Le Liban, pays au potentiel économique certain, traverse depuis plusieurs années une période marquée par des conflits et des crises socio-économiques. Au-delà des pertes humaines et matérielles découlant de ces événements, il est essentiel de s'interroger sur les opportunités manquées qui auraient pu transformer le paysage du pays et le repositionner sur l’échiquier économique régional.
La guerre en cours entre Israël et le Hezbollah a de lourdes répercussions sur le Liban, affectant à la fois sa stabilité politique et son développement économique. Au-delà des pertes humaines et matérielles, les opportunités manquées qui auraient pu transformer le paysage du pays sont conséquentes. Contrairement aux pertes mesurables, ces occasions manquées sont autant de possibilités de développement, d’investissement et de croissance qui n’ont jamais vu le jour.
Ainsi, le Liban, déjà en proie à une grave crise économique, a perdu des opportunités d’investissement et de croissance essentielles en raison de son contexte politique et économique instable. Le pays a malheureusement souvent raté des “occasions de…” et continue de le faire. Cette situation résulte en grande partie de la profonde léthargie dont souffrent les institutions étatiques depuis de nombreuses années, empêchant la mise en œuvre de réformes structurelles et de mesures concrètes pour lutter contre la corruption. À cela s'ajoutent les retombées des crises politiques et économiques récentes.
L’instabilité a en effet dissuadé les investisseurs étrangers, limitant l'entrée de capitaux qui auraient pu soutenir le développement économique. De même, le potentiel touristique immense du Liban a été entravé, la guerre décourageant les touristes, privant ainsi le pays de revenus importants et d'emplois. Le pays du Cèdre aurait pu devenir une destination touristique majeure.
Les tensions géopolitiques ont également freiné les initiatives de coopération entre le Liban et d'autres pays de la région, entravant des projets d'infrastructure et des accords commerciaux. Par ailleurs, le manque de sécurité a retardé des projets cruciaux, tels que les routes, les ports et l’approvisionnement en électricité, qui auraient pu stimuler l’économie. Enfin, bien que le Liban ait le potentiel de devenir un hub technologique au Moyen-Orient, l’instabilité a limité l’implantation de start-ups et d'entreprises innovantes.
10% de croissance d’opportunités perdues
Pour l’économiste en chef de la banque Byblos, Nassib Ghobril, l'intensification des bombardements au Liban depuis septembre dernier a entraîné des opportunités perdues pour l’économie libanaise. Au cours des neuf premiers mois de 2023, l’activité économique était suffisamment solide pour anticiper une croissance de 2% avant le 8 octobre. Les prévisions pour 2024, basées sur cette dynamique, tablaient sur une croissance de 3%. Toutefois, la guerre a créé un choc négatif sur l’économie et sur la confiance des acteurs économiques. M. Ghobril estime que les opportunités perdues en 2023 représentent environ 1% de la croissance.
Au début de 2024, il n’existait aucune perspective, mais M. Ghobril estime que, jusqu’à fin juillet, l’économie libanaise se dirigeait vers une contraction de 1%. Or, avec la détérioration de la situation à partir de la mi-septembre, il prévoit une contraction de 6 à 7% pour 2024. Ainsi, les opportunités perdues pour l’économie libanaise se chiffrent à environ 10% en tenant compte de la différence entre les prévisions de croissance de 3% pour 2024 et cette contraction prévue. Si l’on ajoute le 1% d’opportunités perdues en 2023, on peut conclure que, sur les deux années en question, les opportunités perdues représentent 11% de croissance.
M. Ghobril souligne, par ailleurs, qu’il est encore trop tôt pour établir des prévisions pour 2025, en raison du manque de données, la plus importante étant liée à la fin de la guerre. Ces opportunités perdues illustrent les défis auxquels le Liban est confronté et soulignent l’urgence d’une stabilisation durable pour réaliser son potentiel. Malgré ses richesses, le Liban souffre d’un manque de vision et de stabilité, entravant ainsi sa capacité à se positionner sur la scène régionale et internationale.
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