Depuis le début du conflit entre le Hezbollah et Israël, les Libanais vivent dans la hantise de se retrouver d’une minute à l’autre sans Internet et, par conséquent, coupés du monde, si les bombardements venaient à toucher les stations de relais. Le point avec le ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm.
A l’heure où tout le monde est désormais “connecté”, le Liban craint pour son réseau Internet. En effet, le ministre sortant des Télécommunications, Johnny Corm, ne s’est pas montré très rassurant et a mis en garde contre le danger qui guette Internet au Liban. Il a ainsi expliqué à Ici Beyrouth que “l’espace aérien libanais est ouvert et que les Israéliens s’y déplacent à leur guise, ce qui menace la cybersécurité du pays et les stations de relais”. Il a indiqué d’ailleurs qu’à ce jour, 175 stations de l’opérateur de téléphonie mobile Touch sont hors service, dont 9 complètement détruites et 11 plus ou moins gravement touchées, tandis que 161 stations de l’opérateur Alfa sont hors service. Il a précise que “les stations détruites se situent dans la banlieue-sud de Beyrouth, le Liban-Sud et la Békaa”. Pour ce qui est d'Ogero, environ une trentaine de stations ont été détruites.
Il a par ailleurs révélé avoir proposé à Microsoft de mettre Teams sur la liste blanche afin que les professeurs et les élèves du secteur public puissent y accéder sans Internet, en s’identifiant par leurs numéros de téléphone. M. Corm a assuré travailler sur ce mécanisme.
Par ailleurs, dans le but d’améliorer le service aux citoyens au Liban, il a affirmé avoir envoyé une décision au Conseil des ministres pour doubler la vitesse et la qualité d'Internet, selon l’offre qui était en vigueur pendant la période de la pandémie de Covid-19.
Quant au système Starlink, un service Internet par satellite fourni par SpaceX, M. Corm a déclaré que les discussions se poursuivent, mais qu'il existe encore de nombreux obstacles. “Il nous manque d’abord l’accord et l’appui des agences de sécurité libanaises pour pouvoir continuer les négociations”, indique le ministre qui tient à obtenir un accord écrit de ces dernières.
De plus, il a affirmé que l’entreprise Starlink a changé certains termes et conditions de l’accord: Starlink voudrait stocker les données en Allemagne ou au Qatar. C’est-à-dire qu’en cas de problèmes sécuritaires, le Liban devra les réclamer à ces pays pour y avoir accès. M. Corm estime que cela est “délicat”, et il attend l’aval des services de sécurité libanais concernés.
Par ailleurs, Starlink, qui devait s’acquitter d’une licence au Liban estimée entre 500.000 et un million de dollars, ne veut plus payer que 30.000 dollars. De plus, malgré un accord avec le ministère pour mettre en place des frais additionnels de 30 dollars par abonnement pour soutenir le secteur et le fournisseur public de téléphonie et d’internet Ogero, elle ne souhaite pas concéder plus de 1,5 dollar, sans toutefois changer le prix que l’abonné devrait payer, estimé à environ 50 dollars.
Le ministre avoue que le chemin est pavé d’obstacles et de complications, mais souligne qu’il attend l’accord des agences sécuritaires pour présenter une contre-offre. Il a par ailleurs indiqué que son ministère a travaillé très dur et déployé de grands efforts tout au long de la période écoulée pour assurer Internet dans le pays via Starlink.
Il convient de rappeler, dans ce cadre, que Starlink repose sur 3.200 satellites placés en orbite autour de la Terre, permettant aux utilisateurs de se connecter à Internet sans avoir besoin d’infrastructures telles que des câbles ou des lignes téléphoniques. C'est aussi le premier fournisseur d'Internet par satellite à utiliser cette orbite au lieu du géostationnaire, car elle permet de diminuer le temps de réponse de 600 ms à environ 20 ms pour un million de clients dans quelque cinquante pays.
Johnny Corm précise tout de même que le ministère poursuit ses efforts pour assurer une connexion Internet à travers d’autres satellites tels que SES et One web, parce que “nous voulons offrir des alternatives aux Libanais”.
Commentaires