autorités semblent avoir réduit leurs objectifs en terme de taille et de population pour ce projet, Neom a annoncé dimanche l'ouverture de sa première "vitrine physique": Sindalah, une station balnéaire de luxe sur la mer Rouge.

"Il y avait tellement de scepticisme concernant Neom dans les médias occidentaux que les Saoudiens devaient faire quelque chose pour montrer leur sérieux", explique à l'AFP Jim Krane de l'université Rice au Texas (Etats-Unis).

"L'ouverture anticipée de Neom vise probablement à embarrasser ses détracteurs, en affirmant au monde que l'Arabie saoudite avance. C'est un message à l'intention des sceptiques", dit-il.

Le ministre des Finances, Mohammed al-Jadaan, a déclaré en mai que les "chocs", y compris la guerre à Gaza, avaient poussé les responsables de Vision 2030 à "réévaluer" certains de ses aspects.

En décembre, il a indiqué que le calendrier de certains projets majeurs serait repoussé au-delà de 2030, sans préciser lesquels, tout en affirmant que d'autres seraient accélérés.

L'Arabie saoudite, premier exportateur de brut au monde, a mené depuis 2022 une série de coupes de production pour soutenir les cours. Sa production s'élève aujourd'hui à environ neuf millions de barils par jour (bpj), bien en deçà de sa capacité déclarée de 12 millions de bpj.

Le mois dernier, le ministère des Finances a dit s'attendre à un déficit budgétaire d'environ 2,3% du Produit intérieur brut (PIB) en 2025 en raison de la hausse des dépenses et la baisse des recettes pétrolières.

Et les engagements supplémentaires de dépenses continuent de s'accumuler pour des événements tels que l'Expo 2030 et la Coupe du Monde de 2034, pour laquelle l'Arabie saoudite est le seul candidat.

AFP

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