L'exposition Caminante d'Alida Torbay au MACAM plonge le spectateur dans une exploration artistique de l'identité et de la liberté. À travers sculptures et installations, elle questionne l'évolution du monde et de l'être humain.
Alida Torbay, artiste libano-vénézuélienne multidisciplinaire, présente l'exposition intitulée Caminante au MACAM (Modern And Contemporary Art Museum), après l’Institut Cervantes de Beyrouth. Inspirée du poème Caminante d'Antonio Machado, Alida Torbay célèbre le voyage de l'individu à travers la vie, incarnant l'idée que "le chemin se crée en marchant".
"Caminante, no hay camino, se hace camino al andar" ("Marcheur, il n’y a pas de chemin, le chemin se fait en marchant"). Ces mots de Machado inspirent Alida Torbay à entreprendre une odyssée artistique explorant la nature même de l’existence. L’œuvre se dévoile comme un miroir d’une introspection sur l’évolution du monde. Alida Torbay puise dans ses voyages et rencontres, invitant chacun à s’interroger sur son propre chemin de vie.
Angelo Gioè, actuel directeur de l’Institut culturel italien de Beyrouth, est le commissaire de cette exposition. L’exposition Caminante mêle sculptures en bronze et résine, ainsi qu’installations symbolisant la dynamique du voyage. À l’entrée, une installation sonore accueille le public avec le poème Caminante, lu en arabe par l’acteur Rifaat Torbey et en espagnol par Angelo Gioè.
Tout au long du parcours, des sculptures en résine illustrent visuellement le cheminement humain, avec de gigantesques pas marquant la progression de l’individu à travers le monde. Des statues en bronze occupent également la salle, chacune avec sa propre symbolique: une figure assise sur un banc avec une valise ouverte représente l’émigrée; une autre sculpture, Fille avec des ballons, incarne le rêve et la légèreté; tandis que Femme avec un masque rappelle la dualité de l’identité, symbolisée par les masques que nous portons au fil de la vie.
Les visiteurs découvrent une vingtaine de sculptures, anciennes et nouvelles, dont trois pièces majeures. Le Marcheur, intégrant une vidéo en son cœur, explore la complexité de notre identité façonnée par les masques. Deux mariées, l’une en blanc et l’autre en noir, reflètent respectivement la décomposition de la nature, l’aspiration à la différence et la lutte pour la liberté, face aux défis de notre époque : dogmes religieux, démocraties en péril, nouvelles dictatures, et technologie déshumanisante. Alida Torbay rappelle l’importance de défendre nos démocraties et libertés, menacées si nous ne les protégeons pas activement. Pour l’artiste, "physiquement et techniquement, émerge le surhomme surdimensionné, oublieux de sa dimension spirituelle, morale et éthique. Comment survivre sans humanisme?"
Caminante est une exposition et une odyssée artistique qui transporte le spectateur à travers les émotions et expériences marquantes de l’artiste, une exploration visuelle et sensorielle. À travers des sculptures en bronze et en résine, des installations immersives et des vidéos évocatrices, elle nous guide dans un voyage introspectif, nous invitant à réfléchir sur notre propre parcours. Pour Angelo Gioè: "La condition du ‘Caminante’ est la condition biologique primaire, inéluctable, de notre être humain. Marcher nous transforme, nous rend humains, dénoue nos nœuds, lubrifie nos pensées, active nos organes, nous grandit."
Au cœur de Caminante se trouvent des thèmes universels: identité, passage du temps, liberté et condition humaine. S’inspirant des mots intemporels de Machado, Alida Torbay explore l’âme humaine, invitant à un regard neuf et une réflexion sur notre place dans le monde et les valeurs qui nous animent. Dans un monde en perpétuel mouvement où les certitudes se fragilisent, Caminante propose un espace de contemplation, permettant une reconnexion à l’essentiel et à l’authenticité, dans une quête artistique nourrissant esprit et sens. Une performance de danse contemporaine, spécialement créée par le Beirut Physical Lab, a inauguré cette exposition.
Sur l’artiste
Alida Torbay enrichit son œuvre de la richesse de son parcours. Après des études de droit à l’Université Saint-Joseph de Beyrouth, elle entame sa carrière d’avocate. En 1989, elle quitte le Liban pour étudier la bioéthique à l’Université de Barcelone et la philosophie à l’Université Simón Bolívar de Caracas. Après avoir dirigé une compagnie de représentation médicale, et soutenu Milbermar, un projet social et médical à Los Teques, elle quitte le Venezuela en 2015 et devient citoyenne du monde, une vraie "Caminante".
Son aventure artistique débute dans les années 2000 au Venezuela, où elle étudie la sculpture au Musée d'Art Contemporain de Caracas. Elle découvre alors une passion pour l’art sculptural, explorant des techniques et des expressions artistiques qui marqueront son œuvre future. Ses créations, centrées sur les thèmes de l’identité, de la liberté et de la condition humaine, reflètent ses réflexions profondes et son engagement artistique envers la beauté et la vérité.
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