Offensive israélienne: en chiffres, les pertes colossales au Liban

Selon la Banque mondiale, une contraction de 25% du PIB du Liban est prévue en 2024.

Depuis le début du conflit entre Israël et le Hezbollah, le 8 octobre 2023, le Liban a subi des pertes humaines et économiques colossales révélant la fragilité d’un pays aux prises avec des défis politiques et économiques majeurs. Les conséquences de ce conflit se font sentir dans tous les secteurs. 

Contacté par Ici Beyrouth, l’expert financier et économique, Khalil el-Khoury, indique que la Banque mondiale (BM) prévoit une contraction du PIB du Liban d’environ 25% en 2024. “Avec un PIB d’environ 19,1 milliards de dollars en 2023, une contraction de 25% équivaut à une perte d’environ 4,775 milliards de dollars”, précise-t-il.

M. El-Khoury note que les secteurs clés comme le tourisme, l’agriculture, l’industrie et le commerce devraient subir des déclins significatifs. Il rappelle ainsi qu’en 2023, le secteur du tourisme avait généré environ 7 milliards de dollars. “Pour 2024, les revenus projetés sont d’environ 3 milliards de dollars, ajoute-t-il, ce qui représente une perte significative de 4 milliards de dollars.”

Pour ce qui est de l’infrastructure, les dommages causés sont considérables. Selon M. El-Khoury, “le coût de la réhabilitation varie entre 3,8 milliards et 4,6 milliards de dollars”.

De même, la fermeture de certains postes-frontières et la perturbation des routes commerciales ont entraîné une baisse de 21% de l’activité commerciale. “Cela provoque des pertes d’environ 4 milliards de dollars en valeur commerciale, étant donné que le volume total des échanges commerciaux du Liban était d’environ 19 milliards de dollars en 2023”, estime M. El-Khoury.

Par ailleurs, il a affirmé que la crise humanitaire affecte environ 3,7 millions de personnes, en prenant en considération les déplacés par la crise actuelle et les couches les plus vulnérables de la population, en raison des défis économiques et sociaux à long terme. “Le coût de l’aide et du soutien à ces personnes est substantiel, dit M. El-Khoury. Près de 250 millions de dollars par mois sont nécessaires pour répondre à leurs besoins de base, soit environ 3 milliards de dollars par an.”

Énergie et eau: 320 millions de dollars de dommages

Concernant les secteurs hydraulique et énergétique, le ministre sortant de l’Énergie et de l’Eau, Walid Fayad, a souligné, à Ici Beyrouth, que selon des estimations préliminaires, le coût des dégâts s’élève, à ce jour, à environ 480 millions de dollars: 320 millions de dollars de pertes pour l’énergie et environ 160 millions de dollars pour l’eau.

Il a expliqué que les coûts du secteur énergétique étaient répartis en quatre points. Premièrement, le coût du renforcement des services institutionnels qui est estimé à environ 33 millions de dollars, le déplacement massif de populations ayant entraîné une augmentation du coût du chauffage, de l’électricité et du carburant pour approvisionner les centres d’hébergement. Deuxièmement, les coûts du renforcement de l’infrastructure électrique qui sont évalués à près de 60 millions de dollars. Ceux des dégâts sur les infrastructures, les réseaux, les stations électriques et autres se sont élevés à environ 100 millions de dollars, alors que les pertes de revenus résultant du non-paiement des factures se chiffrent à environ 100 millions de dollars.

Au niveau de l’approvisionnement en fuel, M. Fayad a rappelé que le Liban bénéficiait du soutien de l’Irak. Il a précisé, à cet égard, que le gouvernement œuvrait à renouveler l’accord avec l’Irak pour un an, en vertu duquel Bagdad fournit du carburant aux centrales électriques libanaises, à des conditions avantageuses pour le pays du Cèdre, et à augmenter la quantité fournie à deux millions de tonnes.

Il y a lieu de souligner que ces chiffres sont appelés à augmenter tant qu’un cessez-le-feu n’est pas instauré et que les frappes israéliennes se poursuivent, avec la même intensité.

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