L’État impotent

Il est grand temps que les dirigeants au pouvoir adoptent une posture de véritables hommes d'État et que les forces en place fassent preuve de réalisme en reconnaissant courageusement que leurs actions n'ont jamais été dans l'intérêt du Liban et des Libanais.

Comment peut-on accepter qu'un pays soit plongé dans une guerre dévastatrice depuis plus d'un an, tandis que l'État se révèle impuissant à engager une action sérieuse pour instaurer un cessez-le-feu? Malgré les avertissements multiples, le Liban s’enfonce chaque jour davantage dans la destruction, l’effondrement économique, les pertes humaines et le déplacement de ses habitants.

Certains pourraient s'interroger: “Que peut faire un État aussi fragmenté, incapable de prendre des décisions cruciales concernant la guerre? Comment peut-il résister face à un ennemi déterminé à poursuivre cette guerre?” Ces questions sont légitimes, mais le véritable enjeu réside dans la compréhension des raisons qui ont conduit l’État à cet état d’impuissance.

Éviter d'explorer le passé ne saurait pourtant exonérer ceux qui, depuis deux ans au moins, portent leur part de responsabilité dans ce marasme.

Dans ce contexte, pourquoi le pays est-il sans président de la République depuis deux ans? Aurait-il été si périlleux d'élire un homme d'État véritable et de former un gouvernement prêt à assumer ses responsabilités? Comment en sommes-nous arrivés à être entraînés dans une guerre dont personne ne peut prédire l'issue?

Alors que la situation est catastrophique, les dirigeants et les forces en place n'ont en rien changé leur comportement vis-à-vis du Liban et des Libanais. L'indifférence, le déni et l'arrogance persistent, permettant ainsi à l'ennemi d'agir à sa guise, tandis que les Libanais, incertains de leur avenir, se dispersent aux quatre coins du pays et du monde.

Il est impératif que ces dirigeants agissent en véritables hommes d'État et reconnaissent que leurs actions n'ont jamais servi les intérêts du Liban ni ceux de son peuple. Il leur incombe d’abandonner leurs ambitions personnelles et leurs craintes pour affirmer que le pays n’est sous l’emprise d’aucune autorité extérieure. Ils doivent défendre leur propre dignité ainsi que celle de l’État.

Les forces en place doivent saisir que leur sécurité, ainsi que celle de leur base, repose uniquement sur un État qui incarne la légitimité, la loi et la Constitution. Cette triade, appliquée avec rigueur, est la seule voie pour redonner au Liban une stabilité et une sécurité dont il a désespérément besoin, pour enfin se libérer des projets infructueux qui l'épuisent depuis la Nakba de la Palestine jusqu'à aujourd'hui.

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